Cette semaine tour d’horizon en Ukraine où les feux ravagent les alentours de Tchernobyl avant de nous rendre à Bruxelles, où BlackRock est au coeur d’une nouvelle controverse.
Un article rédigé par Clara Paris.
Tchernobyl en proie aux flammes : le risque radioactif ?
Depuis le samedi 4 avril, un important feu de foret sévit autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Les autorités ukrainiennes affirment que l’incendie est controlé depuis le 14 avril. Pourtant, ces feux de foret ont relâché des particules radioactives dans l’air.
Un incendie sans précédent…
Pendant que le monde surveille de près la pandémie de coronavirus, Tchernobyl prend feu. Tristement célèbre pour avoir abrité la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire, la ville ukrainienne est ravagée par les flammes depuis une dizaine de jours. Ces feux n’ont rien d’anormal en cette période, mais la sécheresse et les vents inhabituels ont accentué le phénomène et ont favorisé la rapide propagation de l’incendie. Fort heureusement, les pompiers et l’arrivée de la pluie ont évité que les feux ne touchent la centrale et le réacteur accidenté. Entre le 4 et le 16 avril, on estime que ce sont 35 700 hectares de forêt qui sont partis en fumée. Un constat d’autant plus inquiétant que les éléments radioactifs, encore présents dans la zone d’exclusion, sont mis en suspension dans l’air.
Mais sans risque sanitaire ?
Cet incendie d’une ampleur sans précédent inquiète les ONG. En effet, la possibilité que ces particules radioactives contaminent d’autres territoires préoccupent les associations. À Kiev des taux élevés et inhabituels de pollution atmosphérique ont été recensés. La présence de césium 137 a été multipliée par 700 dans la capitale ukrainienne. La dangerosité de cet élément radioactif est encore à prouver. Des chercheurs russes ont émis l’hypothèse qu’il pourrait être à l’origine de crise cardiaque. Mais ces travaux ne trouvent pas de consensus au sein de la communauté scientifique internationale.
Ces hausses ne devraient pas avoir d’influence sur la santé des habitants. En effet, les autorités ukrainiennes ont déclaré que les villes voisines n’étaient pas en danger et que les risques étaient négligeables. Ces fumées d’incendie se sont également propagées en Europe. La Roumanie, la Bulgarie mais aussi la France ont été touchés par ces nuages de fumée radioactive. La France n’a pas, à ce jour, enregistré de hausse de radioactivité dans l’air.
BlackRock, nouveau conseiller financier de la Commission européenne
Coup de théâtre à Bruxelles. Le 8 avril dernier, BlackRock a été désigné par la Commission européenne pour mener une étude sur les différents aspects de la finance verte. Une décision fustigée par 85 eurodéputés qui ont adressé, le 17 avril, un lettre à la médiatrice européenne dénonçant des conflits d’intérêt.
Un fond d’investissement pas très eco friendly
Le premier gestionnaire d’investissement mondial est devenu l’un des proches conseillers de l’organe exécutif de l’Union européenne en matière de finance verte. En effet, la multinationale américaine a remporté l’appel d’offre de la Commission. BlackRock doit élaborer des propositions sur la manière d’intégrer les « critères environnementaux, sociaux et de gouvernance » dans les stratégies des grandes banques. Pourtant, BlackRock est loin d’être irréprochable en matière d’environnement ! La multinationale américaine investit massivement dans l’énergie fossile. En effet, BlackRock possède 87 milliards de dollars d’actifs dans les compagnies pétrolières. Un comble pour les futurs conseillers en finance durable.
Une décision controversée
Ce 17 avril, 85 députés ont adressé une lettre à la médiatrice européenne, Emily O’Reilly, afin de lancer une enquête sur les résultats de l’appel d’offre. En effet, les députés Verts dénoncent un fort conflit d’intérêt : « La Commission est-elle consciente que sa décision […] mène à un conflit d’intérêts où une société définit des orientations sectorielles qu’elle devra suivre ? » Ils s’inquiètent également que cette décision remette en question le fameux Green Deal promis par Ursula von der Leyen. La Commission se défend d’avoir choisi l’offre la plus adéquate. Pourtant, le montant proposé par BlackRock pour la mission est anormalement bas et certains députés dénoncent un dumping. Le fond d’investissement aurait bradé son offre en divisant le cout par deux, pour être certain de remporter l’appel. Le porte parole de la Commission, Daniel Ferrie, défend le projet et a déclaré que c’était la « meilleure offre par rapport aux autres appels d’offre ». Cette nouvelle controverse pose plus largement la question de l’influence des groupes d’intérêt à Bruxelles.