Que s’est-il passé en Europe cette semaine? Semaine du 02/12 au 08/12

Ursula von der Leyen à la COP25 de Madrid :  « Notre Objectif est d’être le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici à 2050 »

L’équipe du journal Eursorbonne avait détaillé le contenu du Green Deal européen dans l’article du 16 octobre 2019. Restait à savoir si les ambitions du Green Deal ne resteraient que politiques, ou s’accompagneraient de réalisations concrètes. En ce sens, l’actualité semble confirmer le caractère concret des ambitions environnementales européennes.

La nouvelle Commission Européenne est en place depuis le 1er décembre et madame von der Leyen prononce dès le lendemain un discours ambitieux à Madrid. A l’occasion de la COP25 du 2 décembre, la nouvelle présidente-élue de la Commission Européenne détaille les ambitions environnementales de l’Union européenne. Elle y présente les trois axes majeurs de la stratégie climatique.

L’accord vert européen est la nouvelle stratégie de croissance de l’Europe 

Ursula von der Leyen souligne que si les européens souhaitent une croissance économique plus durable sur le plan écologique, cela passera par davantage d’investissements publics. Il s’agit ainsi d’augmenter les budgets européens alloués pour la recherche et l’innovation dans les technologies vertes. Plus précisément, la nouvelle présidente de la Commission Européenne détaille dans son discours de Madrid que le budget dédié à la transition écologique sera doté de mille milliards d’euros.

La « loi » européenne : cadre des investissements et des objectifs à réaliser

Il s’agit pour l’UE de légiférer pour créer la première loi européenne sur le climat.  Cette loi devrait ainsi engager les États-membres de l’UE. Car en effet, si la stratégie climatique de l’UE se résume en des séries de mesures que l’on déclare à la suite de sommets du Conseil européen (réunion des chefs d’états et de gouvernements de l’UE), elle n’engagera pas concrètement les États à les respecter.

Légiférer permettrait d’éviter les beaux discours des sommets européens puis de rentrer chacun chez soi sans plus d’ambition pour les mettre en œuvre. Le plan climatique de madame von der Leyen est bien plus ambitieux en ce qu’il sera contraignant, autrement dit, les états-membres s’engageront à le respecter à partir du moment où l’UE aura légiférer.

Ici, deux options semblent s’offrir à la Commission. Elle pourra faire une proposition législative soit sous la forme d’un règlement dont l’application est directe pour tous, soit par une directive que les parlements des États-membres devront encore ratifier. Dans tous les cas, il s’agit bien « de rendre irréversible la transition vers la neutralité climatique » selon la présidente de la Commission.

L’objectif de Von der Leyen : une transition inclusive

Toujours dans le même discours, la présidente annonce la création d’un Fonds pour une transition équitable. A ce stade, il est difficile de savoir concrètement qui sera concerné par ce Fonds ni comment. C’est bien le propre du discours que de fixer les grandes orientations d’une nouvelle stratégie. En revanche, en observant comment l’Union européenne essaye de réduire les disparités socio-économiques existantes en son sein via sa politique de cohésion, il possible d’entrevoir le comment.

Cette politique vise particulièrement les zones moins favorisées, les pays du sud et de l’est de l’UE. Peut-être le Fonds pour une transition équitable s’inscrira-t-il dans cette logique.

En revanche on observe que la nouvelle présidente de la Commission est restée muette sur l’accueil des migrants climatique. Une problématique qui pourrait pourtant être intégrée dans le cadre d’une stratégie environnementale ambitieuse telle que décrite à Madrid le 2 décembre dernier.

 

Sommet de l’OTAN à Londres, entre divisions et unité

Pour rappel, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord existe depuis 1949. C’est une organisation politique et militaire qui organise la défense commune de ses 29 pays membres. Dernièrement, l’unité de ses membres à assurer la défense commune semble une cause difficilement acquise.

Le Président américain et les « grands délinquants ».

Le président Donald Trump fustige à nouveau les pays membres de l’OTAN qui, pour lui, ne font pas un effort financier suffisant en matière de défense. Symbole de la tension du sommet, les mots employés sont lourds. Le président américain ira même jusqu’à qualifier les pays dont les dépenses pour le financement de la politique de défense de l’OTAN sont inférieures à 1 % de leur PIB de « grands délinquants ». Vis-à-vis de l’Allemagne par exemple, dont la participation financière à l’OTAN est de 1,42 % du PIB allemand pour 2020, Donald Trump déclare : « s’ils ne veulent pas [dépenser plus], je devrais faire quelque chose par rapport au commerce ».

Emmanuel Macron : “Nous n’avons pas la même définition du terrorisme autour de la table”.

Celui qui, au lendemain du 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin, avait qualifiée l’organisation comme étant en état de « mort cérébrale » s’est lui aussi montrer subversif. Il déclare lors du sommet avoir « besoin de clarification de la part de la Turquie ».

En effet, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, monsieur Macron indique que l’armée kurde a combattu aux-côtés de l’OTAN pour lutter contre les foyers terroristes en Syrie. Pourtant la Turquie, membre de l’Organisation combat désormais « des forces qui ont combattu à nos côtés » a-t-il déclaré lors de la conférence de presse d’après sommet aux-côtés de Donald Trump.

Boris Johnson et les logiques de politique intérieure britannique

Aussi, on peut observer que les logiques de politique intérieure se mêlent à des enjeux d’une ampleur bien plus grande. Pour preuve, la rencontre entre le Premier Ministre Boris Johnson, qui représente le pays hôte de ce sommet, et Donald Trump s’est voulue discrète. Euronews souligne ainsi que monsieur Johnson ne souhaitait pas s’afficher publiquement avec le président américain qui connait une forte baisse de popularité dans son pays.

Au Royaume-Uni, les élections législatives anticipées du 12 décembre prochain pourraient avoir un impact sur l’avenir du Brexit, il s’agit donc pour Boris Johnson de ne prendre aucune décision qui pourrait nuire à son image en vue de ces élections.

Une unité préservée et inespérée

Entre les donneurs de leçon, les règlements de comptes et les logiques politiciennes, il s’agissait de parvenir à des positions communes pour que l’Organisation puisse continuer de fonctionner.

Quand bien même le sommet n’était pas synonyme d’unité et de cohésion, Le Monde indique qu’« une mission a été assignée à l’organisation » : « lancer, un processus de réflexion prospective, dans le but de renforcer la dimension politique de l’OTAN ». Ainsi, ce sommet permettrait d’engager une réflexion qui répondrait aux remises en cause de son utilité.  Le président Trump a quant à lui réaffirmé sa confiance dans l’Alliance lors du sommet londonien.

L’Opinion souligne que monsieur Macron a su poser les bonnes questions : « à quoi sert cette alliance défensive ? » ou encore « qui est notre ennemi commun ? ». En revanche les réponses pourraient être aussi nombreuses qu’il n’y a d’états membres de l’Organisation et d’intérêts différents à en être.  La crise qui secoue l’OTAN semble bien être celle de son unité, à plus large mesure, de son avenir.

 

 

Quand littérature rime avec Brexit

La cérémonie de remise du Prix du livre européen s’est tenue le 4 décembre 2019 au Parlement européen de Bruxelles. Jonathan Coe, l’auteur du livre « Middle England » traduit en français « Le cœur de l’Angleterre » y est consacré lauréat du Prix du livre européen.

Dans son ouvrage, l’auteur analyse les fractures de la société britannique après le référendum de 2016 sur l’avenir du Royaume-Uni dans l’Union Européenne.  Surtout cet ouvrage veut répondre à la question « Comment en est-on arrivé là ? ».

Il y parvient par une chronique humoristique sur l’histoire politique de l’Angleterre des années 2010. Il relate ainsi des évènements qui s’étalent de l’euphorie collective des Jeux Olympiques de 2012 jusqu’au célèbre vote sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

C’est par l’humour et des évènements choisis par l’auteur qu’il questionne des enjeux contemporains complexes. Nationalisme, austérité et identité sont autant de concepts que l’auteur décortique dans ce roman à se procurer comme livre de chevet en cette fin d’année 2019.

 

 

 

Benjamin Dagot

Étudiant de master à l'Institut d'Études Européennes de la Sorbonne Nouvelle, j'ai plaisir à publier des articles et revues de presse à caractère économico-politique pour notre journal dédié aux questions européennes : Eurosorbonne.

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