Entre accords commerciaux avec le Royaume-Uni et la Chine et la présidence portugaise du Conseil, les actualités d’Eurosorbonne de ce début d’année se veulent portées vers l’avenir.
We have a deal ! Relations UE – Royaume-Uni à partir du 1er janvier 2021
Il s’en est fallu de peu pour que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne sans accord qui régirait les grands axes et principes des futures relations entre les deux acteurs. C’est donc un accord de partenariat économique et commercial de quelques 1.246 pages qui fixe le cadre des relations euro-britanniques à partir du 1er janvier qui a été conclu à la toute fin de 2020.
Le point principal de l’accord de libre-échange : il garantit des échanges sans droits de douane ni quotas pour les produits. En d’autres termes, les entreprises du Royaume-Uni gardent leur accès au marché unique européen de 450 millions de consommateurs. Parallèlement, les entreprises européennes connaissant les mêmes conditions d’accès aux marchés britanniques.
Sur le respect des règles de concurrence, chère à l’UE, le Royaume-Uni et l’UE s’engagent à respecter des conditions de concurrence équitables “en maintenant des niveaux de protection élevés dans des domaines tels que la protection de l’environnement, la lutte contre le changement climatique et la tarification du carbone, les droits sociaux et du travail, la transparence fiscale et les aides d’État” indique la Commission.
Enfin, la pêche était le point qui cristallisait toutes les tensions à la fin de l’année 2020 en ce que les britanniques entendaient ne pas laisser d’accès à leurs eaux territoriales aux pêcheurs européens. L’avenir d’une filière était en jeu. Le Monde indique que le volume de poissons pêchés (2012-2016) dans les eaux britanniques par les européens s’élevait à 760 000 tonnes tandis que le volume de pêche par les britanniques dans les eaux européennes était de 90 000 tonnes.
L’accord prévoit donc de laisser aux pêcheurs européens un accès aux eaux britanniques pendant une période transitoire de 5 ans et demi, jusqu’en juin 2026.
« Nous pouvons enfin tourner la page du Brexit et regarder vers l’avenir. L’Europe va de l’avant. » indique la présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen.
Accord Commercial UE-Chine : nouveau jalon pour des relations commerciales approfondies
La Commission européenne a annoncé début janvier la signature d’un accord de principe qui aboutira à un accord global d’investissements (AGI) entre l’Union Européenne (UE) et la Chine.
Une toute première étape dans l’approfondissement des relations commerciales entre l’UE et la Chine avait été franchie en novembre 2019. Un accord avait été conclu pour protéger de la contrefaçon notamment 100 indications géographiques protégées (IGP) de produits européens en Chine et autant de produits chinois dans l’Union Européenne. Une déclaration de bonne intention en quelque sorte.
L’AGI est un accord plus global qui devrait notamment garantir aux investisseurs de l’UE un meilleur accès à l’économie chinoise ; permettre aux entreprises de l’UE d’acquérir des entreprises ou d’en créer de nouvelles dans des secteurs clefs de l’économie chinoise. L’accord vise également à garantir des conditions de concurrence équitable pour les entreprises de l’UE en Chine ainsi que que des procédures transparentes de règlement des différends commerciaux indique la Commission.
Enfin cet approfondissement commercial inclut le développement durable et le respect des droits fondamentaux du travail, thématiques chères aux européens et sur lesquelles ils ne souhaitaient pas transiger et portées par l’Allemagne lors des négociations.
L’accord doit désormais être étudié et ratifié par le Parlement européen et les parlements nationaux des Etats membres. Une route encore longue et sinueuse « car les oppositions à la Chine seront grandes » et que « L’histoire des trente dernières années a montré que la Chine ne respectait pas souvent ses engagements internationaux » indique Philippe Le Corre, chercheur à la Harvard Kennedy School, et chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique.
Présidence du Conseil : place au Portugal après l’Allemagne et sa brillante présidence
Le 1er juillet 2020 marqua le début de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne. Six mois qui ont marqué la construction européenne.
Euronews rappelle qu’Angela Merkel, et ses alliés du Conseil, ont porté auprès des autres chefs d’Etats et de gouvernements de l’UE l’ambition d’emprunter collectivement pour aider les plus touchés par la pandémie et assurer la reprise économique post-épidémique Au total, 1 800 milliards d’euros seront mobilisés au cours des prochaines années.
C’était historique car ce qui ressemblait jusqu’alors de près ou de loin des mutualisations de dettes essuyait systématiquement les refus allemand, hongrois, polonais, danois et autres autrichien ou hollandais.
L’Europe, qui jusqu’à présent possédait le volet monétaire de sa politique économique n’était pas armé budgétairement. Ainsi, ce plan de relance est une avancée majeure dans la construction européenne. On reprendra la formule de Denis Simoneau pour EuropaNova : « (…) l’essentiel tient dans le fait que l’architecture de l’accord est conforme à ce que le couple franco-allemand avait proposé le 18 mai et permet, enfin, de consacrer le «E» de l’UEM » (Union Economique et Monétaire).
L’Allemagne nous aura très positivement surpris. Place au Portugal : plan de relance, Europe sociale, Green Deal sont les trois grands objectifs pour les six prochains mois.
« Au-delà des enjeux immédiats de cette présidence, ces deux objectifs sont de nature à refonder le projet européen sous la forme d’une modernisation écologique qui revêtirait les habits du Green deal. » indique Carlos-Manuel Alves pour EuropaNova.