Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (10.01-17.01)

Un article rédigé par Clara Duban.

Scandale administratif aux Pays-Bas : le gouvernement démissionne

26 000 parents ont été accusés à tort de fraude aux allocations familiales entre 2013 et 2019. Cette «affaire des allocations » a conduit Mark Rutte, premier ministre depuis 2010, à annoncer ce vendredi sa démission, ainsi que celle de tout le gouvernement.

Ces familles avaient été privées des allocations familiales et ont dû rembourser des sommes qui pouvaient parfois atteindre des dizaines de milliers d’euros. L’administration fiscale s’était appuyée sur des données fausses, sans se justifier auprès des familles. Parmi les parents, certains avaient fait l’objet d’un « profilage ethnique » à cause de leur double nationalité. Dès 2014 l’opposition avait réclamé une enquête, et le gouvernement est pointé du doigt aujourd’hui pour avoir fermé les yeux sur ces accusations.

Le gouvernement sortant reste toutefois très populaire. 30 000 euros de réparations pour chaque parent concerné ont été annoncés avant la démission. Alors que les élections législatives se tiennent dans deux mois, le parti de Mark Rutte (libéral-conservateur) est toujours en tête des sondages d’opinion.

Un début d’année marqué par des remaniements gouvernementaux

Peu de pays européens échappent à une crise politique en ce début d’année. Outre les Pays-Bas, l’Italie, l’Estonie et la Grèce voient leurs gouvernements bouleversés.

L’annonce du plan de relance italien a poussé deux ministres à démissionner ce mardi 13 janvier. Tous deux membres du parti Italia Viva, ils affirment que l’orientation des fonds de ce plan s’est fait de manière anti-démocratique et dénoncent « l’habitude de gouverner avec des décrets-lois ». Ces démissions menacent la coalition au pouvoir, ce qui pourrait faire perdre la majorité du gouvernement au Sénat.

En Estonie, Kajas Kallas prend la tête du gouvernement à la suite de Jüri Ratas. C’est la première femme à occuper ce poste. Européenne convaincue et présidente du parti de la réforme (centre-droit), elle a déclaré que la lutte contre la corruption serait une de ses priorités. En effet, le parti de l’ancien gouvernement est soupçonné d’avoir reçu des pots-de-vin pour avoir favorisé un projet immobilier, ce qui a motivé la démission de Ratas.

En Grèce, le remaniement ministériel marque un tournant nationaliste et droitise encore le gouvernement. Le ministre de l’agriculture Makis Voridis, à la tête autrefois d’un parti d’extrême droite dont le slogan était « carton rouge pour les migrants illégaux » a été promu ministre de l’intérieur. La nouvelle ministre adjointe à l’intégration des migrants est Sofia Voultepsi, figure conservatrice ayant déclaré en 2014 que les migrants étaient des « envahisseurs ».

9000 enfants morts dans d’anciennes maisons « mères-enfants »  : les excuses de l’Irlande

Un « chapitre sombre » de l’histoire récente irlandaise a été révélé par une commission d’enquête le 12 janvier, a déclaré le premier ministre Micheal Martin. Entre 1922 et 1998, des maisons « mères-enfants » ont accueilli 56 000 mères célibataires et près de 57 000 enfants, dont 15 % n’ont pas survécu.

Ces établissements étaient tenus par des religieuses catholiques et par l’État, et accueillaient des femmes rejetées par leurs familles. Les conditions de vie étaient très difficiles : les pensionnaires souffraient de malnutrition et de multiples maladies. Les enfants étaient souvent confisqués à la naissance pour l’adoption, et le rapport souligne que ces maisons ne « sauvaient pas les vies des enfants illégitimes ». Le taux de mortalité était pourtant connu des autorités.

Le premier ministre a présenté ses excuses au nom de l’État irlandais, a reconnu que les mères étaient victimes de ces institutions et que « toute la société était complice ». Le ministre de l’enfance a dénoncé la « stigmatisation des mères célibataires et de leurs enfants » et la « culture brutalement misogyne » de l’Irlande à cette époque.

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