Que s’est-il passé en Europe cette semaine? (Du 13 au 19 mars)

Articles par Luana Humblot et Marjorie Cioco

Déclenchement du 49.3 pour la réforme des retraites !

Stéphane Mahe

En ce jeudi 16 mars, la première ministre Français, Elisabeth Borne déclenche un onzième 49.3, depuis le début de son mandat, au sujet de la réforme des retraites. Cet article permet au gouvernement de faire passer une loi en urgence ou lorsque les débats s’enlisent à l’Assemblée nationale sans passer par un vote. En quelque sorte c’est un recours ultime qui ne peut s’utiliser que sur des questions de financement ou de sécurité sociale car il est jugé comme anti-démocratique par la plupart des députés.  

 

Cette réforme fait débat depuis plus de 2 mois maintenant et est sujette à de nombreuses contestations. En effet, le projet de loi a pour but principal de reporter l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans d’ici 2030, ce qui ne plait pas du tout aux Français. Suite à l’utilisation de l’article 49 alinéa 3, de nombreuses manifestations ont éclaté dans tout le pays ce jeudi 16 mars notamment à Paris où les manifestants se sont positionnés symboliquement place de la Concorde qui se situe en face de l’Assemblée nationale. En parallèle, plusieurs motions de censure sont également en préparation au parlement, recours légal contre le 49.3 permettant la dissolution du Gouvernement si celle-ci est adoptée à la majorité absolue des membres de l’assemblée, à savoir 289 à ce jour.  

Ce 49.3 a seulement mis le feu aux poudres puisque le pays était déjà sous tension depuis quelques semaines ; les manifestations des éboueurs, des transports, des étudiants et des syndicats commençaient à s’intensifier.  

Vu de l’étranger : En suisse, le journal le Temp parle “d’un bouton nucléaire parlementaire […] qui mettra probablement de l’huile sur le feu du mouvement social. De l’autre côté de la manche, la BBC commente que “ce conflit donne une fois de plus l’impression que la France n’est pas réformable” puisque dans d’autres pays européens la modification de l’âge légal de la retraite est “loin d’être spectaculaire”. Pour le journal allemand “Der Spiegel”, cette réforme signe avant tout l’échec de la présidence de Macron puisque ce dernier “brûle le dernier crédit politique qu’il lui reste dans ce sujet accessoire pour l’avenir de la France”.

 

Faillite de la Silicon Valley Bank : une nouvelle crise de 2008 ? 

La Silicon Valley Bank, située au centre d’une région renommé pour ses avancées technologiques, s’est hissée à la seizième place des banques aux Etats-Unis depuis sa création il y a 40 ans. La semaine dernière, la SVB valait encore plus de 200 milliards de dollars et était la numéro 1 des investissements dans la technologie. Malheureusement, de nombreux épisodes ont conduit la banque américaine à mettre la clé sous la porte. Lors de la période Covid-19, cette banque a été énormément sollicitée par les start-ups et les GAFAM qui lui ont confié leurs liquidités puisque ces derniers ont vu leurs bénéfices grimper grâce aux achats massifs des consommateurs. La SVB a principalement placé ses liquidités dans les “obligations d’Etat à long terme, supposées être sans risque”.

Lorsque la Fed (banque centrale américaine) a relevé ses taux pour lutter contre l’inflation, les obligations qui évoluent à l’inverse des taux ont naturellement baissé. Cette baisse des obligations, cumulée aux retraits massifs de ses clients de leur argent, a fait que la SBV a perdu en liquidités et s’est vu vendre ses obligations pour ne pas devenir insolvable, tout cela en moins de 48h. S’en est suivi une panique générale et une perte de confiance dans la banque, des craintes certainement provoquées par l’épisode similaire de la banque américaine Lehman Brothers en 2008. Cette crainte s’est traduite par un retrait de dépôts des clients poussant la Silicon Valley Bank vers la faillite. 

Cependant, à l’inverse de l’épisode de 2008, la Fed est rapidement intervenue pour garantir tous les dépôts des clients de la SVB.  Toutefois, malgré les efforts des autorités pour pallier la défaillance de la banque les investisseurs craignent tout de même un risque systémique se propageant sur les marchés boursiers mondiaux ce lundi 13 mars. Cela s’est notamment traduit par de fortes secousses sur les marchés financiers avec notamment une perte de 2,35% de la valeur de la Bourse à Paris ou –2,50% à Francfort. Le président Joe Biden a alors pris la parole pour tenter de rassurer les américains en affirmant qu’ils “pouvaient avoir confiance dans leurs banques”. En parallèle, les ministres des finances de la zone euro font de même à Bruxelles. Bruno Le Maire affirme : “Nous ne voyons pas de risque de contagion pour la France”. 

 

Migrants secourus en Italie: la mer Méditerranée devenue encore plus dangereuse?

Valeria Ferraro

Samedi 11 mars, 1300 migrants ont été sauvés par des gardes-côtes italiens au large des côtes calabraises en Italie, alors que les conditions météorologiques au niveau de la mer Méditerranée étaient très compliquées. Le capitaine d’un bateau de garde-côte italien, Fabio Borriello, a expliqué: “L’intervention de notre navire a permis de sauver 800 personnes dans des conditions météo difficiles. D’autres opérations ont été menées en coordination avec le gouvernement”. Les bateaux de douanes et la marine nationale ont dû être appelés en renfort. 

Cet événement se déroule 15 jours après un naufrage dans ces mêmes eaux qui a fait plus de 78 victimes, et dont la 74ème a été retrouvée le jour du sauvetage de ces 1300 migrants. Un hommage a été rendu aux victimes du naufrage à Cuatro en Calabre. En réponse, la première ministre italienne Giorgia Meloni, qui était présente à l’hommage, a déclaré prendre des mesures pour lutter contre les passeurs, ce qui est la meilleure manière que cela ne se reproduise plus selon elle. Les passeurs font prendre plus de risques aux migrants pour échapper aux gardes-côtes.

Depuis le début de l’année 2023, environ 17500 migrants ont débarqué en Italie,deux fois plus qu’en 2022. La gestion des flux migratoires en Italie est fortement critiquée par les ONG qui demandent à ce que le gouvernement prenne en charge le sauvetage en mer. Le 3 janvier, les règles de sauvetage en mer par les ONG ont été modifiées dans un décret du ministère de l’Intérieur. Les ONG doivent désormais se rendre au port assigné par les autorités au lieu du port le plus proche, directement après avoir sauvé un bateau de migrants. Cette décision complique donc le sauvetage et la réaction de ces villes qui deviennent de nouveaux ports d’arrivée de migrants, et qui doivent aussi réagir dans l’urgence. Les contraintes données aux navires humanitaires rendent leur capacité de sauvetage plus limitée et l’autorisation pour débarquer dans les ports difficile à obtenir.

La mer méditerranée est empruntée quotidiennement par les migrants, mais elle est aussi la route migratoire la plus dangereuse du monde. Les Nations Unies la qualifient même de “route la plus meurtrière”, remettant en cause les nouvelles contraintes données par les gouvernements aux bateaux humanitaires.

La rencontre entre Emmanuel Macron et Viktor Orban à l’Elysée

Lundi 13 mars, le président Emmanuel Macron a reçu Viktor Orban, premier ministre hongrois. Cette rencontre avait pour but d’insister sur “l’unité des pays européens” par rapport à la guerre en Ukraine, les questions de migration et politique industrielle ainsi que le sujet de l’Etat de droit. Ils ont donc préparé le Conseil européen qui aura lieu les 23 et 24 mars à Bruxelles afin de statuer sur ces problématiques. 

Les deux dirigeants ont également parlé de la ratification de l’adhésion de la Suède et la Finlande à l’Otan, qui n’a pas encore été réalisée par la Hongrie et la Turquie. D’après une source diplomatique, la décision hongroise se dirigerait vers la ratification de cette adhésion. Au niveau de la guerre en Ukraine, Macron a voulu insister sur la tenue et l’application stricte des sanctions contre la Russie. Le premier ministre hongrois a une position ambiguë depuis le début de l’invasion russe, puisque les mesures prises contre la Russie sont très peu claires du côté hongrois. En effet, la Hongrie dépend des importations d’hydrocarbures russes et le premier ministre avait des liens étroits avec Vladimir Poutine, l’empêchant de se positionner concrètement. Budapest a toujours voté en faveur des sanctions contre Moscou, en accusant cependant l’Union européenne d’être responsable de l’explosion des prix avec ces décisions, et de mener une “une guerre indirecte” contre la Russie. 

Les relations entre l’Union européenne et la Hongrie se sont dégradées dernièrement, avec le blocage de 12 milliards d’euros de fonds destinés à la Hongrie en attendant des réformes anti-corruption. La rencontre entre Emmanuel Macron et Viktor Orban a donc permis de discuter de sujets importants et surtout de faire un pas diplomatique entre les deux pays.

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