Par Laura Comte et Laura De Almeida.
Google condamné à payer 2,4 milliards d’euros par l’UE pour pratique anticoncurrentielle
Le géant américain Google était jugé pour pratique anticoncurrentielle sur le marché des comparateurs de prix. Le tribunal européen, qui juge en premier ressort des litiges relatifs au droit européen, l’a condamné ce mercredi 10 novembre à 2,4 milliards d’euros d’amende.
En effet, la firme américaine avait été condamnée pour sa stratégie anticoncurrentielle en 2017 mais avait fait appel, devant la deuxième plus haute juridiction de l’Union européenne, le tribunal de première instance (TPI), car Google jugeait cette décision abusive, et affirmait que l’Union Européenne avait tort sur “le droit et les faits”.
Cette sanction pécuniaire a pourtant été infligée à Google en raison de ces pratiques anticoncurrentielles, notamment parce que l’entreprise avait abusé de sa position dominante en mettant en avant son propre comparateur de produits par rapport aux comparateurs concurrents. Les résultats des comparateurs concurrents se trouvaient plus loin dans les pages de résultats de recherches grâce à des algorithmes de classement. Le tribunal européen n’est toutefois pas revenu sur sa décision, et valide l’amende de 2,4 milliards d’euros.
Ce dossier est l’un des trois gros contentieux ouverts par Bruxelles à l’encontre du leader mondial, Google. Ces accusations ne relèvent donc pas d’un acte isolé de la part de la firme américaine.
Toutefois, Google peut à nouveau faire appel de ce verdict devant la plus haute juridiction européenne, la Cour de justice de l’UE, cependant, c’est sa dernière possibilité.
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Inflation : inquiétude des Européens qui peinent à trouver une réponse coordonnée
Morne depuis plusieurs années, l’inflation a fait un retour remarqué en 2021 dans le sillage de la pandémie. Ce retour de l’inflation inquiète grandement les États européens. On le sait, la Banque Centrale Européenne a toujours fait de l’inflation son ennemi principal, en raison des conséquences désastreuses que ce déséquilibre macroéconomique peut engendrer. Mais elle semble aujourd’hui inévitable…
Sur un an, l’inflation a grimpé dans la zone euro de 4,1 % en octobre après une progression de 3,4 % en septembre. Et ce lundi 8 novembre, durant la réunion des ministres des finances de l’union monétaire à Bruxelles, l’inflation était le sujet principal car elle est la raison de nombreuses inquiétudes et mène à des débats.
Certains s’inquiètent car la hausse généralisée des prix pourrait altérer la reprise après des longs mois de crise sanitaire. D’autres débattent au sujet de la politique monétaire qui devrait être mise en place pour lutter contre l’inflation. Cependant, les 27 États membres de l’Union Européenne ne s’accordent pas sur un resserrement de la politique monétaire, car elle pourrait compromettre le retour de la croissance en cette fin d’année.
Contrairement à l’Allemagne, la France défend une réforme du marché de l’énergie, jugé en grande partie responsable de l’actuelle accélération des prix. Mais l’Allemagne dénonce plutôt l’inaction de Christine Lagarde, et l’accuse d’appauvrir les épargnants et les retraités.
La présidente de la BCE affirme pourtant que ce phénomène devrait être temporaire et que l’inflation est uniquement liée au rebond de l’économie de cette fin d’année.
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Migrants : l’arme de déstabilisation de la Biélorussie contre l’Union Européenne
À la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, se déroule depuis plusieurs semaines une crise migratoire et humanitaire qui se transforme en conflit géopolitique.
Luigi Scazzieri, chercheur pour le Center for European Reform, nous explique que : “la Biélorussie a fabriqué de toutes pièces une crise en faisant venir des gens pour faire pression sur l’Europe”.
Effectivement, des vols remplis d’exilés, venant de Beyrouth ou Damas et qui atterrissent à Minsk sont orchestrés par la Biélorussie. Ces exilés prétendent être des touristes, leur billet d’avion et la chambre d’hôtel en Biélorussie sont réservés par une agence de voyages propre au consul honoraire de Biélorussie au Liban. Ainsi, en apparence, tout est légal. Loukachenko nie toute responsabilité.
L’Union Européenne a déjà pris différentes mesures, passant par la suspension de visas à des fonctionnaires biélorusses ou un embargo sur les armes, les opérations financières, et le tabac biélorusse. Les sanctions individuelles de l’UE contre des responsables du régime biélorusse visent actuellement 166 personnes, dont le président et deux de ses fils. Toutefois, ces décisions ne sont pas suffisantes.
Cette crise révèle le point faible de l’Europe : le manque d’une politique commune de prise en charge de l’asile. Les divisions européennes quant à la question migratoire jouent en faveur du dirigeant biélorusse. En effet, depuis les années 2010, le sujet de l’immigration est sensible dans l’Union Européenne. Cependant, l’arme migratoire a déjà été utilisée contre l’Europe : “la Turquie et le Maroc ont utilisé l’arme migratoire contre les Européens pour défendre leurs intérêts”. Cependant, ce sont des pays contre qui elle disposait de leviers et il y a eu des accords financiers.
Face à cette crise, la Pologne refuse l’aide de Frontex (l’agence européenne des gardes-frontières et gardes-côtes) pour renforcer ses rangs car Frontex a pour obligation de signaler les refoulements à l’Union, et ils sont courants du côté de l’armée polonaise. La Pologne, en revanche, souhaite une aide financière de la part des États membres afin de renforcer sa frontière, rejetée par la Commission et le Parlement.
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Gaz russe : bataille entre Minsk et l’Union Européenne
L’Union Européenne est actuellement en train de réfléchir à de nouvelles sanctions imposées contre la Biélorussie à cause du problème des migrants. En effet, le 15 novembre est prévue une réunion des ministres des affaires étrangères européens.
Face à cela, le dirigeant Loukachenko menace de couper les arrivées de gaz venant de Russie qui traverse son territoire par le gazoduc Yamal-Europe : “Nous chauffons l’Europe et ils menacent de fermer la frontière. Et qu’est-ce qui se passerait si nous coupions le gaz naturel qui va là-bas ? Je conseillerais donc aux dirigeants polonais, aux Lituaniens et aux autres écervelés de réfléchir avant de parler”.
Cette menace ne pouvait tomber plus mal, étant donné que l’Europe fait face à une grave crise énergétique.
Toutefois, cette menace n’est pas si dangereuse car le gaz peut passer par d’autres voies comme l’Ukraine, l’utilisation reste cependant compliquée avec les tensions liées à l’annexion de la Crimée, mais il reste la mer Baltique avec le gazoduc Nord Stream 1. Les plus grands consommateurs de gaz russe en Europe sont l’Allemagne et l’Italie. Toutefois, les pays d’Europe centrale et orientale seraient les plus rapidement touchés en cas de coupure du gaz. Encore une fois, une solution existe si l’on venait à en arriver là : “une solidarité en Europe qui ferait que du gaz algérien à destination de l’Espagne leur serait envoyé”.
Face aux avertissements de Loukachenko, le Kremlin a aussi réagit, son porte-parole, Dmitri Peskov assure que la Russie : “est et restera un pays qui remplit toutes ses obligations de livraison de gaz aux consommateurs européens”. Le Président Poutine, de son côté, appelle l’Union Européenne à renouer le dialogue avec la Biélorussie.
À Minsk, les opposants parlent d’un coup de “bluff”, notamment la cheffe de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa : “Ce serait plus dommageable pour lui, pour la Biélorussie, que pour l’Union européenne et je peux supposer que c’est du bluff”. En effet, la Biélorussie, grâce au gazoduc, bénéficie de frais de transit, elle n’a donc aucun intérêt à couper les vannes.
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