Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (du 13 au 19 décembre 2021)

Par Marine Béguin et Hussein Malamelli.

Le conflit Ukraine-Russie au cœur des discussions des 27 

Ce jeudi 16 décembre, les 27 chefs d’État et de gouvernement se sont réunis à Bruxelles où le conflit Ukraine-Russie a  dominé les débats. Alors que depuis 2014 les deux pays accumulent les moments de tension, une nouvelle démonstration de force du Kremlin a fait réagir l’Union Européenne. 

Julien Gasparutto, journaliste pour France 2, rapporte que la Russie aurait déployé plus de 100 000 hommes à la frontière ukrainienne. À l’issue de ce sommet, les dirigeants des 27 devaient discuter et décider d’éventuelles sanctions contre la Russie. Alors à quelles « conséquences massives » cette dernière doit-elle s’attendre ? Le Conseil Européen a en effet réitéré son soutien à l’Ukraine ce jeudi. L’ouverture d’une potentielle adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est mal perçue la Russie, ce à quoi l’Union Européenne pourrait répondre par de possibles sanctions économiques. Emmanuel Macron a annoncé lors d’une conférence de presse avec le chancelier allemand Olaf Scholz que la stratégie européenne repose sur une « approche multiple : dissuasion, reprise du dialogue et soutien à l’Ukraine ». L’idée serait donc d’envoyer des signaux clairs à la Russie d’une coordination entre l’UE et l’Ukraine. Elle envisage également de réengager la Russie dans le cadre politique des accords de Minsk. Enfin, elle prévoit une « consolidation de la situation économique, sociale, industrielle, liberté de la presse, de protection de la qualité de l’information en Ukraine ». En tant que modérateurs des pourparlers, la France et l’Allemagne encouragent donc des « efforts diplomatiques » de la part de la Russie. 

Reconduites pour six mois, les possibles sanctions économiques pour la Russie laissent cette dernière dans l’incertitude d’une menace économique européenne. 

 

La levée des brevets vaccinaux pourrait sauver des milliers de personnes, selon des responsables

Du 30 novembre au 3 décembre 2021, la Douzième Conférence ministérielle de l’OMC devait se dérouler. A l’ordre du jour, une proposition de 2020 de l’Afrique du Sud et de l’Inde pour le retrait partiel des brevets vaccinaux devait être débattue. Cette initiative a été proposée à cause des inégalités qu’engendre la crise sanitaire : en Afrique, seule 8% de la population est entièrement vaccinée.

Cette mesure irait dans le sens des positions européennes. En effet, les gouvernants européens ont déclaré en mai 2021 vouloir distribuer plus de 100 millions de doses dans les pays les plus précaires, pour lutter plus efficacement contre le Covid-19. Dans ce sens, l’Europe a financé plus de deux milliards d’euros pour aider les pays les moins riches à lutter contre la pandémie.

Cependant, les mesures mondiales de redistribution comme COVAX, fortement soutenues par l’Union européenne sont souvent inefficaces car des millions de doses distribuées aux pays les moins avancés sont jetées, faute de moyens logistiques et de conservation. On dénonce également la concurrence qui a empêché des firmes européennes comme Sanofi à imposer leur vaccin sur le marché, car il n’aurait pas été rentable du fait de son arrivée tardive.

Face à la reprise des débats, la Suisse se positionne depuis décembre contre l’intégration d’un plan pour lever temporairement les brevets, qui permettrait pourtant aux pays les moins avancés de développer leur propre vaccin pour contourner ces contraintes logistiques. Plusieurs entreprises pharmaceutiques se sont positionnées avec la Suisse, tandis que la France, les États-Unis, l’Inde et l’Afrique du Sud se montrent en faveur de l’initiative avec plusieurs organisations de la société civile.

 

Projet de réforme de la Commission Européenne : quel avenir pour l’espace Schengen ? 

Alors que jeudi 9 décembre dernier le Président français E. Macron annonçait une volonté de réforme de l’espace Schengen pour la présidence française de l’Union Européenne (PFUE), la Commission a présenté ce mardi un projet de réforme pour l’espace de libre circulation, un projet  tiré des leçons de la pandémie de COVID-19

À quoi doivent s’attendre les citoyens européens au sujet de cette réforme de l’espace sans passeport de Schengen ? « Une Union qui sache protéger ses frontières » étaient les mots d’ordre pour la PFUE à venir. Le projet trouve sa source dans les nombreuses crises qui ont frappé l’espace européen : les attaques terroristes, les crises migratoires (l’épisode des migrants manipulés par la Biélorussie nous l’a montré) et la pandémie mondiale toujours en vigueur ont quelque peu malmené le second « joyaux de la couronne de l’UE », tel a été décrit l’espace Schengen par le vice-président de la Commission Européenne, Margarítis Schinás. La Commission souhaite que les contrôles aux frontières soient réfléchis et analysés pour une solution de dernier ressort, ou que les circulations de marchandises essentielles et de frontaliers soient facilitées. En réponse à l’attaque Biélorusse, la Commission propose un cadre de mesures imposé aux États pour éviter de telles situations.

Ces quelques mesures parmi celles proposées dans le projet de réforme voient la volonté d’Emmanuel Macron satisfaite. Ce dernier réclamait la semaine dernière « une Union qui sache protéger ses frontières face aux crises migratoires ». Ce projet de réforme devra cependant encore être débattu par le Parlement Européen et le Conseil et obtenir la majorité requise avant d’entrer en vigueur. 

 

Covid-19 : Comment se dérouleront les fêtes de fin d’année en Europe ?

Plusieurs gouvernements européens ont décrété cette semaine de nouvelles mesures pour lutter contre la crise sanitaire et la montée du variant Omicron. Si Noël pourra être fêté en famille, les restrictions liées aux sorties et aux déplacements s’alourdissent.

Ainsi, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a annoncé la fermeture des commerces non-essentiels, des bars et des restaurants, des cinémas et des musées du 19 décembre au 14 janvier.

Les restrictions ont également été renforcées en Italie ce jeudi, avec l’isolement des non-vaccinés à leur arrivée dans le pays pour cinq jours, et la présentation d’un second test négatif passé ce délai pour circuler sur le territoire. Depuis le 6 décembre et jusqu’au 15 janvier, un « super pass sanitaire » est imposé dans plusieurs régions pour aller au musée, au stade ou à l’hôtel par exemple, imposant la preuve d’un schéma vaccinal ou d’une guérison au COVID-19.   

En France, le Conseil de défense sanitaire s’est retrouvé vendredi. Jean Castex a énoncé un projet de loi pour janvier 2022, afin de transformer le pass sanitaire en « pass vaccinal » sur le modèle italien. Le gouvernement argumente que la plupart des lits d’hôpitaux sont occupés par des personnes non vaccinées. Dans ce sens, les autotests devraient être gratuits pour les vaccinés sur la période de Noël afin d’éviter une flambée des cas au moment des fêtes. Finalement, un grand nombre d’États membres de l’Union européenne s’attendent à ce que le variant Omicron soit majoritaire en fin de mois.

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