Par Louis Lacausse et Hussein Malamelli
Dans l’ombre de l’actualité internationale, le retour du Covid…
Depuis la mi-mars, la France fait face à une nouvelle augmentation drastique des cas de Covid avec un pic à 180 000 nouveaux cas positifs le mardi 22 mars. L’Institut Pasteur prévoit que cette hausse des contaminations se poursuive jusqu’à la fin du mois de mars voire début avril. Ce retour du Covid est lié selon l’OMS et selon le Conseil scientifique à la levée brutale des restrictions sanitaires ainsi qu’à la propagation du sous variant d’Omicron : le variant BA2, désormais majoritaire.
Emmanuel Macron envisage de rendre le port du masque de nouveau obligatoire si la situation sanitaire continue de se dégrader. Pour rappel, l’obligation du port du masque a été levée en France le 14 mars dernier. « On a maintenu le masque dans les transports parce qu’on est tassés, on a même maintenu le pass sanitaire dans l’hôpital, on a lancé une campagne de rappel. Si les choses devaient se dégrader, le président que je suis prendrait ses responsabilités pour protéger » a déclaré le chef de l’Etat sur M6 le mercredi 23 mars.
Ce jeudi 24 mars, même la candidate Les Républicains Valérie Pécresse a été testée positive au Covid et annonce poursuivre sa campagne à distance pour l’instant – le premier tour de l’élection présidentielle étant le 10 avril.
Certains parlent d’ores et déjà de 6ème vague plutôt que d’un rebond épidémique. La plupart des pays européens qui ont levé brutalement les restrictions sanitaires font face à cette tendance haussière. Ainsi, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou encore l’Italie se retrouvent dans une situation comparable à la France.
Ceci dit, on peut raisonnablement rester optimiste à la lecture des notes de l’Institut Pasteur qui envisage que cette 6 ème vague soit tout à fait limitée en comparaison à la très forte vague de janvier-février dernier. Les contaminations pourraient plafonner en dessous des 200 000 cas positifs par jour (en moyenne lissée sur une semaine). L’immunité obtenue par la vaccination et la très forte 5 ème vague pourraient effectivement prémunir la France contre une circulation démesurée et incontrôlée du virus.
Guerre en Ukraine : Quelles conséquences pour l’Europe de l’Est ?
Alors que de nombreuses villes ukrainiennes sont assiégées par la Russie, le Président américain Joe Biden a réitéré les « engagements sacrés » prévus dans l’article 5 de l’OTAN lors de sa visite en Pologne le 26 mars, impliquant l’intervention des forces armées si un de ses États membres était attaqué, faisant allusion aux États d’Europe de l’Est. Ce discours a été tenu après plus d’un mois de conflit, qui pourrait donner lieu à un désastre humanitaire.
L’escalade à la violence continue en Ukraine, où la Russie a notamment été accusée par les autorités d’utiliser des bombes au phosphore à Irpin, conçues pour s’enflammer au contact de l’air et interdites par le droit international. Cette semaine, l’OTAN s’est aussi engagée à fournir à l’Ukraine des protections contre les armes chimiques, sous-entendant que la Russie serait capable d’en utiliser, inquiétant les voisins de l’Ukraine également.
Frédéric de Saint-Sernin, Directeur général de l’ONG ACTED, a rappelé le nombre extraordinaire de 10 millions de déplacés en un seul mois, dont plus de 3 millions (de femmes et d’enfants principalement) ayant quitté le pays. En plus des difficultés en Ukraine, la Pologne et la Moldavie sont fortement touchées par l’explosion du prix de l’immobilier et du gaz, ainsi que des flux humains en provenance de l’Ukraine. Le politologue Bruno Tertrais invité sur France Inter ce 24 mars, a également rappelé l’enjeu de ce conflit pour les autres pays d’Europe centrale et de l’Est, très dépendants du gaz russe et où les températures extrêmes l’hiver les rendent particulièrement vulnérables.
Pôles : L’insoutenable chaleur (-11.5°C)
La plupart des rapports scientifiques et des ONG font la part belle aux pôles nord et sud, qui sont devenus la vitrine du réchauffement de la planète. En effet, lorsque la température globale augmente d’un degré, aux pôles cette augmentation est deux à trois fois plus importante. Les effets de ce réchauffement accéléré est dévastateur pour ces immenses étendues glacées et les conséquences sur le reste de la planète sont potentiellement catastrophiques.
Les températures record enregistrées à la mi-mars alertent sur la situation des pôles. En Antarctique les températures enregistrées (-11.5°C) dépassent de plus de 40°C le normales de saison ; en Arctique, les températures sont 30°C au-dessus desdites normales. De telles températures ont été atteintes en raison de conditions climatologiques très défavorables mais la montée du niveau de la mer que la fonte des glaces pourrait entraîner aurait des conséquences dramatiques partout dans le monde. Gaétan Heymes, météorologue de Météo France spécialiste de l’Antarctique, explique ce triste record par un anticyclone et un phénomène rare de “rivière atmosphérique” Il détaille ensuite en expliquant qu’ “En Antarctique on observait une augmentation des températures à l’ouest, mais pas à l’est du continent, alors que c’est justement dans cette zone que la vague de chaleur a été enregistrée. Comme cet événement est exceptionnel et qu’il ne s’inscrit pas dans une dynamique de long cours, il est difficile de l’attribuer avec certitude au dérèglement climatique aujourd’hui. Mais il est très probable qu’avec du recul, le lien soit démontré”.
Parallèlement à cette situation, une marche pour le climat a réuni des citoyens du monde entier ce vendredi 25 mars. 31 personnalités se sont mobilisés pour signer une tribune pour se joindre à la jeunesse et réclamer des actions pour sauver la planète. Les signataires appellent à ‘sortir l’humanité de son somnambulisme suicidaire”
Les enjeux climatiques et écologiques passent un peu inaperçus depuis un mois avec le début de la guerre en Ukraine. Or, cette guerre pose des questions géopolitiques certes mais aussi énergétiques, agricoles, alimentaires… Bref, des questions directement liées à l’écologie et à notre mode de vie. La campagne présidentielle en cours ne se saisit que très peu des enjeux climatiques, là où en Allemagne par exemple, les verts occupent une place majeure dans la coalition menée par le chancelier Sholz.
Crise alimentaire mondiale : Les objectifs du Pacte vert compromis
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, la stratégie agricole de l’Union européenne est au cœur des débats à Bruxelles ainsi qu’au niveau national. A titre d’exemple, la candidate aux élections présidentielles Valérie Pécresse dénonçait dès fin février la « décroissance agricole » défendue par la politique européenne « De la ferme à la table », censée être plus verte et plus durable. Lors de son meeting du 17 mars, elle réitère, et s’oppose également à la mise en jachère de terres exploitables en Europe entraînant une baisse de productivité.
En contexte de révision d’une Politique agricole commune pour 2023 plus respectueuse de l’environnement, la Commission européenne a présenté ses propositions pour lutter contre l’insécurité alimentaire ce mercredi, allant contre ses objectifs initiaux. Le Commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski a annoncé l’augmentation de la surface de production en Europe, permettant l’utilisation de 4 millions d’hectares de zones écologiques et de jachères mises de côté. En effet, la Commission s’est fixé le rôle d’exportatrice mondiale, notamment vers les missions humanitaires en Afrique.
Au Parlement européen, le Parti populaire européen a réussi à adopter des amendements permettant d’éviter la réduction de la production initialement prévue dans le cadre du Pacte vert. L’utilisation de pesticides sur les zones d’intérêt écologique a également été demandée. Si les objectifs fixés par le Green Deal sont remis en cause, Emmanuel Macron continue de défendre la stratégie « De la ferme à la table », grande priorité de la Présidence française. La Commission européenne précise également que ces décisions sont exceptionnelles, et que la transition vers une agriculture plus durable était indispensable pour l’indépendance de l’Union à long terme.