Que s’est-il passé en Europe cette semaine? (du 9 au 15 janvier)

Articles par Marjorie Cioco et Laura De Almeida

Royaume Uni : l’échec de la mise en orbite d’un satellite 

La première tentative de lancement d’un satellite depuis le sol britannique a échoué dans la nuit du 9 au 10 janvier 2023. La société Virgin orbit, l’agence spatiale nationale et le Spaceport des Cornouailles se sont regroupés pour la mission « Start me up » en référence au tube des Rolling stones, qui avait pour but de lancer 9 satellites depuis le Royaume-Uni.

La société Virgin Orbit a tweeté :  « Il semble que nous ayons une anomalie qui nous empêche d’atteindre l’orbite ». A ce jour, l’anomalie n’est pas indiquée.

Le satellite a pu atteindre l’espace mais pas l’orbite. C’est déjà une réussite pour le pays qui est parvenu à un décollage horizontal plutôt que vertical, en utilisant un avion Boeing pour lancer la fusée, une option qui s’avère moins coûteuse.

La mission aurait été une grande avancée dans l’histoire pour le Royaume-Uni, le faisant entrer dans le cercle fermé des pays capables de mettre en orbite des satellites depuis leur propre territoire.

Le conflit ukrainien est un élément déclencheur de cette mission. La guerre montre l’importance de la réactivité des pays pour aider l’Ukraine à tout moment. Le jour de l’invasion russe, Elon Musk a envoyé en moins de deux jours des terminaux en Ukraine pour que le pays soit connecté à Internet.

Ainsi, depuis le conflit ukrainien, la conquête spatiale et la lancée de satellites est devenue encore plus importante. L’espoir d’une collaboration en Europe à ce sujet existe également, permettant un déploiement de satellites dans l’immédiat au moindre conflit.

 

Ukraine: l’envoi de nouveaux chars en renfort

Après l’annonce de la France mercredi 4 janvier de l’envoi de chars légers en Ukraine, l’Allemagne et les Etats-Unis s’engagent à leur tour à envoyer des blindés. Washington livrera une cinquantaine de véhicules Bradley tandis que Berlin livrera entre 20 et 40 Marder.

Un véritable revirement d’opinion de la part de l’Allemagne qui affirme depuis plus d’un an ne pas vouloir envoyer d’équipements militaires dans des zones en guerre. Cela alimente les débats, notamment dans l’alliance de gauche de l’Allemagne. L’annonce de la France a mis la pression sur Berlin qui s’est empressé d’agir. Olaf Scholz a donc enfin décidé de réagir à l’offensive russe en prenant cette décision. Cependant, la Pologne et la France insistent pour déployer des chars Léopard 2, plus lourds que les Marder. Ces blindés de combat ont été créés dans les années 1970 et ont déjà fait leur preuve dans les armées européennes.

«Une compagnie de chars d’assaut Leopard sera transmise dans le cadre d’une coalition qui est en train de se construire», a déclaré le président polonais Andrzej Duda mercredi. Il est possible que la Pologne transfère des chars Léopard de fabrication allemande en Ukraine. Cela doit encore être confirmé par l’Allemagne. Les autorités ukrainiennes réclament ces chars de combat pour lutter contre l’offensive russe.

Selon l’attaché de presse de la Fédération de Russie, ces livraisons ne perturberont pas les missions russes et ne changeront pas le cours de la guerre. Le Kremlin n’est pas intimidé par ces nouvelles annonces, les pays occidentaux apportant déjà un soutien militaire et financier depuis le début du conflit.

La prochaine étape serait l’envoi de chars plus lourds en Ukraine, une décision qui n’a pas encore été prise au vu des risques d’escalade des tensions. Une réunion des soutiens à l’Ukraine se tiendra ce 20 janvier. Les pays pourront réfléchir à l’envoi de ces nouveaux chars, qui d’après le Président Volodymyr Zelensky est une décision indispensable.

Grèce : le double procès de travailleurs humanitaires qui fait scandale

Sur l’île grecque de Lesbos, vingt-quatre humanitaires étaient en attente de jugement depuis 2018. Cette île est l’une des principales portes d’entrée en Europe pour les migrants. Suite à cette mise en examen, de nombreuses ONG ont dû cesser leurs activités en mer Égée, tandis que la Grèce essuyait des accusations de pratiques de refoulements illégaux, en dehors de ses frontières, principalement vers la Turquie.

Depuis 2018, l’ONU et des ONG humanitaires ont pris la défense de ces travailleurs et dénoncé ces procès, l’un pour espionnage, l’autre pour trafic de migrants. Les humanitaires encourent jusqu’à vingt-cinq ans de prison. Parmi les accusés se trouvent notamment une réfugiée syrienne, Sarah Mardini qui, par son histoire avec sa sœur, championne olympique, a inspiré une série netflix. Cette réfugiée, depuis 2015 à Berlin, travaillait comme bénévole pour l’ONG ERCI, qui avait des missions à Lesbos.

Lors d’un récent briefing de l’ONU, la porte-parole du Haut-Commissariat, Elizabeth Throssel s’est indignée : « Ce genre de procès est vraiment inquiétant, parce qu’il criminalise les actions qui sauvent la vie des gens ». Les accusés également prennent la parole et démontrent un acharnement qui n’a rien d’une justice : « Toutes les accusations contre nous que ce soit pour espionnage ou blanchiment d’argent ne tiennent pas. Ce procès a un objectif politique », rétorque l’accusé Pieter Wittenberg, lui d’origine néerlandaise. Human Rights Watch (HWR) a mené des recherches sur les rapports de policiers et y a décelé des erreurs factuelles importantes : des travailleurs sont accusés d’avoir pris part à des opérations de sauvetage alors qu’ils n’étaient même pas en Grèce au moment des faits.

Une note d’espoir est arrivée, quatre ans et demi plus tard, la cour de Mytilène a annulé la première procédure pour “espionnage”, ce vendredi 13 janvier, en raison de vices de procédure, comme l’absence de traduction de l’acte d’accusation à destination des accusés étrangers. Toutefois, une procédure distincte, notamment pour trafic de migrants et blanchiment d’argent est toujours en cours d’instruction.

 

Soledar : que se passe-t-il dans cette ville-clé de l’avancée russe ?

Soledar est une ville de 10 000 habitants, la plupart ayant déjà quitté les lieux. Depuis quelques jours, la bataille qui s’y joue s’est intensifiée, la Russie et l’Ukraine en revendique le contrôle à tour de rôle. Soledar serait pour l’instant toujours tenue par les ukrainiens, Pavlo Kyrylenko, gouverneur de la région de Donetsk, s’exprimait hier à ce sujet : “Les combats continuent dans la ville et à l’extérieur”.

Cette bataille s’est transformée en l’une des plus sanglantes depuis le début du conflit, il y a presque un an. Moscou envoie de plus en plus de forces sur le terrain dans l’espoir d’enfin parvenir à une victoire militaire, après des mois de stagnation et d’échec. À 15 kilomètres de là, se trouve la ville de Bakhmout, plus importante dans la stratégie russe, mais devenue une vraie forteresse, défendue sans répit par les ukrainiens. Un soldat ukrainien de la 46e brigade aéromobile a témoigné pour CNN sur le taux de mortalité du conflit : “le nombre de soldats tués est si élevé que personne ne compte les morts (…) personne ne vous dira combien il y a de morts et de blessés parce que personne ne le sait avec certitude. Pas une seule personne.”. Malgré une discrétion habituelle sur les pertes, Moscou a tout de même indiqué que le prix pour récupérer cette ville est “assez élevé, les ukrainiens estiment à 10 000 ou 15 000 hommes russes morts depuis l’été.

La bataille de Soledar est menée en majorité par le groupe paramilitaire de Wagner du côté russe. Ce qui n’est pas un hasard, le groupe en tire un double avantage, puisque la ville regorge d’argile ou de craie, et surtout, les mines de sel de Soledar sont les plus grandes d’Europe avec une extraction par année d’environ 7 millions de tonnes. À cela s’ajoute un deuxième objectif stratégique, puisque dans les souterrains se trouvent 200 kilomètres de galeries.

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