Que s’est-il passé en Europe cette semaine du 16 au 22 Janvier

Articles par Helena Sarkis et Garance Turpin

 

Guerre en Ukraine : le crash d’un hélicoptère cause la mort de 14 personnes, dont le ministre de l’Intérieur de Volodymyr Zelensky

Un drame est survenu mercredi 18 janvier à proximité de la capitale ukrainienne. Le crash d’un hélicoptère à Brovary, une ville de quelque 100 000 habitants qui touche la banlieue Est de Kiev, a causé la mort de 14 personnes. Les 9 individus qui se trouvaient à bord de l’appareil ont tous succombés à l’accident, à savoir les trois membres d’équipage ainsi que six personnes rattachées au ministère de l’Intérieur dont le ministre de l’Intérieur ukrainien lui-même, Denys Monastyrsky, son adjoint, Yevgeny Yenin, et le secrétaire d’Etat du ministère, Yuri Lubkovich.

Des civils figurent également parmi les victimes, notamment des habitants et des écoliers qui se rendaient dans leur classe : 25 personnes ont été blessées et hospitalisées, dont 11 enfants. En effet, l’hélicoptère s’est écrasé aux abords d’une école maternelle, provoquant un incendie qui se serait propagé sur près de 500 m2, d’après les services nationaux d’urgence ukrainiens. « Il y a eu un énorme bruit (…) l’hélicoptère tournait sur lui-même, en feu”, a déclaré un témoin. Au moins 127 personnes et 30 véhicules dans le cadre des opérations de secours ont ensuite été dépêchés sur les lieux de l’accident, accompagnés de psychologues afin de prendre en charge les victimes.

Denys Monastyrsky, âgé de 42 ans, était en poste depuis juillet 2021 et se rendait mercredi à Kharkiv sur la ligne de front pour rencontrer des soldats, selon la présidence. « Le but de ce vol était d’aller vers l’un des points chauds de notre pays où se déroulent les combats. Le ministre de l’Intérieur s’y rendait », a affirmé le conseiller présidentiel Kirill Timochenko.

Pour l’heure, les autorités ukrainiennes évaluent plusieurs théories afin d’expliquer ce crash. Les services de sécurité ukrainiens envisagent, entre autres, une violation des règles de vol, un dysfonctionnement technique tel qu’une panne ou encore un sabotage. Volodymyr Zelensky a par ailleurs demandé l’ouverture d’une enquête criminelle afin de clarifier les circonstances de la mort de son ministre.

Cette tragédie intervient quatre jours après une frappe meurtrière à Dnipro, dans l’est de l’Ukraine, où un missile russe avait ravagé un immeuble résidentiel, faisant au moins 45 morts dont six enfants ; un des bombardements les plus meurtriers depuis le début de la guerre russo-ukrainienne.

À la suite de cet événement, le président Volodymyr Zelensky a souhaité exprimer sa tristesse dans un message en ligne. « Notre peine est indicible » a-t-il confié, en qualifiant ce crash de « terrible tragédie ». Le président du Conseil européen, Charles Michel, s’étant rendu à Kiev ce jeudi 19 janvier, a quant à lui déploré le décès d’« un grand ami de l’Union Européenne ». Entre autres, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, les Services du Premier ministre britannique ainsi que l’ambassade des Etats-Unis ont présenté leurs condoléances à l’Ukraine. De son côté, la Russie n’a fait aucun commentaire à ce sujet.

Le chef de la police nationale ukrainienne, Ihor Klymenko, devrait donc exercer l’intérim à la tête du ministère de l’Intérieur, d’après le Premier ministre Denys Chmyhal, en attendant que le Parlement ukrainien élise un nouveau successeur au poste de Denys Monastyrsky.

 

Forum de Davos 2023 : un sommet au cœur des controverses

Le Forum économique mondial de Davos a finalement fait son grand retour en présentiel lundi 16 janvier, en Suisse, après plus de deux années marquées par la pandémie. Cette 53ème édition affiche une volonté de “coopérer dans un monde fragmenté”, en se concentrant notamment sur l’invasion russe de l’Ukraine, le dérèglement climatique et la mondialisation en crise existentielle. Cette année, le mot d’ordre est polycrise, un terme qui exprime aussi bien les craintes que les espoirs du capitalisme, mais qui renvoie également à la complexité des enjeux économiques actuels et les difficultés à y faire face.

Bien que les Russes étaient absents pour la deuxième année consécutive, une délégation ukrainienne était attendue, accompagnée du président Volodymyr Zelensky intervenu à distance, dans le but d’accentuer la nécessité de nouvelles livraisons d’armes. Et ces derniers ont obtenu gain de cause. En effet, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a annoncé mercredi 18 janvier « un soutien accru avec des armes plus lourdes et plus modernes » à l’attention de l’Ukraine. Le Royaume-Uni a déjà promis 14 chars lourds Challenger 2 et la Pologne se dit prête à envoyer 14 chars Léopard 2 de fabrication allemande, si Berlin autorise leur réexportation vers l’Ukraine. En réalité, Berlin a jusqu’à présent résisté à l’idée de fournir les chars modernes ou d’autoriser les partenaires qui en disposent à le faire, affirmant que les chars occidentaux ne devraient être fournis à l’Ukraine que s’il existe un accord entre les principaux alliés de Kiev, notamment les États-Unis. Cette question allemande reste donc encore en suspens.

https://www.flickr.com/photos/worldeconomicforum/52636782501/Néanmoins, bien que ces réunions annuelles au sommet de la station suisse aient pour but de mettre en place une coopération entre les pays tout en réfléchissant sur les enjeux globaux, ce forum reste particulièrement controversé et critiqué, et ce, notamment par de nombreux activistes environnementaux. Cette réunion est une concentration pendant plusieurs jours de chefs d’Etats et de gouvernements, d’organismes internationaux, de patrons de multinationales qui ont fait le déplacement depuis les quatre coins du monde. Mais pour la jeune Greta Thunberg, Davos réunit « ceux qui détruisent le plus la planète » et qui placent « les profits économiques à court terme au-dessus des gens, et au-dessus de la planète ». Ce n’est pas la première venue de la suédoise au Forum de Davos. Depuis 2019, cette dernière se rend dans la station suisse pour dénoncer ce qu’elle considère comme des “discussions entre privilégiés”, alors que la crise climatique est imminente. Cette année, elle est notamment accompagnée de l’équatorienne Helena Gualinga, l’ougandaise Vanessa Nakate et l’allemande Luisa Neubauer, sur la base d’une pétition lancée cette semaine réclamant l’arrêt par les multinationales de l’exploitation des énergies fossiles. Le texte avait réuni plus de 910 000 signatures jeudi en début d’après-midi.

Mais une dernière controverse est venue noircir le tableau en fin de semaine. Le forum s’est effectivement achevé vendredi 20 janvier, et en conséquence, un grand nombre de participants ont quitté la très huppée station alpine à bord de jets privés, à savoir le moyen de transport le plus inégalitaire et le plus polluant au monde. L’ONG Greenpeace a donc dénoncé une nouvelle fois un entre-soi “indécent” et “hypocrite”, sur fond d’envolée du trafic. Les jets privés à Davos – un peu plus d’un millier d’appareils lors de l’édition 2022 – émettent en une semaine autant de CO2 que 350 000 voitures ; un constat qui vient une nouvelle fois décrédibiliser les élites politiques et économiques qui tentent inlassablement de se présenter comme les bons élèves en plein cœur de la crise climatique.

 

Budget français et guerre en Europe: les priorités du Président Macron en cette nouvelle année

Emmanuel Macron a annoncé ce vendredi 20 janvier un nouveau projet de loi de programmation militaire. Les années 2024 à 2030 seront orientées vers la “transformation des armées”, notamment avec la hausse du budget dédié aux armements militaires et au financement des armées sur les sept prochaines années. 

Les 413 milliards d’euros compris dans cette enveloppe au développement militaire sont perçues comme synonyme du besoin de contrôle des armées face au retour de la guerre en Europe depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce montant représente près d’un tiers de plus que l’enveloppe de la précédente loi de programmation militaire de 2019 – 2025. 

Selon le Président de la République, le projet de loi de programmation militaire de 2024 – 2030, qui sera voté au Parlement durant l’été, représente “un changement profond qui sera ensuite irréversible”. “On passe d’une logique de réparation à une logique de transformation des armées.” 

La nouvelle programmation militaire s’apparente alors à une volonté d’adaptation de l’armée française face aux enjeux spécifiques à l’ère contemporaine, ainsi qu’à l’émergence de conflits modernes, prenant des formes nouvelles, à travers le monde. 

D’après Sébastien Lecornu, ministre des armées de France, “la loi de programmation militaire permet à la France de rester une puissance mondiale”. La loi 2024 – 2030 reflèt alors une nécessité de réinvention et de modernisation des armées dans les pays influents, notamment en Europe où les nations sont directement, ou indirectement, confrontées à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. 

https://images.pexels.com/photos/40820/military-men-departing-service-uniform-40820.jpeg?auto=compress&cs=tinysrgb&w=1260&h=750&dpr=2 Par le même biais, le Président Emmanuel Macron affirme le rôle de puissance européenne et mondiale qu’occupe la France. C’est dans cette même volonté que les membres du gouvernement ont souligné leur amitié avec l’Espagne lors de leur visite jeudi 19 janvier. Pour autant, la politique d’influence internationale, mise en avant par le Président Macron, ne satisfait pas une large partie de la population française qui se soulevait, en ce même 19 janvier, dans les rues afin de contester la loi de réforme des retraites. L’année 2023, est, dès ses premières semaines, impactée par de nombreux débats internes et externes, ainsi que des résolutions de modernisations nécessaires au sein du gouvernement et de ses ministères tout comme à l’échelle internationale. 

 

Néonicotinoïdes: les pesticides face à l’Union-européenne

Les pesticides néonicotinoïdes, aussi appelés “tueurs d’abeilles”, ont fait l’objet d’une résolution de la part du parlement européen ce jeudi 19 janvier en raison de la menace qu’ils représentent pour la biodiversité. Interdits en 2018 au sein de l’Union, en raison de leur dangerosité à la fois envers la nature et les habitants des régions cultivées, dont certains pays européens se sont permis un nombre trop important “d’autorisations d’urgence”, notamment les producteurs de betteraves sucrières français. Ces dérogations étaient liées à la difficulté des agriculteurs à cultiver leurs pouces sans pesticides, ainsi que le manque d’alternatives aux néonicotinoïdes. Cyril Cogniars, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) se dit “abasourdi”, confronté à “une décision brutale qui, à moins de deux mois des semis, leur pose question”. 

Le gouvernement français s’apprêtait en effet à octroyer une nouvelle fois une “autorisation d’urgence” pour les planteurs du Nord-Est de la France. Malgré leur désarroi, les défenseurs de l’environnement au sein de l’Union-européenne se réjouissent de cette “décision formidable” et “d’une grande victoire pour les écologistes” selon le porte-parole de l’association Générations futures, François Veillerette. 

Les pesticides sont des produits utilisés en agriculture afin de lutter contre les adventices, c’est-à-dire les mauvaises herbes, ainsi que protéger les cultures d’autres types de nuisibles selon le ministère de la santé et de la prévention. Les néonicotinoïdes agissent de façon systémique, en d’autres termes, ils se propagent dans toute la plante afin de la protéger des ravageurs, ils agissent sur le système nerveux central des insectes afin de les tenir éloignés des plantations. Ces pesticides ne sont pas biodégradables et possèdent un effet toxique à une échelle supérieure à celle des plantations. Ils seraient notamment responsables du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles (la mortalité anormale des abeilles domestiques). 

https://images.pexels.com/photos/9280745/pexels-photo-9280745.jpeg?auto=compress&cs=tinysrgb&w=1260&h=750&dpr=2Bien que cette résolution européenne réjouit les écologistes, les agriculteurs craignent pour leurs plantations, qui se trouvent à présent non protégées des insectes nuisibles. L’usage d’autres pesticides devra alors être envisagé, ce qui, selon l’agriculteur Vincent Brounaison semble incohérent avec la politique environnementale envisagée par l’Union européenne. 

 

 

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