Que s’est-il passé en Europe cette semaine? (Du 15 au 21 mai)

Articles par Marjorie Cioco et Luana Humblot

Élections présidentielles 2023 en Turquie: une avancée démocratique?

Le 14 mai 2023 s’est déroulé le premier tour des élections présidentielles en Turquie. Il a permis de savoir qui s’opposerait au second tour qui aura lieu le 28 mai prochain. Le président actuel Recep Tayyip Erdogan affrontera Kemal Kiliçdaroglu, social démocrate. C’est la première fois depuis 20 ans que le président doit affronter un second tour des scrutins. Lors du premier tour, la participation s’est élevée à 90% en Turquie, une première depuis longtemps. Erdogan est arrivé en tête avec 49,5% des suffrages, tandis que son adversaire a récolté 44,9% des voix. Alors qu’on s’attendait à des conflits lors des élections, il n’y a pas eu de tensions dans les bureaux de vote, ce qui est une “bonne nouvelle” d’après l’Union européenne. C’est une victoire pour la démocratie avec cette forte participation. Cependant, la campagne électorale a été marquée par une absence d’équité au niveau de la parole. Erdogan a d’ailleurs déclaré qu’il respecterait le verdict dans tous les cas, alors que d’après Samim Akgönül, directeur du département d’études turques à l’université de Strasbourg, “Erdogan aime faire semblant de jouer avec les règles démocratiques”. D’après lui, la forte participation peut aussi être synonyme de manque de démocratie, “parce que les gens voient cela comme la seule issue possible”. Dans ce cas, le second tour et la participation au vote pourraient être considérés comme une façade démocratique.

Le candidat arrivé en troisième position au premier tour, Sinan Ogan, ne s’est toujours pas prononcé sur son choix de vote, et le basculement de ses voix peut faire la différence. Représentant l’Alliance ancestrale, ses idées se rapprochent d’Erdogan au niveau de la question kurde, se considérant comme anti-kurde. D’un autre côté, au niveau de l’immigration, il propose le renvoi de 3 millions de réfugiés syriens, ce qui le rend proche de Kiliçdaroglu qui est pour la lutte contre l’immigration. Il est aussi une figure du nationalisme laïc, l’écartant davantage de Erdogan. Avec ces divergences, il est impossible de savoir réellement vers qui il basculera ses voix le 28 mai. 

C’est la première fois depuis longtemps que les élections présidentielles en Turquie se déroulent sans tensions, avec un second tour qui n’avait pas lieu depuis deux décennies. Cela n’est pourtant pas synonyme de totale démocratie. Le résultat du second tour est donc très attendu en Turquie et en Europe, pour éclairer sur l’avancée démocratique du pays ou sur son recul.

Sommet Choose France: rencontre entre Elon Musk et Emmanuel Macron 

Lundi 15 mai, Elon Musk a rencontré Emmanuel Macron et Bruno Le Maire à Versailles à l’occasion du sommet Choose France. Instauré par le président en 2017, le sommet a pour but de présenter aux entreprises les nouvelles réformes favorisant les activités économiques en France. Il permet donc de mettre en avant l’attractivité de la France et favoriser les investissements afin d’assurer la croissance, l’emploi et l’innovation dans le pays.

A l’occasion de cette sixième édition, Emmanuel Macron reçoit plus de 200 grands patrons d’entreprises étrangères à Versailles. Environ 13 milliards d’euros d’investissement et 8 000 emplois créés directement ont été annoncés, dont la création d’une usine de batteries électriques du fabricant taïwanais Prologium à Dunkerque. 

Emmanuel Macron a profité de la venue d’Elon Musk pour le convaincre que la France cherchait à attirer des entreprises étrangères pour espérer décrocher un investissement dans le pays de la part du directeur général de Tesla et SpaceX. Cependant, Elon Musk n’a pas parlé d’investissement directement mais il s’est dit “confiant que Tesla fera à l’avenir des investissements significatifs en France”. 

 

Élections législatives grecques

Huit mois après le scandale du “Watergate grecque” en novembre dernier, les Grecsgrecques se rassemblent dans les urnes ce dimanche 21 mai pour élire les 300 députés du Parlement (Vouli). Le chef du gouvernement, de tendance conservatrice et dirigeant de Nouvelle-Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, considéré comme le favori, a rassemblé vendredi une dernière fois ses partisans, tout comme son principal rival Alexis Tsipras qui lui appelle au “changement”. A l’instar de nombreux pays de l’Union européenne, la Grèce fait face à une flambée des prix des denrées alimentaires et du coût de la vie en général ; des préoccupations majeures pour les électeurs. Dans ce contexte, les conservateurs de la Nouvelle Démocratie plaident pour une plus grande stabilité, particulièrement dans la discipline budgétaire. En tête des intentions de vote, Kyriakos Mitsotakis, pourrait cependant ne pas obtenir une majorité absolue pour constituer un gouvernement dimanche soir. Dans cette éventualité, il envisage de tenir de nouvelles élections début juillet, où son parti pourrait bénéficier d’un avantage en termes de sièges en raison d’un système électoral différent. Le bilan des autres dernières années du premier ministre actuel reste très contesté notamment en raison du scandale du Watergate et de la forte opposition qui s’est développée au parti. En effet, en août dernier, le gouvernement conservateur s’est retrouvé “embourbé dans un scandale d’écoutes de personnalités politiques et médiatiques” à l’aide d’un logiciel d’espionnage. Ces accusations graves ont véritablement terni l’image du gouvernement aux yeux des pays de l’UE et révèlent la crise diplomatique du gouvernement conservateur. D’autres évènements et affaires ont aussi déstabilisé le gouvernement actuel ; remise en cause du gouvernement “pour refoulements illégaux et violents de migrants à la frontière avec la Turquie” et multiplication des manifestations contre l’inflation qui s’est élevé jusqu’à 9,1% en octobre dernier. Paradoxalement, sur le plan économique, la Grèce a su rassurer les pays membres de l’UE estimant que la situation économique n’a rien à voir avec les années plus sombres qu’a connu la Grèce dans les années 2010.  Dernièrement, la croissance économique grecque est même la plus rapide de la zone euro. Si la confiance règne dans le domaine économique, ce n’est pas le cas en ce qui concerne la qualité de l’état de droit de la République hellénique. En effet, le mois dernier, Reporters Sans Frontières dénonçait le non-respect de l’état de droit en publiant un classement sur la liberté de la presse dans le monde dans lequel la Grèce est arrivée 107ème et dernière des 27 membres de l’UE. 

 

Les 10 ans de la loi Taubira

(Photo by Estelle Ruiz / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Ce mercredi 17 mai 2023 marque la décennie qui s’est écoulée depuis la promulgation de la loi Taubira sur le mariage pour tous en France. “Son adoption a suscité de vifs débats entre les défenseurs du principe d’égalité et les opposants inquiets d’une remise en cause des fondements de la famille”. Jour historique dans l’Assemblée Nationale, l’adoption de la loi fait suite à des mois de protestations et de manifestations violentes à Paris alors que nos voisins Belges n’ont mis que quelques semaines à l’adopter 10 ans auparavant. La France est ainsi devenu le 14e pays du monde à autoriser les mariages homosexuels et en a celebré plus de 70 000 depuis 2013. 

Pour célébrer ce succès et cette avancée dans l’égalité des droits de l’Homme, l’Hôtel de ville à Paris, a organisé ce mercredi une commémoration de la loi avec un grand bal populaire; une sorte de pride avant l’heure. Cette semaine de festivité s’est aussi poursuivie en Belgique lors de la “Belgian and European Pride” qui s’est déroulée ce samedi 20 mai. L’EuroPride est une manifestation paneuropéenne similaire à la marche des fiertés mais qui a pour particularité d’être accueillie par une ville européenne différente chaque année. Cette année c’est la Belgique qui a été désignée comme hôte de la pride européenne; on pouvait voir les drapeaux de l’Europe et arc-en-ciel flottaient ensemble dans la foule. Pour l’occasion, la Brussels Pride a adopté le slogan d’Amnesty International : “Protect the Protest”, un appel à défendre le droit fondamental de manifester, en Belgique, en Europe et dans le reste du monde.

Créé en 1969 à la suite des émeutes de Stonewall, la Marche des fiertés, ou Pride, est devenue une célébration des communautés LGBTQ+. Elle est désormais célèbre dans de nombreux pays à travers le monde, servant de moyen de revendication pour la liberté et l’égalité des personnes LGBTQ+. Cet événement annuel permet de mettre fin à l’invisibilisation de cette communauté et de sensibiliser aux causes. En effet, malgré les avancées, la communauté LGBTQ+ reste toujours la cible d’attaques physiques et de cyberharcèlement. Par exemple, trois journalistes de Mediapart ont récemment réalisé un documentaire sur les pièges tendus aux personnes homosexuelles. Des individus malveillants les attirent sur des sites de rencontre, prétendant être des rendez-vous amoureux, pour ensuite les agresser violemment, les poignarder voire les laisser pour morts. Certains de ces agresseurs diffusent en direct ces actes barbares sur les réseaux sociaux, dans le but de choquer leur communauté. Au cours des cinq dernières années, environ 300 de ces agressions ont été signalées, soit une par semaine.

La lutte contre l’homophobie et la transphobie est maintenant intégrée dans l’enseignement moral et civique des écoles. Toutefois, les violences anti-LGBTQI + ont tout de même doublé en cinq ans. C’est pourquoi les événements tels que les marches des fiertés sont essentielles pour la communauté LGBTQ+ pour lutter contre les discriminations et sensibiliser un maximum de personnes. 

Articles recommandés