Que s’est-il passé en Europe cette semaine? (Du 30 octobre au 5 novembre)

Articles par Eva Gandaloeva et Lila Salmi

Ursula von der Leyen s’engage à rapprocher les Balkans occidentaux de l’UE : l’importance des réformes politiques 

 

Ursula von der Leyen et le premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, à l’occasion de visite de la présidente de la commission européenne.

Ce lundi 30 octobre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a entamé une visite de quatre jours dans les Balkans occidentaux avec un engagement fort en faveur du rapprochement des économies de la région et de l’Union européenne. Lors de sa première journée de visite en Macédoine du Nord et au Kosovo, elle a annoncé l’objectif ambitieux de doubler l’économie de ces deux pays au cours de la prochaine décennie. Ce plan de croissance s’inscrit dans le cadre du programme de 6 milliards d’euros de l’UE pour les Balkans occidentaux.

La présidente de la Commission européenne a cependant averti que l’ouverture de la voie de l’adhésion à l’UE dépendra de la mise en œuvre de réformes politiques dans ces pays. Ces réformes incluent la garantie d’une administration et de finances publiques saines, l’indépendance du système judiciaire et la lutte contre la corruption.

Au-delà de l’aspect politique, l’intégration de ces pays requiert également une certaine ouverture à l’échelle internationale, le premier pas à faire concerne la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo. Les tensions entre les deux parties remontent déjà à la chute du bloc soviétique et à la dislocation de la Yougoslavie. Quoi qu’il en soit, la normalisation des relations est considérée comme un préalable essentiel pour une entrée dans l’Union européenne.

D’un autre côté, le plan de croissance de l’UE permettra aux entreprises des Balkans occidentaux d’accéder au marché unique européen dans sept secteurs en échange de réformes clés. D’après la Commission européenne, une évaluation des progrès acquis sera publiée le 8 novembre prochain. En ce sens, l’UE prévoit également d’injecter des fonds dans des investissements stratégiques pour encourager les réformes et rapprocher les économies des Balkans occidentaux de celles de l’UE. Ursula von der Leyen estime que cette initiative pourrait augmenter le PIB de la région de 10 %.

Alors que des blocages et des défis subsistent, notamment en ce qui concerne la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo, Ursula von der Leyen a souligné la dynamique en faveur du processus d’élargissement de l’UE. Elle a également salué les premières mesures prises par la Macédoine du Nord pour reconnaître la minorité bulgare, bien que ces changements soient encore confrontés à des obstacles politiques. C’est en observant tous ces mouvements faits en faveur de l’adhésion des Balkans occidentaux, que nous comprenons que la visite d’Ursula von der Leyen marque un engagement fort en faveur du rapprochement économique avec l’UE, mais souligne également l’impératif des réformes politiques pour l’adhésion future, illustrant ainsi la complexité du chemin vers une Europe plus unie.

Légende :  Ursula von der Leyen et le premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, à l’occasion de visite de la présidente de la commission européenne.

 

La droite italienne opte pour la division aux élections européennes : synonyme d’une nouvelle dynamique de la politique européenne ?

 

Ce mardi 31 octobre, les partis de droite italiens, au pouvoir en Italie, ont annoncé leur décision de ne pas former de listes communes aux élections européennes de 2024 et ce malgré leur alliance nationale. Une telle décision soulève des questions sur une potentielle nouvelle dynamique dans la politique européenne et l’impact que cela pourrait avoir sur l’avenir de l’Union européenne.

Fratelli d’Italia, Forza Italia et la Lega font tous partie de la même branche politique en Italie, mais ont choisi de se présenter séparément aux élections européennes. Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, a exprimé son désir de créer des “chemins communs” avec d’autres partis de centre droit en Europe pour former une majorité de droite au Parlement européen. Cependant, l’accent est mis sur la coopération sans nécessairement former une liste commune.

La formation d’une majorité de droite au Parlement européen ne peut se faire qu’en réunissant les groupes  des Conservateurs et Réformistes Européen (CRE) – une coalition de partis politiques de centre-droit très engagée dans les débats européens- et Parti populaire européen, l’une des plus grandes forces politiques de droite au Parlement européen. Le PPE, auquel appartient Forza Italia, demande que les partis avec lesquels ils coopèrent soient favorables à l’Union européenne, à l’État de droit, et soutiennent l’Ukraine. Fratelli d’Italia répond à la plupart de ces conditions mais ne présente pas d’aversion envers la politique de l’UE. À la différence de la Lega qui a fait le choix de  les remplir que partiellement en raison de ses positions ouvertement  critiques envers l’Union européenne.

Quoi qu’il advienne, la décision des partis italiens de droite de ne pas se présenter ensemble aux élections européennes pose des questions importantes. Observe-t-on un changement dans la politique en Europe ? Les alliances entre les partis de droite dans toute l’Europe sont-elles en train de changer ? Est-ce que les désaccords sur des questions comme l’Union européenne et l’État de droit rendront difficile la formation d’une majorité au Parlement européen ?

L’avenir politique de l’Union européenne semble évoluer, avec de nouvelles alliances potentielles qui pourraient influencer la direction de l’UE. Les élections européennes de 2024 seront un moment clé pour voir si cette décision de division de la droite italienne annonce un nouveau chapitre dans la politique européenne. Les événements à venir nous permettent de répondre à ces questions. Il est certain que l’avenir  politique de l’Union européenne se dessine avec de nouvelles alliances possibles au sein de la droite européenne, tandis que les désaccords sur des questions clés soulèvent des questions sur la formation d’une majorité.

 

Nouvel échec pour l’accord de libre échange entre l’Union Européenne et l’Australie alors que les deux parties s’accusent mutuellement de refuser tout compromis 

 

Ce dimanche 29 octobre, l’Australie et l’Union Européenne ont de nouveau échoué à s’entendre sur un accord de libre-échange. Tenues par le ministre du commerce australien Don Farrell à Osaka, en marge de la réunion ministérielle du G7, ces discussions ont également mobilisé près de 10 représentants de l’UE. Depuis 2018, les deux parties tentent d’aboutir à un tel accord dans le but de renforcer les relations bilatérales mais font face à des obstacles pourtant bien identifiés.

L’Union Européenne est déjà la seconde source d’investissement étranger pour l’Australie et son troisième partenaire d’échange. L’invasion de l’Ukraine ayant fragilisé l’économie de l’UE, conclure un accord de libre-échange lui permettrait de s’assurer une plus grande sécurité économique. L’Australie pourrait entre autres lui fournir des minéraux qu’elle se procure autrement par le biais de la Russie et de la Chine.

Au cours des cinq dernières années, ces négociations ont connu plusieurs tendances. Elles ont d’abord été freinées par le froid entre l’Australie et la France suite à l’annulation par Canberra d’un contrat de 56 milliards d’euros pour des sous-marins au profit des États-Unis et du Royaume-Uni en 2021. Puis, la guerre en Ukraine lui a donné un nouvel élan avec des sanctions communément émises envers le Kremlin, ce qui a relancé les relations commerciales entre l’Australie et l’Union Européenne. Les négociations ont alors avancé depuis un premier échec en juillet. Ces progrès ont conduit à envisager « des dispositions sur l’accès au marché, les mesures sanitaires, les matières premières essentielles et la taxe de 33 % sur les voitures de luxe que l’Australie impose aux véhicules dont le prix dépasse certains seuils » comme le rapporte Euronews. Qualifiée de « zone d’atterrissage », la mise en place de l’ensemble de ces mesures devait être finalisée à Osaka.

Les négociations restent cependant au point mort suite à leur rencontre. Les exportations agricoles et les indications géographiques sont les deux causes principales de ce blocage. “L’Australie et l’UE se sont accusées mutuellement de ne pas vouloir faire de compromis”, a rapporté  The Guardian. L’Australie souhaite exporter des produits agricoles tels que le bœuf, la viande ovine, le sucre et les produits laitiers. L’UE accuse Don Farrell de faire de nouvelles propositions incompatibles avec les conditions préalablement établies par cette dernière. L’UE avait pourtant accepté de baisser les droits de douane habituellement élevés. Autre point de discorde, la volonté d’exporter parmi ces produits des produits aux appellations d’origine protégée (AOP), ce à quoi s’oppose fermement l’Union Européenne. En effet, en Europe, les indications géographiques ainsi que les méthodes de production sont strictement contrôlées ce qui ne permet pas à l’Australie de produire comme elle le souhaite de la fêta, du prosecco ou même du jambon de parme. Suite à cela, l’Australie et l’UE s’accusent mutuellement d’entraver le cycle des négociations.

Il semble que les deux parties souhaitent poursuivre les négociations mais les élections européennes de juin 2024 et les élections législatives australiennes de septembre 2025 risquent de freiner le processus.

 

L’UE co-signe une déclaration commune à 28 États à l’occasion d’un premier sommet mondial sur l’intelligence artificielle 

 

L’Union Européenne ainsi qu’une vingtaine d’autres pays dont la Chine et les États-Unis se sont réunis ce mercredi 1er novembre à l’occasion du premier sommet mondial sur l’intelligence artificielle. Des experts de l’IA, des géants de la tech et de hauts responsables politiques tels qu’Antonio Guterres (secrétaire général des Nations unies) y étaient également conviés. C’est à Bletchley Park, au Royaume-Uni, dans le manoir où Alan Turing a décrypté Enigma, que s’est déroulé ce sommet et qu’a été signée la Déclaration de Bletchley.

Ce sommet a été organisé alors que la menace sécuritaire que constitue l’intelligence artificielle apparaît de plus en plus concrète. Selon Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis, elle pourrait “mettre en péril l’existence même de l’Humanité”. C’est donc dans le but de s’accorder sur la régulation à imposer, afin de mieux gérer les risques liés à l’intelligence artificielle, que s’est déroulé ce sommet.

La déclaration de Bletchley, signée par l’Union Européenne et les autres pays présents à ce sommet constitue un premier pas réalisé dans ce sens. Elle vise à mettre en place un « développement « sûr » de cette technologie » selon Les Échos. “Cette déclaration historique marque le début d’un nouvel effort mondial visant à renforcer la confiance du public dans l’IA en veillant à ce qu’elle soit sûre”, a déclaré Rishi Sunak sur X dont le gouvernement était à l’origine de l’organisation du sommet. Cette déclaration officialise un souci partagé de coopération internationale, d’établissement de normes de sécurité ainsi que la volonté d’inclure l’éthique et la transparence comme pilier de cette régulation. Elle mentionne notamment la mise en place d’un groupe d’expert similaire au GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui serait « chargé de publier un état des lieux de l’IA » comme le précise Le Monde. Cette proposition avait été formulée par le premier ministre britannique. Elle promet également un accord pour tester et évaluer les nouveaux modèles d’IA en amont de leur commercialisation.

La ministre britannique de la technologie Michelle Donelan précise cependant que cette réunion « n’a pas pour objectif de poser les bases d’une législation mondiale, elle doit servir à tracer une voie à suivre ».

La commissaire européenne chargée des valeurs et de la transparence, Věra Jourová, était présente pour représenter les intérêts de l’UE. La présidente de la commission de l’union européenne Ursula von der Leyen l’a également rejointe sur place ce jeudi 2 novembre. Les Etats membres de l’UE “travaillent sur leur propre législation en matière d’intelligence artificielle depuis trois ans”, comme le rappelle Politico, ce qui les a menés en juin dernier à se doter d’une réglementation spécifique sous le nom d’AI Act. La participation de l’UE à ce sommet est d’autant plus cruciale qu’elle se positionne bien derrière ses rivaux en terme de financement de l’IA avec 5 milliards d’euros investis contre 50 milliards investis par les États-Unis et 10 milliards par la Chine.

Mais la manière dont ces démarches sont menées ne fait pas l’unanimité. Ce texte a, à l’époque, été critiqué pour son manque de transparence, tout comme l’est aujourd’hui le sommet de Bletchley auquel on reproche de se tenir à «huis clos».

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