Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (du 15 au 21 avril 2024)

Articles par Melissa Herot et Mona Jansen

Le Pacte vert : sujet incontournable des élections européennes qui ravive de profondes divisions 

 

Point de presse des eurodéputés (à gauche, François Xavier Bellamy, à droite, Raphaël Glucksmann) suite au débat sur l’état de l’Union européenne 2023 [Union européenne 2023]

Le 16 avril dernier, le troisième débat sur la question climatique en vue des élections européennes a été organisé à l’Université d’Angers (France). Au cœur des débats, la question du Pacte vert ravive les divisions entre les groupes politiques européens

Le mauvais score du groupe Parti populaire européen (PPE) sur les votes en faveur du Pacte vert 

Le Pacte vert, en tant que feuille de route environnementale de la Commission européenne, ambitionne de transformer plusieurs secteurs de la société, notamment les émissions de gaz à effet de serre, l’agriculture et la biodiversité, dans le but principal d’atteindre la neutralité climatique de l’Union européenne d’ici 2050. Dès son lancement en 2019, le Pacte vert a fait l’objet de désaccords profonds entre les groupes politiques. En mars dernier, les cinq principales ONG environnementales basées à Bruxelles ont mené une enquête pour évaluer les partis politiques en fonction de leur soutien ou de leur opposition au Pacte vert. Partagée par Euronews, l’enquête révèle une division politique claire au sein du Parlement européen en ce qui concerne l’action climatique et la protection de la nature. Les données montrent que cette division ne se limite pas aux extrêmes politiques mais traverse également le centre du paysage politique. Si le groupe des Verts a été le plus favorable aux mesures environnementales, le groupe d’extrême droite Identité et démocratie a été le moins favorable. Concernant les sociaux-démocrates, ils ont obtenu un score relativement élevé, en contraste avec le Parti populaire européen (PPE). La faiblesse de ce dernier est remarquable, surtout compte tenu de l’importance accordée au Pacte vert par la présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen, qui l’avait placée au cœur du programme politique de son institution.

Quel avenir pour le Pacte vert ? 

À l’approche des élections européennes de 2024, la question de l’avenir du Pacte vert demeure centrale pour la politique environnementale de l’Union Européenne. Chiara Martinelli, directrice de Climate Action Network Europe, l’une des organisations à l’origine de l’enquête, a exprimé sa préoccupation quant à la marginalisation potentielle de la politique environnementale lors des prochaines élections européennes. Elle appelle les citoyens européens à prendre conscience de la possibilité réelle d’un Parlement européen dominé par des penseurs conservateurs, soulignant l’importance de voter pour des partis engagés à protéger le climat et à renforcer le Pacte vert européen.

Bien que les principales têtes de liste françaises aient été présentes au débat organisé à l’Université d’Angers, telles que Raphaël Glucksmann, le candidat donné en tête des sondages était absent. À la place de Jordan Bardella, c’est Jean-Philippe Tanguy, vice-président de son parti, qui a répondu à l’appel. Chaque candidat n’avait que deux minutes et demie pour répondre à cette question en donnant son point de vue sur quatre sujets différents. Lors de ce débat, il a été flagrant de voir comment le pacte vert ravive en France le clivage gauche-droite. Si une partie des candidats ont affirmé leur engagement contre le changement climatique, les partis d’extrême droite et conservateurs ont adopté une position opposée au Pacte vert. Cette opposition s’est notamment manifestée suite aux protestations des agriculteurs qui ont secoué l’Europe ces derniers mois, certains considérant que les politiques environnementales proposées pourraient avoir un impact négatif sur le secteur agricole.

La fin des voitures thermiques soutenue par la gauche, rejetée par la droite 

Mesure climatique la moins populaire en Europe, la fin des voitures thermiques neuves en 2035 dispose d’un large soutien des élus de gauche. Manon Aubry (La France insoumise, groupe La gauche) et Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique, groupe S&D) ont insisté sur l’impérieuse nécessité, selon eux, de développer les transports publics à moindres frais pour les classes moyennes et pauvres. Quant au Rassemblement national, il exprime son opposition à cette mesure en soulignant que celle-ci est irréalisable, arguant que « l’objectif 2035 est déjà mort ». Pour l’élu d’extrême droite, la transition écologique n’est possible qu’en remettant sur la table ce qu’ils considèrent être le vrai problème : la  mondialisation . Le Green Deal, en ce sens, n’étant qu’une « fausse promesse », un plan de plus parmi « tous les plans qui ont échoué ».

Le Piepergate : un scandale européen passé inaperçu 

 

Au cœur du Piepergate, un scandale de favoritisme menace la réélection d’Ursula Von Der Leyen à la présidence de la Commission européenne. Le pierpergate, comme l’appellent les journaux, fait suite au scandale de l’été 2023 où la présidente de la Commission nomme l’américaine Fiona Scott Morton au poste d’économiste en chef à la direction générale de la concurrence. 

L’eurodéputé allemand Markus Pieper (CDU), lors d’une session plénière du Parlement européen, à Strasbourg, le 22 novembre 2023.

Qui est donc Markus Pieper ? Eurodéputé issu du groupe Parti populaire européen (PPE), Markus Pieper est un homme politique allemand. Choisi en janvier dernier, il a été nommé par la présidente de la Commission pour devenir ambassadeur des Petites et moyennes entreprises (PME). Un poste prestigieux à la rémunération onéreuse. 

Une nomination contestée de toute part 

Loin de faire consensus, cette nomination a suscité de vives polémiques au point que Markus Pieper démissionne de ses fonctions le 15 avril dernier, alors qu’il devait entrer en fonction le jour suivant. Étant membre du même groupe politique qu’ Ursula Von Der Leyen, sa nomination a soulevé des questions sur l’impartialité, entraînant une vague de critiques concernant le copinage, le clientélisme et le favoritisme. Ces accusations reposent sur les mauvais résultats obtenus lors des premières étapes de l’évaluation interne ainsi que des réserves émises par le commissaire européen français chargé des PME Thierry Bretton. Les réserves du commissaire européen Thierry Bretton sont également partagées par les commissaires italien Paolo Gentiloni et luxembourgeois Nicolas Schmit, qui ont émis des doutes sur « la transparence et l’impartialité » de la procédure de nomination. Le Parlement européen a réclamé, jeudi dernier, l’annulation de cette nomination et le lancement d’une nouvelle procédure par un vote obtenant une large majorité (382 voix pour, contre 144 voix contre). Ces accusations sont d’autant plus importantes qu’au congrès de Bucarest début Mars, le PPE a annoncé apporter son soutien à un second mandat d’Ursula Von Der Leyen.

Une démission regrettée par la présidente de la Commission 

Selon le porte-parole de la Commission, Eric Mamer, « La présidente respecte et regrette la décision de Markus Pieper de ne pas prendre ses fonctions de représentant des PME le 16 avril comme prévu ». Le regret de la présidente de la Commission n’est pas partagé par tous. Selon le directeur de Transparency International EU à Euronews, « Markus Pieper a fait le bon choix […] Pour une nomination qui sent le copinage politique, c’est la présidente von der Leyen qui aurait dû arriver à cette conclusion il y a plusieurs semaines ». 

Attaque du 12 avril : L’UE prévoit d’élargir les sanctions contre l’Iran

 

Ce mercredi, 17 avril, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ont décidé d’augmenter les sanctions contre l’Iran suite à l’attaque de drones et de missiles contre Israël le 12 avril. 

Charles Michel, le président du Conseil européen.

Il s’agirait notamment de sanctionner les producteurs de ces armes. Cependant, les dirigeants européens soulignent qu’il faut éviter <<d’accroître les tensions dans la région>>. Il s’agirait également de sanctionner les alliés de l’Iran qui se trouvent au Moyen-Orient, au Liban, au Yémen et en Syrie.

Un des pays ayant connu le plus de sanctions au niveau international

L’Iran a connu beaucoup de sanctions au niveau international depuis l’existence de la République islamique d’Iran, c’est-à-dire depuis 1979. Les premières sanctions provenaient de la part des États-Unis en raison d’une occupation de l’ambassade américaine et d’une prise en otage de 52 fonctionnaires. Par la suite, les États-Unis ont imposé un embargo sur les armes.

C’est pour son programme nucléaire que l’Iran a reçu le plus de sanctions : des embargos sur des armes, des gels des actifs, des prohibitions du voyage et des restrictions dans le commerce. La plupart des sanctions proviennent du Conseil de Sécurité des Nations unies. Lors des répressions violentes des manifestations en 2022, l’Union européenne a émis des sanctions contre 32 individus ainsi que contre certaines organisations. Des restrictions ont également été décidées pour dénoncer le soutien militaire de l’Iran à la Russie pour la guerre en Ukraine. En plus de son programme nucléaire, les violations des droits de l’homme et le soutien militaire, l’attaque contre l’Israël s’ajoute à la liste des raisons pour lesquelles le pays est pénalisé. Ainsi, l’Union européenne prévoit d’élargir les sanctions de drônes. Une prise de décision plus concrète est prévue lundi. Le but est de limiter les capacités militaires de l’Iran. Selon Le Monde, les sanctions n’ont jusqu’à présent pas eu d’impact significatif et resteront donc probablement symboliques.

Les gardiens de la révolution

De plus, les Pays-Bas, la Suède et l’Autriche soutiennent une classification de l’organisation paramilitaire iraniennes “gardiens de la révolution”, chargée de protéger le système de la République islamique, en tant qu’organisation terroriste. Il se peut pourtant que cela ne soit pas possible car les gardes révolutionnaires ne sont persécutées dans aucun pays-membre en raison d’une attaque terroriste.

Une réunion de l’extrême droite européenne arrêtée à Bruxelles

 

Une réunion entre les représentants de la droite nationaliste ce mardi, 16 avril, intitulée National Conservatism Conference (NatCon) a été arrêtée. 

Présence de personnalités connues

Des députés du Parlement européen, des scientifiques et des figures importants de l’idéologie nationaliste étaient présents. Parmi les plus connus sont l’ancien candidat à l’élection présidentielle Éric Zemmour, le premier ministre hongrois Viktor Orban, et Nigel Farage, un homme politique important dans l’organisation du Brexit.

Viktor Orban s’exprimait contre la présence de la religion musulmane en Hongrie et sur le continent européen et critiquait l’Union européenne.

En vue des élections européennes cet été, les participants de la conférence déclarent avoir discerné leur faiblesse qui se trouverait dans les désaccords. Ainsi, ils souhaitent essayer de rechercher les points communs au lieu de discuter sur les divergences.

La principale source d’argent de cette conférence est l’Institut Danube, un Think Tank de Budapest recevant des soutiens financiers de l’Etat hongrois. Quant à l’organisation, c’est le Think Tank états-unien, la Edmund Burke Foundation qui a pris cette responsabilité. 

Une annulation controversée

Deux lieux prévus pour la réunion avaient été annulés en raison de protestations prévues dans les quartiers respectifs. Des organisations antifascistes avaient menacé de déranger la réunion. Le lieu de l’événement a été trouvé seulement le jour même, proche du quartier européen. Le maire du quartier Saint-Josse dans lequel la réunion avait lieu, tentait après quelques heures d’arrêter la NatCon en raison d’une menace de dérangements si la conférence avait lieu.

La police belge bloque l’entrée de l’hôtel Claridge à Bruxelles.

La police empêchait les visiteurs et les participants de rentrer dans la conférence. 

Mardi soir, le Premier ministre libéral de Belgique Alexander De Croo se prononçait contre l’action précipitée du maire. Il critique que l’interdiction de réunions politiques irait à l’encontre de la constitution. Le lendemain, un tribunal belge annule l’interdiction de la conférence.

Les participants de la réunion sont mécontents en raison de l’annulation et la dénoncent d’une menace du droit de liberté d’expression.

Articles recommandés