Article de Gauthier Adam, le 17 novembre 2025

Pendant vingt-cinq ans, le grand-duc Henri et la grande-duchesse Maria Teresa ont incarné, avec brio, le renouveau de la monarchie luxembourgeoise. Le 3 octobre dernier, ils ont transmis leur fonction à leur fils aîné, Guillaume, 42 ans, et à son épouse, Stéphanie de Lannoy, lors du Trounwiessel — comprenez la « succession ».

L’événement témoigne de la modernité d’une monarchie qui, contrairement à la monarchie britannique, entend proposer à son peuple un souverain engagé, proche, mais surtout dynamique et actif. À l’instar d’Henri, qui avait pu compter sur le soutien de son père en 2000, le grand-duc Guillaume bénéficiera du même appui, tout en étant encouragé à « développer sa propre façon de faire ».

Sans couronne, ni cape d’hermine, ni sceptre, le grand-duc Guillaume a pris solennellement possession de son trône, symbole unique de son règne. Si ce titre est surtout honorifique, leur rôle n’est pas dénué de sens ! La grande-duchesse Maria Teresa avait notamment décidé de lutter contre le viol comme arme de guerre et ses conséquences, au travers de son association Stand Speak Rise Up. Sujet trop ignoré, la duchesse originaire de Cuba avait d’ailleurs été récompensée par l’ONU en 2021.           Pour l’heure, on peut imaginer que Guillaume et Stéphanie poursuivront leur soutien aux œuvres caritatives, sans que l’on sache encore quelle cause précise ils choisiront de parrainer…

Sur le plan diplomatique, leur mission sera de représenter le Luxembourg en Europe, mais aussi dans le monde ! Le 24 octobre, le nouveau couple grand-ducal s’est rendu en Belgique pour sa première visite d’État officielle. Les souverains luxembourgeois ont ainsi misé — avec succès — sur des retrouvailles familiales et sur l’entente historique entre les deux pays voisins pour effectuer leur premier déplacement à l’étranger. Trois jours plus tard, c’est en Allemagne, au château de Bellevue, que le grand-duc a été reçu par le président Frank-Walter Steinmeier. Deux visites de courtoisie qui ancrent décidément le pays au sein du Benelux et du monde germanophone.

Pendant trois jours, le pays a vibré d’une ferveur nationale ! Oui, mais à quel prix ? Lors du conseil communal, la bourgmestre de la capitale, Lydie Polfer, a précisé que le coût de l’événement avoisinait les cinq millions d’euros. À cela s’ajoutent quelque trois millions d’euros supplémentaires, portant le budget total à environ huit millions. De quoi faire jaser, alors que le Luxembourg, à l’instar des autres économies européennes, connaît un ralentissement économique et une forte inflation.

Toutefois, si ces dernières années des tendances antimonarchiques voient le jour un peu partout en Europe, le Luxembourg fait figure d’exception : près de 60 % de la population exprime une sympathie affirmée envers la couronne. À croire qu’au Luxembourg, pays qui occupait la 10ᵉ place du Democracy Index en 2024, monarchie et démocratie ne sont pas antinomiques.

Reste désormais au nouveau couple grand-ducal à marquer de son sceau l’histoire du petit Grand-Duché aux 550 000 habitants !