Notre siècle a seulement 16 ans, et pourtant son bilan est déjà très largement négatif. C’est avec ce constat que Frans Timmermans, premier Vice-président de la Commission européenne, commence son essai, “Fraternité : retisser nos liens”, sorti en France le 1er septembre 2016.
Le n°2 de la Commission européenne, travailliste néerlandais polyglotte (il a étudié dans cinq pays différents, dont la France), a écrit ce petit ouvrage l’année dernière, mais l’a réadapté au public français cet été. En revenant sur les drames qui ont émaillé le monde depuis le début du XXIème siècle, attentats du World Trade Center, du Bataclan, de Bruxelles, de Nice, guerre d’Irak, crise économique, crise des réfugiés, il affirme que seule une solidarité retrouvée entre les individus et les sociétés pourra améliorer le quotidien des Européens, et plus généralement des humains.
Haine de l’élite et intégration ratée
Entre science politique, sociologie, philosophie, et références littéraires majeures, Timmermans décrypte l’actualité et les phénomènes de société. Il explique avec des mots simples la manipulation des foules par la peur, le sentiment de perte provoqué par l’arrivée de nouveaux modèles culturels, l’échec de l’intégration en Europe, la haine de l’élite. Il exhorte ses lecteurs à se souvenir des drames de l’histoire, à avoir conscience de leur répétition et à se battre contre ce mécanisme.
Convaincu que la crise des migrants est le plus sévère obstacle auquel l’Union européenne ait jamais été confrontée, il appelle les citoyens à humaniser et à individualiser les “migrants”, trop souvent vus comme un groupe homogène et en cela différencié de nous. Avec des propositions concrètes, il invite les institutions communautaires et les États-nations à collaborer et non à opposer action étatique et supranationale, comme c’est encore souvent le cas.
Un point de vue inédit
Sans vouloir tomber dans l’écueil de la tolérance à outrance, Timmermans défend une société où chacun serait préoccupé par le sort de l’autre. Certaines déclarations sont parfois un peu généralistes ou légères : promouvoir la solidarité envers les migrants semble chose facile quand on a un lectorat d’européistes de gauche. Mais le traitement de ces questions sous un angle inédit, précis et exigeant, avec une forte expertise de la politique européenne apporte à l’ensemble une vision saine et stimulante. Un manifeste citoyen à mettre entre les mains de tous.
Frans Timmermans sera présent le lundi 10 octobre, pour les 60 ans de la Maison de l’Europe, à la mairie du IVème arrondissement de Paris.
Frans Timmermans, Fraternité, Retisser nos liens, Éditions Philippe Rey. 96 pages, 9€, en librairie.
Elena BLUM