La France comme allié européen stratégique du Kazakhstan : la visite du président Kassym-Jomart Tokaïev à Paris
Article écrit par Hélène Schiavitti
Les 4 et 5 novembre 2024, le Président kazakh était en visite d’État à Paris, presque un an jour pour jour après la visite du président français au Kazakhstan. Cette rencontre donne lieu à une consolidation du partenariat stratégique entre le Kazakhstan et la France dans un contexte où le président kazakh cherche à s’éloigner du Kremlin. Environnement, géopolitique, nucléaire et immigration seront au programme des discussions.
Visite d’État du président du Kazakhstan à Paris les 4 et 5 novembre 2024
Un partenariat de longue date mais un contexte propice à sa consolidation
Il y a 32 ans, le 23 septembre 1992, les gouvernements kazakh et français signent un traité d’amitié, de compréhension mutuelle et de coopération. Ce dernier a ensuite été concrétisé par des visites d’État régulières notamment celle du président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev en 2022 et celle d’Emmanuel Macron en 2023.
Le partenariat stratégique France-Kazakhstan incarne un enjeu clé pour les deux parties prenantes. En effet, pour le Kazakhstan, la France représente 90% de ses échanges avec l’Union européenne en étant son premier partenaire commercial et économique. Du côté français, le Kazakhstan représente un acteur économique clé du Caucase puisqu’il polarise à lui seul 90% du commerce asiatique et est le premier producteur d’uranium. Dès lors, la France comme le Kazakhstan ont intérêt à renforcer leur coopération.
La particularité de cette visite d’État du président Kassym-Jomart Tokaïev, par rapport aux précédentes, tient du contexte actuel marqué par le réchauffement climatique, les mouvements migratoires de masse, les crises géopolitiques du continent eurasiatique et l’impuissance des organisations internationales face à ces situations. Cela invite les gouvernements à repenser les multilatéralismes et particulièrement les gouvernements des puissances moyennes qui prennent conscience de leur puissance économique, politique et de leur capacité médiatrice. C’est notamment le cas du Kazakhstan qui entre dans une nouvelle dynamique, celle d’une politique étrangère dite « multivectorielle » marquée par une tentative d’éloignement vis-à-vis de la Russie au profit de nouveaux partenaires. Néanmoins, en raison de sa frontière commune de 6 900 km avec le Kremlin, et de leurs liens économiques, culturels et politiques, le Kazakhstan se doit de continuer à composer avec son voisin russe. C’est pourquoi, l’historienne française et spécialiste de l’Asie centrale à l’Institut national des langues et civilisations orientales, Catherine Poujol, estime que « le Kazakhstan, sur une ligne de crête, essaye de faire du funambulisme » entre des alliances avec les Chinois, les Russes et les Européens. Mais le principal est que la France sait se saisir de cette prédisposition kazakhe pour réaffirmer leur partenariat stratégique et cela est tout l’objet de la visite d’État du président Kassym-Jomart Tokaïev à Paris ces 4 et 5 novembre 2024.
Frontière russo-kazakhe
Les grands enjeux de la rencontre
D’une part, la coopération en matière énergétique est au cœur de cette visite d’État. Déjà le traité de partenariat stratégique de 2008 prévoyait des travaux conjoints dans le domaine de l’extraction de l’uranium et de l’énergie nucléaire. De même, lors de la visite d’Emmanuel Macron au Kazakhstan en 2022, les discussions avaient également porté sur la coopération énergétique et économique avec un accord sur des investissements français dans les ressources stratégiques du Kazakhstan. Lors de la visite d’État des 4 et 5 novembre, l’accent est cette fois mis sur la coopération nucléaire civil dans un contexte où, le 6 octobre 2024, les Kazakhs ont approuvé par référendum la construction de la toute première centrale nucléaire du Kazakhstan, pourtant premier producteur mondial d’uranium. En réaction, lors de cette visite le président français à affirmer vouloir « accompagner toute décision qui sera prise par le Kazakhstan en matière de développement d’une filière nucléaire civile » en mettant à disposition le « savoir-faire » français. Dans la même optique, puisque le Kazakhstan manque de production électrique, nécessaire au fonctionnement d’une filière nucléaire, cette visite permet au pays de conclure un accord avec le groupe français Alstom pour lui fournir des locomotives électriques.
D’autre part, « les deux présidents ont réaffirmé leur volonté commune de contribuer à la paix, à la sécurité et à la stabilité aux niveaux mondial et régional » notamment concernant la guerre en Ukraine. Néanmoins, si Emmanuel Macron parle de « convergences profondes » franco-kazakhes notamment à l’égard de ce conflit, son homologue kazakh, qui est un allié militaire de la Russie, se doit de faire preuve de modération et évoque seulement une issue au conflit « par la voie pacifique et politico-diplomatique ».
Par ailleurs, cette visite a été l’occasion pour Emmanuel Macron et Kassym-Jomart Tokaïev d’affirmer « leur ferme engagement à lutter contre le changement climatique ». Celui-ci passe alors par la formulation commune d’un soutien franco-kazakh à la mise en œuvre de la stratégie européenne du Global Gateway établissant une mobilisation « jusqu’à 300 milliards d’euros d’investissements en faveur de projets durables et de qualité, en tenant compte des besoins des pays partenaires et en garantissant des avantages durables pour les communautés locales. ». Mais le président français et son homologue kazakh se mettent aussi d’accord sur la préparation du One Water Summit , prévu pour le 3 décembre à Riyad, pour poser une réflexion d’ensemble sur la gestion de l’eau, un enjeu intrinsèquement lié aux questions de biodiversité, de changement climatique et de pollution. Par ailleurs, Emmanuel Macron invite le président du Kazakhstan à intégrer le Pacte de Paris pour les peuples et la planète visant à soutenir les États vulnérables face aux crises et enjeux de la transition climatique par le biais d’un plan de financement.
Enfin, cette visite permet aux présidents français et kazakh de conclure le premier accord migratoire entre un pays d’Asie centrale et la France. En effet, cette visite d’État a été l’occasion de signature d’un accord sur la « réadmission » des ressortissants kazakhs qui ont été expulsés de France dans un objectif de lutte contre l’immigration irrégulière. En contrepartie, le président Macron s’est engagé à soutenir « la poursuite, entre l’Union européenne et le Kazakhstan, de la préparation de négociations en vue d’accords de facilitation de la délivrance des visas et de réadmission, comme suite au Conseil de coopération UE/Kazakhstan d’octobre 2024 ».
Trump 47e président des États-Unis : quelles réactions en Europe ?
Article écrit par Hélène Schiavitti
C’est officiel, ce mardi 4 novembre 2024, alors que les yeux du monde entier étaient rivés sur le dénouement de la campagne présidentielle de la première puissance mondiale, Donald Trump a été réélu président des États-Unis. Face à ce résultat, les réactions européennes ne se font pas attendre. Entre désarroi pour certains, exaltation pour d’autres, ou encore sursaut européen, une chose est sûre, la réélection de Donald Trump à la présidence américaine ne suscite pas l’indifférence.
Résultats des élections américaines de 2024
Des réactions qui révèlent le clivage politique imprégnant l’Europe
Tantôt jugée comme un désastre, tantôt louée comme une victoire éclatante, la réélection de Donald Trump révèle le clivage politique, qui se creuse toujours plus, en Europe.
D’un côté, les partis d’extrême-droite se réjouissent. Le premier chef de gouvernement à féliciter le 47e président des États-Unis pour sa réélection est nul autre que Viktor Orban qu’il qualifie sur X sa victoire comme le « plus grand retour de l’histoire des États-Unis », une « victoire dont le monde avait grandement besoin ». De son côté Giorgia Meloni s’est aussi empressée de féliciter le nouveau président sur X tout en affirmant que « l’Italie et les États-Unis sont des nations « sœurs », liées par une alliance inébranlable, des valeurs communes et une amitié historique. ». Du côté de la classe politique française, les déclarations nous révèlent sans conteste une réjouissance de l’extrême-droite. Éric Ciotti a vanté une « magnifique victoire du peuple américain contre un système. Un espoir pour la paix, une défaite des wokistes » . Quant à Éric Zemmour, il félicite les Américains pour avoir « fait le choix de la civilisation contre le wokisme, la décroissance et la déconstruction de leur identité ».
A l’inverse, à gauche, l’ambiance est tout autre. L’heure est au désarroi le plus total. En France, Yannick Jadot associe la nouvelle de cette réélection à « une grosse gueule de bois », sur X Marine Tondelier la compare à un « enfer » , de même que Raphaël Glucksman qui évoque un « une catastrophe mondiale », « un cauchemar pour la démocratie, les droits humains et pour l’Europe » .
Ces réactions aux antipodes les unes des autres révèlent ainsi le climat politique en Europe qui est de plus en plus clivé et dont le socle fondateur de valeurs communes s’effrite de plus en plus. Un tel contexte rend l’union solide et étroite entre les États européens plus difficile à atteindre alors que, dans le même temps, l’élection de Donald Trump sonne l’impératif d’un réveil européen.
L’élection de Donald Trump constitue-t-elle un électrochoc pour les Européens ?
D’un côté, Ursula Von der Leyen fait preuve de prudence en n’appelant pas directement à une autonomie européenne, mais en faisant pression à demi-mot sur l’allié américain pour qu’il ne néglige pas son partenariat avec l’Union européenne, en déclarant sur X que « des millions d’emplois et des milliards d’euros d’échanges et d’investissements des deux côtés de l’Atlantique dépendent du dynamisme et de la stabilité de nos (les États-Unis et l’Union européenne) relations économiques. ». De l’autre, les réactions de plusieurs dirigeants et politiques européens se font plus assumées.
Galvanisé par la réélection de Donald Trump et s’alignant sur sa vision du conflit russo-ukrainien (mettre fin à la guerre en « 24 heures »), Viktor Orban somme les Européens de « passer de la guerre à la paix » lors de la réunion de la Communauté politique européenne du 7 juillet à Budapest. Cette déclaration laisse présager le risque d’un axe Trump-Orban-Poutine dont les Européens se méfient. Thierry Breton invite notamment les Européens à se « préparer » car Orban risque de devenir pour Trump « un allié européen privilégié » et pour les Européens la seule « porte d’entrée à la Maison-Blanche ».
Viktor Orban et Donald Trump
Dans ce contexte, d’autres voix européennes s’élèvent pour appeler à un réveil ardent de l’Europe. Dans la classe politique française, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot déclare à France Inter qu’ « il faut que l’Europe sorte de son complexe d’infériorité, qu’elle se réveille et qu’elle se muscle ». Raphael Glucksman affirme que « nous sommes désormais, en Europe, seuls face à notre destin » tandis qu’Olivier Faure déclare que « le moment n’est pas aux larmes. Il est à la réaction. » . Côté européen, Andrius Kubilius déclare lors de son audition du 6 novembre vouloir « renforcer d’urgence la préparation de l’Union européenne (UE) à une potentielle agression militaire. Même si, pour l’instant, il est difficile de prédire quelles seront les prochaines politiques de la nouvelle administration américaine, nous pouvons anticiper qu’au cours des prochaines décennies, les États-Unis se concentreront davantage sur le défi stratégique posé par la Chine » . Sans écarter l’allié atlantique, le commissaire désigné à la Défense acte bien l’impératif pour les Européens de ne plus déléguer leur défense à une puissance tiers, mais d’œuvrer à leur indépendance. Néanmoins, la déclaration la plus marquante du sursaut européen suite à la réélection de Trump et celle du président Emmanuel Macron lors du Sommet de la Communauté politique européenne de ce jeudi 7 novembre. En effet, le président français affirme que le contexte actuel relève d’un « moment de l’histoire pour nous, les Européens, qui est décisif » . Il appelle l’Europe à se ressaisir, à prendre conscience d’elle-même, pour qu’elle ne devienne pas « un formidable théâtre habité par des herbivores, que des carnivores, selon leur agenda, viendront dévorer ». Pour que les Européens deviennent des « omnivores » capables de rivaliser avec les autres grandes puissances, Emmanuel Macron préconise l’édification d’ « un agenda positif extrêmement sérieux », d’une puissance européenne « pleinement indépendante », « qu’il s’agisse de notre défense, de notre économie, de notre modèle de prospérité, et de notre démocratie ». Ces différents appels à un regain de l’Union européenne dans un sens d’autonomie et d’indépendance nous renvoient aux risques que laissent planer l’administration Trump tant sur l’économie, l’environnement, les droits et la défense en Europe. Ces différents aspects ont été traité dans l’article « Élections aux États-Unis : quelles conséquences pour l’Union européenne ? » de Mélina Modinos Lobeau vers lequel nous vous renvoyons pour en apprendre davantage et mieux comprendre ces réactions européennes.
L’éclatement de la coalition allemande d’Olaf Scholz
Article écrit par Gaspard Rabin
Avec le renvoi du ministre des finances par le chancelier allemand le 6 novembre, la coalition au pouvoir a volé en éclat. Privé de sa majorité après le retrait du Parti libéral-démocrate (FDP), Olaf Scholz a dès le lendemain formé un nouveau gouvernement. Des élections anticipées auront lieu en mars 2025.
Alors que l’attention de la scène internationale était focalisée sur les États-Unis et la réélection de Donald Trump, le chancelier Olaf Scholz a limogé dans la soirée le ministre des finances Christian Lindner, aussi président du FDP. Cette décision a entraîné la démission des trois autres ministres du Parti Libéral-démocrate, et ainsi la fin de la coalition FDP – Verts – SPD (Sociaux-démocrates).
Le Chancelier Olaf Scholz en poste depuis 2021, au sommet du Conseil européen de Budapest le 8 novembre – AFP / Ferenc ISZA
Les élections de septembre 2025 anticipées
Olaf Scholz a alors convoqué des élections anticipées avant fin mars 2025, juste après un vote de confiance le 15 janvier. Toutefois, le Chancelier n’a pas fermé la porte à la tenue d’élections dès janvier. Jeudi 18 novembre, il a déclaré qu’il était prêt à avancer les nouvelles élections.
L’opposition considère en effet que la date fixée du scrutin est trop tardive au vu de l’ampleur de la crise politique dans laquelle l’Allemagne est entrée. Face à l’instabilité et l’absence de majorité du nouveau gouvernement au parlement, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), défend des élections anticipées dès janvier. Le leader Friedrich Merz, favori aux prochaines élections selon les sondages, peut compter sur une pression populaire pour des élections aussi vite que possible.
Une coalition déjà fragilisée
La coalition entre socialistes, libéraux, et écologistes semblait déjà divisée. Fin octobre, les leaders des trois groupes ont organisé séparément leur rencontre avec les entreprises allemandes, avec en tête l’élection de 2025.
Les relations entre le chancelier et son ministre des finances s’étaient déjà dégradées pour des questions politiques mais également économiques. Dans un contexte d’inflation et de ralentissement de la croissance allemande, les divisions entre l’aile gauche et l’aile droite de la coalition se sont renforcées. Christian Lindner et les libéraux défendaient une réduction de l’ambition des objectifs climatiques, voire son abandon. Le Chancelier prônait lui au contraire le non-respect exceptionnel de la limitation du déficit à 0,35% du PIB. Alors que le divorce semblait proche, la réunion des ministres de mercredi a tout fait basculé.
Le ministre des Transports Volker Wissing reconduit dans le nouveau gouvernement après sa démission du FDP – EPA-EFE/FILIP SINGER
L’impact mitigé sur la dynamique européenne
La menace d’une instabilité politique allemande, inquiète l’Union Européenne. Son incapacité à prendre des décisions et la fébrilité de ses positions pourraient entacher l’unité de l’Union, dans un contexte où la construction doit être relancée.
La fin de la coalition allemande suscite néanmoins l’espoir d’une Allemagne davantage prête à coopérer et à investir, notamment dans le domaine de la défense.
Union européenne : retour sur la première semaine d’audition des commissaires
Article écrit par Gaspard Rabin
Ce lundi 4 novembre débutait, devant le Parlement Européen, les auditions des commissaires candidats à la future Commission, à Bruxelles. L’ensemble des candidats a été validé à la majorité des 2/3, à l’exception du commissaire de la Santé hongrois qui devra survivre à une audition écrite lundi. Le Collège des commissaires dans son ensemble, sera quant à lui approuvé le 27 novembre 2024 à Strasbourg.
Ursula Von der Leyen, réélue pour un mandat de 5 ans en juillet dernier grâce une large majorité pro-européenne. Philippe Stirnweiss.
Durant une semaine et demie – jusqu’au 12 novembre – les 26 candidats nommés aux différents portefeuilles se relaient face aux députés européens pour leur « grand oral ». Sélectionnés par leur État d’origine et assignés à un portefeuille par la Présidente de la Commission, les commissaires doivent répondre aux questions des parlementaires et témoigner de leurs compétences et expériences dans le domaine concerné lors d’un entretien de 3 heures.
En 2019, les commissaires roumain et hongrois – tout comme la commissaire française Sylvie Goulard, nommée par Emmanuel Macron et accusée d’emploi fictif – n’avaient pas convaincu le Parlement Européen.
Quelques jours avant les auditions, certains dossiers semblaient promis à des cas épineux.
Le commissaire hongrois Olivér Várhelyi en danger
Assigné à la Santé et au Bien-être animal, Olivér Várhelyi n’a pas su convaincre les eurodéputés députés. Le hongrois, a été mis en difficulté sur les questions liées à l’avortement et les minorités sexuelles. De nombreux députés l’ont questionné sur les liens de son pays d’origine avec la Chine et la Russie, notamment lors de la pandémie de Covid-19, durant laquelle la Hongrie a outrepassé les directives de l’Union Européenne sur les vaccins Sputnik. Ses réponses sur la compétitivité de l’Union ont néanmoins plu au PPE (Parti Populaire Européen). Le hongrois a affirmé vouloir alléger la charge administrative des entreprises dans le domaine de la Santé et encourager la production par le développement des bases de données et de l’intelligence artificielle.
Un compromis entre les groupes politiques durant les auditions a alors été trouvé afin de l’auditionner à l’écrit lundi 11 novembre. Le candidat d’extrême droite peut compter sur le soutien important d’Ursula Von der Leyen, qui souhaite éviter tout retard dans l’entrée en fonction du collège des commissaires. Le rejet d’Olivér Várhelyi entraînerait la nomination d’un nouveau candidat par Viktor Orban.
Des auditions qui s’annonçaient musclées
Plusieurs commissaires étaient particulièrement menacés avant même le début de leur audition.
La commissaire de l’Environnement Jessika Roswall a vu son vote d’approbation être retardé face à son incapacité à défendre une réelle expertise dans le domaine. Le bilan environnemental de la Suède n’a pas joué en sa faveur. Issue du PPE, elle a été sauvée par son groupe politique, qui a soutenu massivement sa validation, et par un jeu de soutien des autres groupes par peur de voir leur candidat rejeté en représailles.
Accusée d’harcèlement moral, la commissaire slovène devait prouver sa capacité à mener l’une des priorités de l’Union : l’élargissement. Dans un contexte de guerre, d’ingérence électorale et de nouvelles adhésions, ses réponses étaient particulièrement scrutées. Promise à une audition compliquée, elle a finalement été approuvée.
Menacée par sa position controversée sur l’Annexion de la Crimée par la Russie dans le passé, la nomination de la belge Hadja Lahbib à la Gestion des crises et à l’Egalité, est finalement approuvée. – Laurie Dieffembacq.
Des enjeux géopolitiques au centre de la nouvelle commission
Dans le contexte de Guerre en Ukraine, la nomination du Lituanien Andrius Kubilius à la Défense et à l’Espace, et celle de l’Estonienne Kaja Kallas en matière de politique étrangère, démontre que les préoccupations européennes se situent à l’Est. Andrius Kubilius a durant son audition répéter le soutien de l’Europe à l’Ukraine et a invité les pays de l’Union à préparer une défense face une potentielle guerre. L’urgence est de développer un marché de la Défense.
Le commissaire slovaque chargé du Commerce, Maroš Šefčovič a rappelé dans le contexte des élections américaines, l’importance des relations transatlantiques. Il a appuyé la nécessité de maintenir une coopération avec le partenaire américain quel que soit le résultat, tout en se préparant au pire dans le cas où Donald Trump serait élu pour un second mandat. Il a affirmé que l’Europe devra défendre ses intérêts face à la Chine et les Etats-Unis.
Lors de son audition, Jozef Síkela nommé aux Partenariats internationaux a pointé du doigt la Russie et la Chine et a défendu les valeurs démocratiques et les droits de l’Homme.
La commissaire de la Méditerranée a quant à elle appelé à un cessez-le-feu au Moyen Orient et a dénoncé l’interdiction de l’UNRWA par Israël. La croate, tout comme le commissaire des Affaires intérieures et de la Migration, a rappelé l’importance de coordonner leur action en matière d’immigration. L’une des questions centrales des 5 prochaines années sera celle du retour des migrants illégaux dans leurs pays d’origine.
Les auditions à venir
Mardi 12 novembre auront lieu les auditions des vice-présidents dont le français Stéphane Séjourné. Deux commissaires devront être particulièrement convaincants pour éviter d’être recalés : l’espagnole et fervente défenseuse de l’environnement Teresa Ribera, ainsi que Raffaele Fitto issu du parti de Georgia Melloni.