Kersti Kaljulaid, membre de la Cour des comptes européenne, est devenue le 3 octobre dernier, la première femme à accéder à la Présidence de l’État estonien, bien que ce soit avant tout honorifique.
Lors de son élection à la tête de l’Etat, Kersti Kaljulaid, 46 ans, a reçu le soutien de la majorité du Parlement, avec 81 voix favorables alors qu’il lui en fallait seulement 68 pour être élue. Elle succède à Toomas Hendrik Ilves, le social-démocrate resté à la tête du pays durant deux mandats consécutifs entre 2006 et 2016.
Après trois échecs électoraux successifs fin août 2016 et l’incapacité pour le Collège électoral (constitué de 335 membres), convoqué début septembre, de résoudre la situation, le Parlement s’est chargé de reprendre en main l’élection présidentielle.
Les députés estoniens ont mis du temps à trouver le compromis idéal pour réaliser cette élection. Six partis composent le panorama politique au Parlement, mais seulement quatre ont soutenu sa candidature. Kersti Kaljulaid a été membre du parti conservateur Pro Patria pendant quatre ans au début des années 2000, mais s’affirme désormais aujourd’hui comme indépendante.
De nombreux candidats reconnus dans l’échiquier politique estonien ont voulu se mesurer à la candidate indépendante, notamment l’ancien commissaire européen Siim Kallas ou l’ancienne ministre des Affaires Extérieures, Marina Kaljurand, qui avait démissionné en septembre dernier pour faire campagne pour la Présidence du pays. Mais aucun des candidats n’a réussi à récolter la majorité nécessaire pour être élu et tous ont décidé d’abandonner au profit de Kersti Kaljulaid.
Kersti Kaljulaid : le réveil d’une femme restée à l’écart de la scène politique estonienne
La nouvelle Présidente récemment élue était jusque-là une figure relativement méconnue, et son rôle dans le contrôle de la bonne utilisation des fonds européens est resté presque inconnu. Au début des années 2000, elle a été membre de la formation politique Union Pro Patria, devenue l’actuel parti conservateur Pro Patria. Elle se décrit comme une conservatrice libérale, et soutient les politiques économiques conservatrices, mais elle revendique une approche plus libérale des politiques en matière sociale.
Les analystes politiques estoniens ont défendu la nomination d’une candidate indépendante pour mettre fin au processus de blocage qui menaçait le système politique du pays.
Deux jours avant son élection, lors de son interview dans une émission retransmise par la télévision publique, elle a abordé les principaux faits d’actualité : les sanctions européennes contre la Russie, le rôle des femmes ou le futur incertain de l’UE depuis le Brexit. Elle a défendu le maintien des sanctions contre la Russie et va même jusqu’à dire qu’il aurait fallu les intensifier. La candidate avait également dénoncé les différences salariales qui persistent entre les hommes et les femmes.
Cette élection se concrétise à un moment où les trois républiques baltiques qui faisaient partie de l’Union Soviétique (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie) sont confrontées à des pressions de la part de la Russie qui organise des exercices militaires souvent imprévus, près de leurs frontières.