L’UE piratée, la Chine hostile sur le marché du commerce mondial, la France qui taxe le numérique, la fin des subventions européennes du charbon, la jeunesse albanaise qui se révolte : les actualités européennes de la semaine.
UE – le SEAE visé par une cyberattaque d’envergure
Mardi 18 décembre, le New York Times a publié des documents confidentiels du Service européen d’action extérieure (SEAE), suite à un piratage de longue durée qui a fait fuiter de nombreuses informations. Durant 3 ans, le réseau de correspondances de l’UE (COREU) a été victime de cyberattaques en masse, visant ses informations échangées entre les pays membres, le triangle institutionnel et le SEAE. Ces données concernent principalement la diplomatie de l’UE, ses réponses à des sujets internationaux mais les informations les plus sensibles ne sont pas concernées par ces attaques, selon un ancien responsable du SEAE. Une société de cybersécurité américaine accuse Pékin de ces piratages, tandis que Bruxelles reste prudente. Cette faille de sécurité des services européens entérine-t-elle le projet de l’UE d’être leader mondial de la cybersécurité ?
Chine – les déclarations sur le commerce international inquiètent l’Europe
Durant son discours célébrant les 40 ans de la politique de réformes économiques de Deng Xiaoping, le président chinois Xi Jinping a déclaré que « personne n’est en position de dicter au peuple chinois ce qui devrait ou ne devrait pas être fait ». La deuxième puissance économique mondiale annonce mener sa politique d’ouverture selon sa volonté, sans se laisser influencer par les puissances étrangères. M. Xi tient tête à M. Trump, après les conflits de douanes entre leurs deux pays, ce qui laisse l’UE inquiète quant au devenir de ces querelles commerciales. Face à ces géants économiques, et l’ambition internationale de Pékin, l’Europe cherche à se placer comme partenaire économique fort. En considérant la Chine comme futur leader économique mondial, l’UE mise sur l’ouverture du marché chinois face au risque de guerre commerciale entre Washington et Pékin.
France – le gouvernement va taxer les GAFA
Bruno Le Maire, ministre français des finances, a annoncé le 17 décembre que la France allait imposer les géants du web dès le 1er janvier 2019. Cette taxe numérique nationale est mise en place après l’échec des négociations européennes sur la taxation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et dans le sillon des révoltes des gilets jaunes. Le désaccord intra-européen sur l’imposition du numérique ne démotive pas Paris, qui souhaite faire revenir le sujet sur la table avant les élections européennes. Les grandes entreprises du numérique, implantées à travers le monde, profitent des montages fiscaux pour échapper aux impôts des Etats. Ces sommes énormes d’optimisation fiscale pourraient financer des politiques publiques, de la transition énergétique aux réformes annoncées en France. Dans sa déclaration à la presse, le ministre a précisé que cette taxe rapporterait 500 millions d’euros en 2019, selon les estimations de Bercy.
UE – la Commission s’engage à mettre fin aux subventions du charbon d’ici 2025
La Commission européenne a réussi à mettre d’accord les décideurs européens sur la fin du charbon, dans le cadre de la réforme des règles du marché de l’électricité. A été négocié un plafond pour les subventions au charbon, une première : une norme sur les émissions de CO2, fixée à 550g par kWh pour les nouvelles centrales électriques. L’avancée est que les aides étatiques seront exclues par cette règle. Pour obtenir cet accord, des pays comme la Pologne ont reçu la pression du nombre pour accepter la norme, appliquée à partir du 1er juillet 2025.
Cependant, cet accord n’entre pas dans les objectifs de la COP21 de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, selon l’eurodéputé Vert Florent Marcellesi, bien que le message soit de « tourn[er] le dos au charbon pour entrer dans l’ère des renouvelables ».
Albanie – Révoltes étudiantes sans précédent
A Tirana, les étudiants protestent contre l’augmentation des frais d’inscriptions universitaires depuis le 4 décembre. Ces contestations se sont vite développées en révoltes, dispersées à travers le pays, étendant les sujets de revendications à l’augmentation du budget universitaire, la baisse des frais d’inscription, la démission de professeurs corrompus… En Albanie, le système politique est gangréné par le clientélisme. Les étudiants cherchent donc à se révolter contre le système de leur pays, les manifestations toujours plus fortes et refusant les propositions du gouvernement social-démocrate d’Edi Rama. Lundi 17 décembre, Tirana était bloquée à ses artères et ses universités et jeudi 20 décembre, une cinquantaine d’enseignants ont lancé un appel à la grève. Ces mobilisations qui s’amplifient sans cesse mettent en difficulté le pouvoir, contesté pour son clientélisme mais aussi pour ses mesures néolibérales. Derrière cette colère se trouve la fatigue de l’exil, solution plébiscitée par les jeunes diplômés sans protection politique.