Depuis quelques années, le bien être animal est au cœur de nombreux débats. L’article 514-14 du Code Civil reconnaît les animaux comme étant des ‘êtres vivants doués de sensibilité’. Pourtant, cet article n’est pas suffisant pour les défenseurs de la cause animale. Il dote les animaux d’un statut juridique mais, considérés comme des objets de propriété, ces derniers ne bénéficient pas de protection efficace contre la maltraitance. Plusieurs associations plaident pour la création d’un régime de protection qui engloberait la totalité des animaux. L’opinion publique soutient également ce combat.
Un article rédigé par Pauline Sautereau.
Mort d’une dresseuse : l’évènement déclencheur
Le 31 mars 2010 un évènement d’une violence inouïe choque l’Amérique. Devant une foule médusée l’orque Tilikum, détenue au Sea World d’Orlando, attrape sa dresseuse Dawn Brancheau par sa queue de cheval et l’entraîne dans les profondeurs du bassin causant sa mort. Bien qu’elle soit l’unique dresseuse de Sea World à avoir été tuée par un de ces animaux, il s’agit ici du troisième accident mortel impliquant ce cétacé en particulier. Cet accident dramatique est le point de départ du documentaire réalisé par Gabriela Cowperthwaite en 2013. A l’aide d’images d’archives et de déclarations, elle livre un témoignage poignant sur la vie de ces animaux depuis leur capture dans les eaux polaires jusqu’à leur mort souvent précoce dans ces parcs animaliers.
Le combat contre la maltraitance animale : des positions européennes diverses
Depuis maintenant plusieurs années, des associations tels que Sea Sheperd ou C’est Assez agissent en France et en Europe pour mettre fin à la captivité des cétacés dans les parcs animaliers. Le 12 octobre 2015 à la suite d’importantes inondations dans le Sud de la France, une orque du Marineland d’Antibes est décédée dans son bassin ce qui a poussé l’association C’est Assez à intensifier son combat contre la captivité. En mai 2017, Ségolène Royal alors Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat avait réussi à faire voter un arrêté ministériel interdisant la reproduction des dauphins et des orques en captivité. Cet arrêté aurait permis de mettre fin à la captivité de ces animaux sur le long terme. Mais, en janvier 2018 celui-ci a été annulé par le Conseil d’Etat car il présentait un vice de procédure. Depuis, de multiples associations tentent de convaincre le gouvernement de revoter un arrêt similaire afin de suivre le chemin déjà emprunté par de nombreux pays d’Europe. En effet, le Luxembourg, la Norvège mais également la Suisse ont une réglementation extrêmement restrictive en ce qui concerne l’exploitation des cétacés dans les parcs aquatiques. En Croatie, il est tout simplement interdit par la loi d’exploiter des animaux marins dans un but commercial. Il s’agit ici de préserver ces animaux doués de sensibilité et dont le mode de vie est incompatible avec la captivité.
La France est également en retard concernant la détention des animaux sauvages dans les cirques. Selon un sondage réalisé par l’Ifop pour l’association 30 millions d’amis, 67 % de la population française est en faveur de l’arrêt de l’exploitation des animaux dans les cirques et pourtant rien ne se passe. De leur côté, la Grèce, l’Autriche et la Belgique ont décidé de bannir les animaux sauvages des cirques. En Allemagne, le directeur du cirque Rocalli a réussi à incorporer des animaux dans son spectacle sans participer à l’exploitation animale grâce aux nouvelles technologies. Il a monté un ensemble de numéros mettant en scène des hologrammes d’animaux. Le but est de s’adapter aux changements de l’opinion publique et à la règlementation tout en continuant d’émerveiller les petits et les grands.
Et après la captivité, quel espoir ?
Les animaux sauvages ne sont pas faits pour vivre en captivité. Celle-ci se traduit, chez certaines espèces, par des comportements stéréotypés tels que des troubles de d’appétit ou des automutilations. Afin d’améliorer les conditions de vie de ces animaux, il est nécessaire de créer des sanctuaires où ils pourront vivre en semi-liberté. L’association One Voice se bat pour que les animaux utilisés dans les spectacles circassiens soient envoyés dans ces lieux préservés. Seule la protection dans des habitats naturels permettra d’éviter l’extinction de ces espèces. Dans certains cas les animaux pourraient même être remis en liberté. En 1993, l’orque Keiko, célèbre pour son interprétation de Willy dans le film Sauvez Willy, incarne la remise en liberté d’un orque exploité dans un parc aquatique. Alors que le film est un succès planétaire, les défenseurs de la cause animale s’offusquent que, contrairement à ce qui se passe dans le film, Keiko soit toujours détenue en captivité au Mexique. Une fondation voit le jour et après une campagne de levée de fonds l’orque est transférée dans un centre de soin en Oregon puis sur une île islandaise afin de réapprendre à vivre en liberté. Keiko est ensuite relâchée dans son habitat naturel où elle s’avère capable de se nourrir seule. Ce cas représente un espoir pour les autres espèces détenues en Europe et démontre que la réintroduction d’animaux sauvages dans leurs habitats naturels même après avoir été longtemps dominés par l’homme.
Gandhi disait qu’un homme cruel avec les animaux ne peut être un homme bon. Pourtant il semble qu’il y ait encore de l’espoir pour les animaux en France. En décembre dernier Rewild et Hugo Clément, journaliste, ont réussi à réunir une partie de l’opinion publique française autour du rachat d’un zoo afin de le transformer en centre de réhabilitation pour la faune sauvage. Une chaîne de solidarité s’est créée sur les réseaux sociaux et le montant de la cagnotte a rapidement été atteint. Une initiative porteuse d’espoir !