Vous aussi, vous êtes nés dans les années ‘90 en Europe? Le 23 juin 2016 vous a laissé un arrière-goût amer dans la bouche, à vous aussi? Au milieu des doutes quant aux futurs accords de “divorce” entre le Royaume-Uni et l’UE, je vous invite à regarder the big picture : qu’est-ce que le Brexit implique possiblement, et comment lui survivre ?
Les déçus du référendum dans les limbes
La « génération Erasmus » rassemble aujourd’hui 4,5 millions d’étudiants en échange universitaire à l’étranger. D’un côté de la Manche comme de l’autre, ce meltin’pot se pose des questions concernant son futur au lendemain du Brexit. Les jeunes britanniques habitués à la dimension européenne (75% desquels ont voté “remain”) craignent la perspective d’une vie vécue exclusivement sur leur île. De leur côté, les continentaux s’attendent à des mesures restrictives qui les empêcheraient potentiellement d’effectuer leur année de mobilité, stage, ou expériences professionnelles au Royaume-Uni.
Libre circulation… sur dossier
Il est improbable que l’on arrive à demander un visa pour l’Europe aux citoyens britanniques, en possession de l’un des passeports le plus puissants au monde aujourd’hui, seulement 43 pays sur 193 l’exigent, et dans la plupart des cas il ne s’agit que d’une formalité.
En revanche, les citoyens de l’UE qui souhaitent travailler au Royaume-Uni devront vraisemblablement avoir trouvé un emploi avant de pouvoir s’y rendre. S’ils n’ont rien trouvé sur place, il faudra qu’ils se déclarent à la douane en tant que touristes, et auront trois mois pour signer un futur contrat. Les partisans du Leave proposent un système de points à l’australienne, c’est à dire une évaluation des compétences des étrangers demandant un permis de séjour. On comprend alors que les jeunes ne pourront plus se rendre dans le pays pour apprendre l’anglais tout en ayant un petit boulot. Pour y rentrer, il faut désormais avoir un bon niveau linguistique et être des travailleurs qualifiés pour rentrer en Grande-Bretagne.
« It’s a rich men’s world »
Ceux qui paient des impôts dans le pays depuis cinq ans peuvent prétendre à la citoyenneté anglaise, titre qui leur sera délivré au bout d’un processus de plus en plus long (des centaines de milliers d’expatriés qui se pressent de l’obtenir) et cher : un an au mieux, et plus de mille livres. Pour les étudiants aussi, la différence résidera dans les coûts : il y a la possibilité de recevoir éventuellement une bourse substitutive à celle Erasmus pour ceux qui restent un an, tandis que ceux qui s’inscrivent directement Outre-Manche feraient mieux de prévoir une augmentation des tuition fees déjà onéreux ( 12.000€ en moyenne aujourd’hui, pouvant aller jusqu’à 22.000€). Un investissement important, pour un diplôme qui risque de ne plus être reconnu en Europe, si les équivalences universitaires européennes sont supprimées.
Du côté des soins médicaux les avantages seront supprimés. En effet, grâce à la carte européenne d’assurance maladie, tout européen pouvait se faire soigner et être remboursé ( tiers payants ou remboursements). Néanmoins, cette politique sera changée et les résidents étrangers en Grande-Bretagne devront souscrire à une assurance maladie anglaise, et inversement pour les britanniques en UE.
Les conséquences de cette sortie du Royaume-Uni sont aussi ressenties par les touristes. Par exemple, la compagnie aérienne, Ryanair, qui jusqu’ ici avait la possibilité d’opérer sans limitation de fréquence, espace ou prix à l’intérieur de l’espace européen (en vertu des accords communautaires sur les compagnies aériennes), va devoir « émigrer » en Europe ou augmenter ses tarifs. Même scénario pour les opérateurs téléphoniques car petit à petit, au sein de l’UE, les opérateurs tentent de supprimer progressivement les coûts de roaming. Conséquences inverses, les séjours des anglais sur le continent européen seront globalement plus chèrs en raison de la perte de pouvoir d’achat engendrée par la chute de la livre sterling vis-à-vis de l’euro.
No panic!
Pour ceux qui rêvent d’Angleterre, tout n’est pas perdu, car au moins pour les deux prochaines années, les relations UK-UE resteront telles quelles. Et comme la Grande-Bretagne accueille plus de 25.000 étudiants étrangers par an, il est dans leur intérêt de négocier avec l’UE un accord de mobilité étudiante satisfaisant pour ne pas que le Brexit empêche les jeunes d’y effectuer leur année d’échange universitaire.
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