Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (24.12-30.12)

Budget approuvé en Italie, décision impulsive du retrait des troupes américaines de Syrie, plan du recrutement des Européens en Allemagne, levée de la loi martiale en Ukraine, rapatriement des enfants des djihadistes en Belgique, Noël perturbé en Sicile par l’éruption d’Etna : les actualités européennes de la semaine.

Italie : budget italien approuvé

Le 29 décembre, les députés italiens ont approuvé le budget 2019 qui avait était soumis à un vote de confiance préalable au gouvernement populiste formé par le Mouvement 5 étoiles et la Ligue. Il était difficile jusqu’au dernier moment de définir le résultat du vote car chaque groupe a défendu ses propres arguments en critiquant âprement les déclarations des autres. Deux heures après cette joute verbale, le gouvernement a remporté le vote de confiance par 327 voix pour, 228 voix contre et une abstention. Cette ambiance tendue était surtout causée par un rejet de la version initiale du budget 2019 par la Commission européenne, du jamais vu dans l’histoire de l’UE. C’est ainsi que le gouvernement antisystème italien a dû atténuer ses ambitions démesurées en modifiant le déficit public de 2,4% à 2,04 du PIB et en diminuant la croissance prévue de 1.5% à 1%. En outre, le nouveau texte prévoit une baisse des investissements et la hausse des impôts sur les sociétés.

Syrie : retrait des troupes américaines

Lundi le Président des États-Unis a posté un Tweet pour annoncer le retrait des forces américaines en Syrie et garantissant ainsi la voie libre à l’intervention turque pour « éradiquer ce qu’il reste du Daech ». Le Président américain a pris cette décision suite à un appel téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan qui l’aurait assuré de son engagement pour combattre l’État islamique. Il s’agit du départ d’environ 2000 soldats américains qui jusqu’à présent étaient déployés dans le nord-est de la Syrie pour soutenir les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de milices arabo-kurdes, dans leur lutte contre les djihadistes. Or, l’offensive turque vise avant tout les forces kurdes présentes en Syrie car, selon Erdogan, elles constituent une menace terroriste. En conséquence, les promesses du Président turc paraissent comme de pures chimères et la résurgence de Daech semble tout à fait envisageable. Désespérés, les Kurdes ont sollicité vendredi l’aide à l’armée syrienne qui a répondu à leur appel. Les autorités syriennes y voient surtout un regain des territoires situés au nord qui sont d’ailleurs très riches en ressources énergétiques.

Un peu hâtive, cette décision de retrait n’a pas pu échapper à de vives critiques de la part de sa propre administration. En effet, le ministre de la Défense Jim Mattis a annoncé sa démission le 21 décembre. Bien qu’elle précède la publication du fameux tweet de Donald Trump, il est certain que le ministre de la Défense était « farouchement opposé » au départ des militaires américains de la Syrie. La déviation de l’action américaine est également perçue comme un manque de respect envers ses alliés, tout comme la France, qui a déjà déploré le choix fait par Trump.

Allemagne : recrutement des Européens

Eberhard Zorn, l’inspecteur général de l’armée nationale allemande, a dévoilé le 27 décembre dans un interview qu’en raison d’une pénurie de personnel, l’Allemagne devait : « regarder dans toutes les directions et chercher de bons apprentis ». À l’opposé des propos énoncés par M. Zorn, selon lesquels l’Allemagne ne prend en considération de recruter que des étrangers hautement qualifiés tels que les médecins ou les spécialistes en IT, l’article provenant du magazine Der Spiegel, décrivant la fuite du rapport gouvernemental sur ce sujet, indique la portée du nouveau plan beaucoup plus large que celui présenté par M. Zorn. En effet, selon ledit rapport, il s’agit d’enrôler des ressortissants de plusieurs autres pays de l’UE ayant entre 18 et 40 ans qui exerceraient différentes fonctions au sein de l’armée. Cela pourrait concerner de nombreux Polonais, Italiens et Roumains qui habitent actuellement en Allemagne.

Faisant référence à un article de The New York Times, comme l’Allemagne est devenu un pays menant une politique favorable envers les migrants, il y a eu récemment un débat sur la nécessité du recrutement des étrangers dans l’armée et, le cas échéant, sur la possibilité de les naturaliser. Plusieurs États membres autorisent d’autres citoyens européens à servir dans leurs armées, toutefois l’histoire du militarisme en Allemagne rend cette nouvelle proposition délicate.

Ukraine : fin de la loi martiale

Le 26 décembre le Président ukrainien Petro Porochenko a mis fin à la loi martiale, proclamée à la fin novembre. Elle a fait suite à l’arraisonnement de trois navires militaires ukrainiennes par la marine russe en mer d’Azov, sous prétexte qu’ils avaient pénétrés dans ses eaux territoriales. Or, selon l’accord datant de 2003, la zone concernée permet de naviguer librement aux navires issus de deux pays. Néanmoins, en raison de la stabilisation et de l’amélioration des circonstances actuelles, selon le Président, la prolongation de la loi n’est pas nécessaire, sans pour autant qu’on puisse parler de la disparition de la menace.

La loi martiale aurait permis à M. Porochenko pendant un mois de : « mobiliser les citoyens de réguler les médias et de limiter les rassemblements publics » dans 10 régions de l’Est et du Sud du pays. En outre, environ mille Russes ont été privés de l’accès au territoire ukrainien. Un tel choix d’urgence n’avait pas même été adopté à la suite de l’annexion de la Crimée en 2014. Ainsi, nombreuses sont les voix critiques qui jugent la décision de novembre de Président comme purement politique, surtout que les élections présidentielles sont prévues pour mars 2019 et que les résultats dans les sondages provisoires ne sont pas rassurants pour lui.

Belgique : rapatriement des 6 enfants des djihadistes

Le mercredi 26 décembre, la justice belge a ordonné à l’État de rapatrier six enfants belges dont les parents étaient djihadistes. Il s’agit d’enfants ayant de zéro à six ans qui sont actuellement détenus avec leurs deux mères (chaque mère en a trois) dans un camp de réfugiés en Syrie sur le territoire placé sous l’autorité kurde. Le jugement du tribunal néerlandophone de première instance de Bruxelles fait suite à un rejet de la requête par la cour d’appel. Par ailleurs, dans l’hypothèse où la décision du rapatriement n’est pas organisé dans un délai de 40 jours, l’État sera soumis à des astreintes s’élevant à 5000 euros par jour et par enfant. Le retour des enfants avec leurs mères paraît indispensable du point de vue des droits de l’Homme car à l’état actuel ils « n’ont aucune liberté de mouvement » et, bien que les mères soient emprisonnées une fois arrivées en Belgique, les conditions de détention seront plus humaines que maintenant en Syrie.

Italie : l’éruption de l’Etna éclipse Noël

En Sicile, la célébration de Noël était troublée par une éruption de l’Etna, le plus haut volcan actif d’Europe. Ce phénomène était précédé par de nombreuses secousses sismiques dont les plus fortes ont atteint une magnitude de 4.3. D’après les experts, le tremblement de terre est issu d’un transfert brusque de magma le long des flancs, vu la dernière fois il y a plus de 10 ans. Le ciel n’était pas épargné non plus car, en raison d’une grande quantité de cendres éjectée à cette occasion, l’espace aérien aux alentours a été fermé, ce qui a fortement perturbé le trafic à l’aéroport de Catane. En effet, seuls quatre avions par heure ont obtenu une autorisation d’atterrissage dans l’après-midi du 24 décembre. Dans la nuit du 25 au 26 décembre, les Siciliens ont été réveillés en angoisse par une nouvelle vague de secousses, cette fois de magnitude plus forte car de 4.8 et à seulement 1.2 kilomètre sous terre. Contrairement à l’évènement du 24 décembre, celui-là aurait causé des blessures à une dizaine de personnes. Étant donné que la possibilité de la poursuite du séisme était élevée quelques 600 d’habitants ont été déplacés.

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