A quelques jours du sommet européen à Bratislava du 16 septembre prochain, Alexis Tsipras, le chef du gouvernement grec, a invité les dirigeants des six autres pays méditerranéens à une rencontre à Athènes. Etaient donc présents en Grèce le 9 septembre l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la France, Chypre et Malte.
A l’agenda de la réunion, la préparation du sommet des 27 – Theresa May, chef du gouvernement britannique n’y a pas été conviée – qui se tiendra le 16 septembre prochain dans la capitale de la Slovaquie. Les sept Etats présents sont en effet ceux qui se retrouvent au cœur des principales crises qui touchent l’Union européenne depuis quelques années : une crise économique avec plusieurs de ces Etats titulaires d’aides européennes, une crise humanitaire avec l’afflux massif de réfugiés, et une crise sécuritaire avec la montée du terrorisme.
Une guerre des clans au sein de l’UE ?
Le but de la rencontre est aussi celui d’envoyer un message à certains pays de l’UE qui se coalisent pour donner une nouvelle direction au projet européen. En particulier, le groupe de Višegrad constitué de la Pologne, de la Hongrie, de la République Tchèque et de la Slovaquie. En effet, ces derniers sont opposés au principe d’intégration tel qu’il prend forme au sein de l’UE, et semblent vouloir déroger au principe de solidarité entre les Etats membres, notamment concernant les quotas de réfugiés imposés à chaque pays par la Commission européenne.
Les sept Etats méditerranéens en profitent donc pour lancer des appels au reste des Etats membres : ils demandent davantage de dépenses publiques européennes pour relancer l’investissement et la croissance, ainsi que de doubler le plan Juncker et de terminer l’union bancaire au sein de l’UE. Mais il n’est pas sûr que ces demandes soient bien accueillies de la part des autres dirigeants européens, sans oublier la faiblesse politique des principaux leaders des Etats méditerranéens, à l’image de François Hollande ou Matteo Renzi, président du Conseil, italien mis en danger par un référendum constitutionnel dans les prochains mois.
Tsipras poursuit aussi des objectifs nationaux
La date du 9 septembre ne semble pas avoir été choisie au hasard. En effet, le même jour a eu lieu une réunion entre les ministres des Finances de l’Eurogroupe qui ont procédé à un nouvel examen de la situation économique grecque. En juillet 2015, la Grèce avait obtenu un troisième plan d’aide de la part de ses créanciers, rassemblés sous l’appellation de Troïka – Commission européenne, Banque Centrale Européenne et Fonds Monétaire International – d’un montant de 86 milliards d’euros. Mais l’obtention de cette aide était conditionnée à la mise en place par la Grèce d’un certain nombre de réformes. Il s’agit donc désormais d’évaluer les efforts faits par l’Etat grec, et il semblerait que ce dernier ne remplisse pas les conditions nécessaires au déblocage d’une tranche d’aide de 2,8 milliards d’euros prévu pour fin septembre.
De plus, Tsipras souhaiterait que soient rediscutés les termes du Pacte de Stabilité pour la Grèce, notamment au sujet des dépenses liées à la croissance économique du pays ou à la gestion des nombreux réfugiés débarquant sur ses côtes et dont le pays doit s’occuper. Il faut tout de même préciser qu’aucune demande officielle n’a été faite par Tsipras durant cette rencontre, et que dans les communiqués, la Grèce n’a jamais parlé en son nom propre, mais seulement au nom des sept Etats réunis.
La Grèce tire la sonnette d’alarme concernant les réfugiés
Cette rencontre entre dirigeants des pays méditerranéens de l’UE a aussi pour objectif d’attirer l’attention des autres pays membres sur la situation humanitaire de la Grèce, et a fortiori des autres pays présents, puisque ce sont eux les plus touchés par l’arrivée de réfugiés. En effet, la Grèce semble débordée par la situation : les camps de réfugiés sont désormais surpeuplés alors que le flux ne semble pas tarir, le traitement des demandes d’asile effectuée à l’arrivée des migrants prend beaucoup de temps, et les relocalisations dans les autres Etats membres de l’UE ne s’organisent pas avec assez d’efficacité. De plus, de nombreuses organisations humanitaires à l’exemple de Human Rights Watch pointent du doigt les conditions de vie des réfugiés mineurs, qui sont retenus parfois sans accès à des douches ou sans matelas.
Bien que les dirigeants des pays méditerranéens présents à Athènes le 9 septembre aient assurés ne pas vouloir former un clan qui diviserait les Etats membres de l’UE, il semble bien que le sommet du 16 septembre verra s’affronter des groupes de pays aux intérêts clairement opposés. Il faudra tout de même arriver à une solution européenne à la question des réfugiés, de manière à permettre à la Grèce de plus se consacrer à la reprise de sa croissance économique.
Mathilde Ciulla