Crise diplomatique France – Italie, Veto de la commission européenne au projet de fusion Alstom Siemens, Zone euro : Bruxelles revoit à la baisse sa prévision de croissance 2019, Projet gazier Nord Stream 2 : la France et l’Allemagne trouvent un compromis, Venezuela – l’Italie empêche l’Union européenne d’adopter une position commune : les actualités européennes de la semaine
Crise diplomatique France – Italie : rappel de l’ambassadeur français
Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la France a rappelé, ce jeudi 07 février, son ambassadeur à Rome. La France dénonce des « accusations répétées », « attaques sans fondement » et des « déclarations outrancières » de la part des responsables italiens. Cela fait quelques mois que les relations entre la France et l’Italie se sont tendues, en particulier depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement italien.
Les raisons de discordes sont multiples : crise migratoire, situation en Libye et le soutien du ministre de l’Intérieur Matteo Salvini et du vice-président du Conseil Luigi Di Maio aux Gilets jaunes. La rencontre du mardi 4 févier entre Luigi Di Maio et des gilets jaunes en France fut la provocation de trop pour la France qui a pris la décision de rappeler son ambassadeur pour « consultations ». L’Italie plaide, depuis, pour l’apaisement. Le vice-premier ministre italien Matteo Salvini a proposé de rencontrer Emmanuel Macron pour discuter d’une sortie de crise. Il a également écrit à son homologue au ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner, pour l’inviter à Rome. Ce dernier a refusé l’invitation sous les termes « on ne me convoque pas ».
Un tel rappel d’ambassadeur entre deux pays membres de l’Union européenne est extrêmement rare. Il n’existe que deux autres précédents. En 2016, la Grèce avait rappelé son ambassadeur en Autriche à la suite d’une réunion à Vienne sur la crise migratoire européenne à laquelle elle n’avait pas été conviée et en 2017 la Hongrie qui rappelé son ambassadeur aux Pays-Bas après des critiques contre Viktor Orban.
Veto de la commission européenne au projet de fusion Alstom Siemens
La commission européenne a annoncé mercredi 06 février qu’elle s’opposait à la fusion entre les deux géants du ferroviaire, le français Alstom et l’allemand Siemens. Selon la Commission, la fusion des deux entreprises peut avoir des effets néfastes sur le jeu de la concurrence et entraîner une hausse du prix des trains. En particulier en l’absence de mesures compensatoires suffisantes pour maitriser les effets négatifs sur la concurrence.
La décision de la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a été fustigée à Paris et Berlin. Interrogé sur le sujet lors des questions au gouvernement, le Premier ministre Edouard Philippe a dénoncé une « mauvaise décision prise sur de mauvais fondements » ainsi qu’un « mauvais coup pour l’industrie européenne », tandis que le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a qualifié la décision de « faute politique ». De son côté, le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier, a également critiqué la décision de Margrethe Vestager et déclaré qu’il était nécessaire de repenser les règles européennes de la concurrence. De même le candidat à la prochaine présidence de la Commission, l’Allemand Manfred Weber (PPE), regrette ce choix et appelle à une modification des règles de concurrences existantes pour protéger les secteurs stratégiques européens.
Les contestations françaises et allemandes sont alimentées par la peur de perdre du terrain face au géant ferroviaire chinois CRRC, plus gros constructeur de trains au monde. Le géant chinois n’est pas soumis aux mêmes contraintes règlementaires que les entreprises européennes, et bénéficie de subventions publiques et d’une politique nationale très favorable destinée à la conquête de marchés internationaux. Ce qui lui permet d’être extrêmement compétitif aux dépends des entreprises européennes.
Zone euro : Bruxelles revoit à la baisse sa prévision de croissance 2019
Ce jeudi 07 février, la Commission européenne a fortement revu à la baisse les perspectives de croissance 2019 pour les pays de la zone euro. Elle table désormais sur une croissance de 1,3 % du PIB de la zone euro, contre 1,9 % précédemment.
L’Allemagne et l’Italie sont particulièrement touchées. Un ralentissement important (1,1 % contre 1,8 % lors des prévisions d’automne) est anticipé en Allemagne du fait de l’affaiblissement de sa production de voitures. De même en Italie avec une prévision de croissance passant de 1,2 % à 0,2 % du fait des « incertitudes » pesant sur la politique budgétaire italienne selon la commission. La Commission européenne a également révisé à la baisse sa prévision de croissance du PIB de la France en 2019 passant de 1,6 % à 1,3 %.
Ces prévisions à la baisse reflète touche la zone euro dans son ensemble. Elles sont justifiées par les tensions commerciales existantes et les incertitudes d’un Brexit aux modalités toujours en question.
Projet gazier Nord Stream 2 : la France et l’Allemagne trouvent un compromis
Nord Stream 2, le gazoduc sous-marin permettant à la Russie d’alimenter l’Allemagne à travers la Mer baltique. Le gazoduc, dont le chantier fut lancé en 2018, permettra de doubler les capacités de livraison entre la Russie et l’Allemagne en contournant la Pologne et l’Ukraine, par lesquelles transite le gaz russe, via le gazoduc Nord Stream 1. Le tube gazier de 1200 kilomètres permettra de livrer l’équivalent de 11% de la consommation de gaz annuelle de l’Europe.
La France était restée plutôt silencieuse sur ce projet qui divise profondément l’Union européenne pour ses conséquences économiques et géopolitiques importantes. La Commission européenne craint qu’il ne mette en péril l’indépendance énergétique de l’Union. Une directive européenne, la directive Gaz, a été proposée en 2017. Elle impose que les infrastructures non européennes respectent, dans l’acheminement du gaz, les mêmes règles que celles suivies par les infrastructures européennes.
Le jeudi 7 février, à la veille du vote de la directive Gaz, la France a pour la première fois adoptée une position officielle laissant apparaître son scepticisme vis-à-vis de ce projet. Elle a annoncé son intention de vote favorable à la directive qui mettait à mal le projet de construction du gazoduc.
Après une journée de tensions, la France et l’Allemagne sont arrivées à un compromis permettant l’adoption de nouvelles règles sur le transport du gaz, sans bloquer le projet de gazoduc Nord Stream 2. Ce compromis prévoit que la gestion d’un gazoduc construit à partir d’un pays tiers soit confiée au pays d’arrivée, en l’occurrence l’Allemagne. Ce qui permettra au pays d’arrivé, en l’occurrence l’Allemagne et par extension l’Union, de mieux contrôler l’infrastructure et d’imposer à la Russie des garanties.
La proposition franco-allemande de révision de la directive fut acceptée ce vendredi 8 février par l’ensemble des États membres de l’Union. Elle doit désormais être soumise au Parlement européen pour d’éventuels l’amendements.
Venezuela – l’Italie empêche l’Union européenne d’adopter une position commune
Une quinzaine d’États membres ont décidé de reconnaître Juan Guaido comme président par intérim. Ainsi plusieurs pays européens dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne ont formellement reconnu lundi 4 février Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela et appel à l’organisation de nouvelles élections présidentielles. La reconnaissance de Juan Guaido par plusieurs pays européen suit celles des Etats-Unis, du Canada et de nombreux pays d’Amérique latine, dont la Colombie et le Brésil
Cette décision ne fait cependant pas l’unanimité au sein de l’Union européenne. L’Italie a bloqué lundi 4 février l’adoption d’une position commune de l’UE reconnaissant au président de l’Assemblée nationale du Venezuela Juan Guaido la légitimité pour organiser une nouvelle présidentielle après le refus du président Maduro de convoquer un nouveau scrutin. Ce blocage révèle les divisions entre État membres sur les questions internationales et les difficultés d’une politique étrangère commune.