Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (15.11-22.11)

Un article rédigé par Constance Maillard.

La Hongrie et la Pologne bloquent l’approbation du budget pluriannuel et du plan de relance

Alors que la Commission était enfin parvenue à trouver une solution afin de sanctionner les entraves à l’Etat de droit via l’instauration d’un mécanisme de conditionnalité des fonds européens au respect de l’Etat de droit, les dirigeants hongrois et polonais ont affiché leur détermination à ne pas se plier aux exigences bruxelloises. En signe de protestation contre ce nouveau mécanisme qui inclut une suspension des fonds européens en cas de non-respect des valeurs européennes, ces derniers ont posé leur veto à la validation du budget européen pour 2021-2027 (1 090 milliards d’euros) et du plan de relance post-covid (750 milliards d’euros). Cette opposition est lourde de conséquences puisqu’elle empêche non seulement l’attribution des fonds européens pour contrer les effets économiques et sociaux engendrés par le Covid-19 mais menace aussi « le virage vert de l’Europe, la réforme de sa politique agricole commune, les échanges Erasmus » comme le mentionne Ouest-France.

Moldavie : l’ancienne Première Ministre pro-européenne Maia Sandu devient la première femme à accéder à la présidence 

C’est une victoire nette pour Maia Sandu, nouvelle Présidente de la Moldavie, qui remporte ce 15 novembre l’élection avec plus de 57% des voix face à son opposant et ancien sortant pro-russe accusé de corruption. Cette élection est « l’espoir d’un changement » comme l’indique le porte-parole en chef de la Commission européenne pour Euronews qui décrit le programme de la Présidente comme « un appel clair pour s’attaquer à la corruption et rajuster le respect de l’Etat de droit, chemin vers un futur plus prospère”. Il ajoute par ailleurs que l’UE se tenait prête à soutenir la Moldavie dans sa démarche vers l’Etat de droit.  L’élection d’une pro-européenne risque toutefois de ne pas faire l’unanimité, notamment en Russie qui tente depuis plusieurs années d’exercer son influence dans cette ancienne République soviétique.

Abandonné et fragilisé, Johnson plus enclin à faire des concessions alors que la dernière semaine de négociation du Brexit touche à sa fin ?

Nouveau rebondissement dans l’affaire du Brexit qui paralyse la vie politique anglaise depuis maintenant cinq ans avec la démission de Dominic Cummings, un conseiller très influent du Premier ministre suivie de peu par celle de Lee Cain, autre promoteur du Leave. Pour l’euro-député Philippe Lamberts qui s’exprime au journal Euractiv’, ces départs « laissent penser que Boris Johnson est prêt à faire les concessions nécessaires pour aboutir un accord à minima». En effet, le Chef de 10 Downing Street se trouve dans une situation difficile avec à la fois une crise économique et sanitaire affectant considérablement le pays mais aussi le départ de Trump, remplacé par un nouveau président qui lui est bien moins favorable. Dans ces conditions, il paraît peu probable que ce dernier puisse se permettre un Brexit sans accord d’autant plus que celui-ci risquerait de miner l’économie britannique comme en témoigne une étude menée par le cabinet KPMG montrant que la croissance du PIB anglais risquerait d’être divisée par deux en cas de no deal. 

La Bulgarie s’oppose à l’intégration de la Macédoine du nord dans l’UE

La Macédoine du nord, candidate pour intégrer la communauté européenne depuis 2004, doit se confronter à une nouvelle opposition de la part de la Bulgarie qui vient de poser son veto au démarrage des négociations d’adhésion. En effet, le pays avait déjà été contraint de changer de nom en 2019 en raison d’un différend avec la Grèce avec la promesse derrière d’accéder par la suite à l’UE et à l’OTAN. Cependant, le poids de l’histoire a encore repris le dessus puisque c’est une fois de plus des questions linguistiques, historiques et identitaires qui sont en cause et « empoissent la vie de la Macédoine du Nord depuis son indépendance » comme l’indique le journal Le Monde. Le gouvernement Bulgare accuse notamment la Macédoine de Nord de présenter la Bulgarie comme un ennemi dans les manuels scolaires et les médias tandis que les deux pays partageaient une même histoire avant la création de la République de Macédoine intégrée à la Yougoslavie à l’issue de la seconde guerre mondiale. La Bulgarie considère par ailleurs que « la langue et le peuple macédonien font partie intégrante de son identité » et que la langue macédonienne ne serait qu’ « un dialecte bulgare ». Pour le chercheur Angelos Chryssogelos, l’argument du différend historique ne serait qu’un trompe-l’oeil et refléterait en réalité le nécessité pour le gouvernement bulgare « d’adopter une ferme position nationaliste pour des raisons de politiques intérieurs » comme le cite Euronews. D’après plusieurs analystes de la région, rappeler des conflits historiques au fort pouvoir émotionnel serait en effet une tactique classique dans les Balkans en vue de renforcer sa position avant des élections, hors le gouvernement doit justement faire face à d’importantes critiques de corruption tant par la communauté internationale que par sa propre population.

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