Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (du 24 au 30 janvier 2022)

Par Marine Béguin et Hussein Malamelli.

Partygate : un scandale arrosé pour Boris Johnson 

Alors que la popularité de Boris Johnson ne battait pas son plein, le premier ministre britannique se retrouve cette semaine au cœur d’un scandale  qui tient Westminster en haleine : le “Partygate”. Le scandale auquel a été attribué le nom de “Partygate” met à mal le chef du gouvernement britannique sommé de répondre à de nombreuses accusations.

L’étau se resserre au fil des jours pour Boris Johnson, accusé d’avoir organisé des fêtes et rassemblements pendant les confinements mis en place en Grande-Bretagne en pleine pandémie mondiale de la Covid-19. Rappelons-le, le 15 mai 2020, alors que le Royaume-Uni était plongé dans un premier confinement, une photo de Boris Johnson accompagné de sa femme et de collaborateurs partageant un bon repas dans le jardin de la résidence de ce dernier, à Downing Street, avait fait polémique. Le premier ministre avait alors affirmé qu’il s’agissait de « gens au travail, parlant de travail ».

S’en sont pourtant suivis, les mois d’après, des invitations à « profiter du beau temps » pour des centaines de convives, fêtes d’anniversaire, pots de départs arrosés et quelques « verres et canapés » à certaines occasions, organisés par le premier ministre face à une population toujours tenue de respecter les règles sanitaires imposées par le gouvernement. Alors que la colère des britanniques se fait ressentir, Boris Johnson « a pleinement conscience de la colère et de la préoccupation du public » a-t-il affirmé, à quoi il ajoute assumer la responsabilité de ses erreurs.

Entre enquête policière pour entorses aux règles sanitaires et remise en cause de l’avenir politique du Premier ministre britannique, l’affaire n’en est qu’à ses débuts. En effet, Sue Gray, « l’une des rares personnes que Boris Johnson craint », annonce The Guardian, est une haute fonctionnaire responsable des questions d’éthique au Bureau du cabinet du Premier ministre et dont les conclusions, devant être rendues très prochainement, pourraient impacter l’avenir futur, où déjà déterminé, de Boris Johnson. 

 

A 80 ans, Sergio Mattarella est réélu président en Italie

Ce vendredi, le président de la République sortant Sergio Mattarella, dont le mandat devait finir le 1er février, a été réélu en obtenant la majorité absolue de 505 suffrages sur les 1009 grands électeurs comprenant des sénateurs, des députés et des responsables régionaux.

Agé de 80 ans, Mattarella sort d’un mandat difficile de 7 ans, pendant lequel il a notamment eu comme président du Conseil Giuseppe Conte de 2018 à 2021, avant Mario Draghi. Pour cause, l’écrasante majorité des partis politiques du pays ont demandé sa réélection, car aucun autre candidat ne faisait consensus. En effet, la gauche et la droite ne peuvent pas atteindre de majorité suffisante.

Le rôle du président de la République est limité, mais permet de dissoudre le parlement et de nommer le Premier ministre. Cette élection est l’occasion de maintenir Mario Draghi comme chef du gouvernement, lui aussi très populaire en Italie. Surtout, l’élection de Monsieur Draghi aurait déstabilisé la majorité gouvernementale, fragile car intégrant des partis de droite et de gauche à la fois. Le maintien de Mattarella à la présidence et de Draghi au Conseil permet donc de faciliter la mise en œuvre du plan de relance européen, dont l’Italie pourra bénéficier, sur un montant de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Cette situation délicate en pleine crise justifie le soutien de diverses factions allant de la gauche à la Ligue de Salvini et à Forza Italia de Berlusconi.

 

Conflit Ukraine/Russie : quand l’Europe et la France s’en mêlent 

Alors que depuis novembre les relations entre l’Ukraine et la Russie ne cessent de se dégrader, la crise prend cette semaine une nouvelle tournure avec l’intervention de puissances externes comme les États-Unis et la France. Nous en parlions la semaine dernière, une atmosphère de guerre froide commence à s’installer aux frontières ukrainiennes avec une forte présence russe. Qu’en est-il cette semaine ?

Ce mercredi 26 janvier s’est tenue une réunion diplomatique des représentants des deux pays protagonistes de ce conflit ainsi que des représentants de la France et de l’Allemagne. Une seconde discussion est prévue à Berlin d’ici deux semaines pour tenter de désamorcer la situation. À la suite de cette réunion, le Président français Emmanuel Macron s’est entretenu, ce vendredi matin au téléphone avec le Président russeVladimir Poutine, dans l’espoir de jouer les intermédiaires avec l’Ukraine, avec qui l’entretien téléphonique se déroulait ce même vendredi aux alentours de 19h. 

Cependant, le rôle de médiation de la France est trop faible aux yeux de Marine Le Pen, représentante du parti du Front National, qui déplore également une Union Européenne effacée de la situation : “Une fois de plus, l’Union européenne démontre sa faiblesse diplomatique puisque les Etats-Unis discutent aujourd’hui avec la Russie d’un territoire qui est (…) européen”

L’intérêt américain est fort également : la “guerre des gaz” est un enjeu majeur pour l’Union européenne dans ce conflit. Rappelons-le, le Kremlin reste détenteur d’une puissance énergétique dont l’Europe ne peut pas se passer, faisant du gaz un avantage en faveur de la Russie. Cependant, la dépendance est réciproque : la Russie a besoin des revenus liées à la vente de gaz à l’Europe, de la même manière que les Européens ont besoin du gaz russe, d’où la nécessité et la volonté de la France et de l’Europe et désamorcer urgemment le conflit.

Parallèlement, alors que les américains avaient renoncé aux exigences de la Russie pour calmer la situation, Washington a annoncé ce jeudi avoir saisi le Conseil de Sécurité de l’ONU pour le lundi 31 janvier. Les États-Unis ont également menacé de stopper tout avancement du gazoduc Nord Stream 2 en Allemagne en cas d’invasion russe de l’Ukraine. 

 

Commémoration nationale en Irlande du Nord : retour sur le “Bloody Sunday” du 30 janvier 1972.

Le 28 janvier, deux jours avant le cinquantième anniversaire du “Bloody Sunday”, le Derry Journal affiche à la Une une commémoration en mémoire de ces événements du 30 janvier 1972. En-dessous de la photo d’une victime de ces violences sont inscrits les mots « Never Forget ». Ce jour-ci, 15 000 citoyens manifestent pacifiquement dans la ville de Londonderry en Irlande du Nord avant que l’armée n’ouvre le feu sur la foule, faisant 13 victimes pour 26 touchés par balle.

Cinq mois plus tôt, en raison des violences entre l’armée et l’Armée républicaine irlandaise (IRA), une loi a été décrétée permettant à la police d’arrêter sans procès les citoyens. Cette loi visant indirectement les nord-irlandais catholiques, la situation a conduit à une série de marches de protestation.

Quelques dizaines de minutes avant l’incident, des manifestants lancent des pierres aux forces de l’ordre, qui répliquent avec des balles à blanc et des jets d’eau. Puis le feu est ouvert et les autorités justifient des tirs du côté des manifestants provenant de membres de l’IRA.

Une enquête est ouverte le lendemain mais aucune excuse n’est présentée par la Couronne ni par les autorités. Il faut attendre 1997 pour que Tony Blair demande de rouvrir l’enquête, reportée à 2010. La faute est officiellement reconnue en 2010, l’armée ayant été accusée d’avoir tiré sur des citoyens non-armés. 

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