Articles par Arwen Samb et Mona Jansen.
Peur du succès de l’extrême droite : les Allemands manifestent
Vendredi 19 janvier, en Allemagne de grandes manifestations contre l’extrême droite ont été lancées. Ces marches ont depuis réuni les Allemands dans environ 40 villes de l’Allemagne, notamment à Berlin, Munich, Cologne, Brême et Francfort. Au total, on estime qu’au moins 300.000 personnes ont participé aux manifestations contre l’extrême droite et pour «défendre la démocratie».
L’élément déclencheur était une réunion d’extrémistes de droite à Potsdam le 25 novembre 2023. Des politiciens du parti d’extrême droite AfD (l’alternative pour l’Allemagne) et quelques représentants du parti conservateur CDU (l’union chrétienne et démocrate) ont échangé sur des moyens d’expulser certains groupes de populations étrangères ou d’origine étrangère d’Allemagne. Il s’agirait de deux millions de personnes, dont des citoyens allemands qui selon l’extrémiste Martin Sellner ne seraient pas assimilés. Le terme «remigration» a été employé.
Beaucoup de politiciens s’expriment en faveur des manifestants, dont le ministre de l’économie Robert Habeck et la ministre de l’intérieur Nancy Faeser.
Certaines voix parmi la CDU expriment de la méfiance envers les protestations: il s’agirait de manifestations contre tout ce qui n’est pas de gauche.
Dans les sondages, le parti d’extrême droite AfD (l’alternative pour l’Allemagne) connaît beaucoup de succès : environ 30% des personnes interrogées déclarent qu’ils voteraient ce parti. Cela est entre autres lié à la méfiance que la population apporte au gouvernement actuel composé du parti Vert (DieGrünen), de libéraux (FDP) et de sociaux-démocrates (SPD).
Actuellement, la loi désignant le nombre de juges de la Cour de contrôle constitutionnelle ainsi que la majorité de deux tiers nécessaire pour leur élection n’est pas intégrée dans la Constitution. Ainsi, le gouvernement a lancé des discussions sur la possibilité d’inclure cette loi dans la Constitution. La raison étant que le Parlement allemand (Bundestag) peut à ce stade modifier la loi sur le contrôle constitutionnel avec une majorité simple au lieu d’une majorité de deux tiers pour des modifications de la Constitution. Il s’agit d’un effort de protéger la Cour de contrôle constitutionnel contre d’éventuelles influences d’un futur gouvernement qui, selon les sondages actuels, pourrait tendre plus vers la droite extrême. En regardant ces phénomènes, l’Allemagne pourrait bien faire partie des pays dans lesquels l’extrême droite connaîtra beaucoup de succès lors des élections européennes approchantes.
Trois ans après le Brexit : mesures du Royaume-Uni sur l’importation depuis l’Union européenne
Depuis mercredi 31 janvier, le Royaume-Uni impose une nouvelle régulation de l’importation européenne. Il s’agit de biens alimentaires, d’animaux et de plantes qui sont désormais soumis à de plus strictes conditions d’importation. Le système appelé Border Target Operating Model (BTOM) prévoit une classification en fonction du risque que comporte l’importation du produit. Pour des produits classés «risque médium» ou «haut risque», des certificats sanitaires sont désormais nécessaires pour pouvoir exporter des biens européens au Royaume-Uni. Ces certificats sanitaires de sept pages peuvent être obtenus auprès de vétérinaires ou d’inspecteurs pour la santé de plantes dans le pays originaire du produit.
Pour respecter les règles de l’Organisation mondiale du commerce, ces changements sont nécessaires. Les mêmes réglementations de commerce de tous les pays doivent s’appliquer à l’Union européenne pour éviter un avantage commercial. Ainsi, le gouvernement britannique prévoit de lancer des contrôles frontaliers le 30 avril de cette année.
Le Royaume-Uni était soumis à des règles commerciales strictes depuis sa sortie du marché unique le 1er janvier 2021. Ainsi, les pays de l’Union européenne exportant au Royaume-Uni étaient avantagés. Notamment les fournisseurs de viande et de produits laitiers avaient du mal à exporter en Union européenne pendant que les producteurs de pays membres pouvaient exporter au Royaume-Uni sans contrainte, sont satisfaits des changements.
Selon LeMonde, le pays a hésité à mettre en place de telles règles commerciales en raison de l’augmentation des prix que cette régulation pourrait provoquer.
Le gouvernement estime le coût annuel de ce système de contrôle de 330£ million ainsi qu’une augmentation du prix de la nourriture de 0,2%. Selon The Guardian, les coûts s’élèveraient jusqu’à 530£ million, car il faut prendre en compte l’élargissement de la catégorie de produits à risque moyen prévu pour octobre.
Une inquiétude par rapport au choix de produits pour les consommateurs se répand, craignant que notamment les PME arrêteraient d’exporter au Royaume-Uni en raison de la nouvelle administration compliquée.
Les entreprises européennes exportant au Royaume-Uni se trouveront donc face à de nouvelles complications qui auront un impact sur l’approvisionnement du pays.
« AI Act » : L’Union européenne conclut un texte historique sur l’Intelligence artificielle
Après des mois de négociations tendues, les 27 États membres se sont accordés ce vendredi sur un texte politique ambitieux, visant à mieux encadrer l’intelligence artificielle au sein de l’Union européenne. Il s’agit de la première législation mondiale en la matière.
Annoncé par le commissaire européen Thierry Breton sur X (anciennement Twitter), le texte a été adopté à l’unanimité par l’ensemble des États membres, « reconnaissant ainsi l’équilibre trouvé par les négociateurs entre innovation et sécurité ». S’il constitue une étape législative décisive pour l’Intelligence artificielle, le projet doit encore être validé par le Parlement européen à partir du 13 février.
Une première proposition de règlement sur l’IA avait déjà été déposée en avril 2021 par la Commission européenne. Cependant, le développement de Chat GPT – un générateur d’Intelligence artificielle – par l’entreprise américaine Open AI fin 2022, ou de Mid Journey, des logiciels capables de générer de fausses images, a ravivé les préoccupations autour de l’Intelligence artificielle dans l’UE.
Ce dernier texte prévoit d’imposer des règles sur les IA génératives, pour vérifier notamment la qualité des données utilisées dans la mise au point des algorithmes et pour contrôler le respect de la législation sur les droits d’auteur. Les développeurs devront par ailleurs s’assurer que les sons, images et textes produits seront bien identifiés comme artificiels. Le projet entend par ailleurs imposer une série d’obligations dans les domaines à « haut risque » (infrastructures critiques, ressources humaines, éducation, forces de l’ordre), en prévoyant un contrôle humain sur la machine, selon Le Monde. Il interdit l’identification biométrique à distance en temps réel, les dispositifs de surveillance de masse et de manipulation du comportement, ou encore les systèmes de scores sociaux – utilisés par exemple en Chine.
Alors que le texte prévoit de nombreuses règles, Paris et Berlin ont souhaité obtenir plus de concessions, afin que la législation européenne protège leurs start-ups spécialisées dans l’intelligence artificielle. La France notamment, voulait revenir sur la régulation des « modèles de fondation », ou relever le seuil de puissance informatique à partir duquel les modèles les plus puissants sont considérés comme « systémiques » et donc, soumis à des évaluations et d’atténuation des risques.
L’Union européenne approuve une nouvelle aide de 50 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine.
Quelques mois après l’opposition de la Hongrie qui avait bloqué les négociations, les Vingt-Sept se sont accordés ce jeudi 1er février, sur le versement d’une aide financière supplémentaire pour soutenir Kiev.
L’aide européenne octroyée à l’Ukraine s’élève à 50 milliards d’euros, comprenant 33 milliards de prêts et 17 milliards de dons. Elle est également comprise dans le budget de l’Union européenne, qui a été prolongé jusqu’en 2027 et qui sera révisé par le Parlement européen. Une décision majeure qui vise à lancer « un message très fort à Vladimir Poutine, juste avant le deuxième anniversaire de son invasion brutale », selon les mots de la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen.
Le déploiement de cette aide financière a cependant été décidé au terme d’un long bras de fer avec le premier ministre hongrois, Viktor Orban. Réélu pour son quatrième mandat successif en 2022, le ministre s’était déjà fermement opposé à l’augmentation d’une aide financière à l’Ukraine, en posant son véto en décembre dernier. Un choix politique expliqué en partie par ses relations ambiguës avec le président russe Vladimir Poutine, qui ont suscité la controverse.
Avec l’envoi de près de 26 milliards de dollars depuis l’invasion russe le 24 février 2022, l’Union européenne est devenue le premier fournisseur d’aide financière à l’Ukraine. Annoncée par Charles Michel, président du Conseil européen sur X (ex-Twitter), cette nouvelle aide versée à l’Ukraine s’est faite au grand soulagement de Volodymyr Zelensky, alors qu’une enveloppe financière avait été bloquée par le Congrès américain en décembre dernier.
Si un compromis a été trouvé entre l’ensemble des États membres à Bruxelles pour soutenir l’Ukraine, l’opposition de plus en plus ferme de la Hongrie sur des questions européennes, questionne de plus en plus l’avenir de l’unité européenne.