Un « diplôme européen » : où en est l’UE?
Par Lila Salmi
Ce mercredi 27 mars, la Commission européenne a présenté aux États membres les potentielles modalités d’un « diplôme européen » reconnu dans toute l’Union européenne. Ces nouvelles propositions viennent préciser un projet à l’agenda de la Commission depuis plusieurs années.
Renforcer la compétitivité de l’Europe
Le but avancé est « de rendre l’enseignement supérieur européen plus compétitif, d’attirer des étudiants étrangers, de renforcer l’attractivité des diplômés auprès de futurs employeurs. » comme le rapporte Franceinfo. C’est donc la compétitivité sur la scène internationale qui motive cette initiative européenne. Selon Iliana Ivanova, la commissaire chargée de l’éducation et de la jeunesse, cette initiative répond à la fois aux demandes des étudiants et des employeurs. Elle permettrait d’assurer « la place de l’Europe dans la course mondiale aux talents ». Cette impulsion s’appuie également sur une tendance à la coopération académique déjà présente au sein de l’Union, avec le programme phare de l’UE, Erasmus+, et d’autres initiatives comme la YUFE alliance, un programme de coopération entre 10 universités européennes, dont la Sorbonne Nouvelle. La vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, avance également que cela permettrait de « rendre les avantages de l’intégration européenne tangibles pour les citoyens ».
De premières modalités dévoilées
Ce projet concernerait aussi bien les diplômes de licence, de master et de doctorat. Le programme comporterait deux étapes : d’abord, « la création d’un label européen, qui permettrait d’attester qu’un programme de diplôme conjoint répond aux exigences du diplôme européen » puis le « diplôme européen à part entière qui serait délivré conjointement par plusieurs universités de différents États membres. » La participation de deux établissements serait requise. Le diplôme pourrait être délivré soit conjointement par plusieurs universités de différents pays soit par une entité juridique européenne. De plus, « le programme serait ouvert aux établissements privés et publics des États membres de l’UE, avec la possibilité pour les universités des pays partenaires d’Erasmus+ de s’y associer également. »
Des obstacles en prévision?
À l’heure actuelle, la reconnaissance des diplômes n’est pas automatique à l’échelle européenne, et les démarches à faire pour cette reconnaissance sont souvent longues et coûteuses. La question du financement pose également problème : a priori, aucun budget supplémentaire ne serait prévu pour aider les étudiants qui devraient alors s’inscrire en parallèle dans deux universités. Il n’y aurait pas non plus de financement pour les universités qui se porteraient volontaires pour participer au programme.
Cette proposition de la Commission constitue une première étape mais elle doit à présent être discutée par les États membres.
L’Union Européenne face à l’impératif de l’innovation et de la résilience
Par Eva Gandaloeva
À l’approche des élections européennes, qui revêtent une importance capitale pour déterminer la composition du Parlement européen pour les cinq années à venir, les préoccupations concernant l’avenir du continent européen sont mises en évidence. En effet, selon le dernier baromètre de CCI France, La Tribune et LCI, ainsi que le sondage mené par OpinionWay, près de six dirigeants d’entreprise sur dix (59%) expriment des inquiétudes à cet égard. Ces préoccupations sont accentuées par le fait que ces chefs d’entreprise considèrent la simplification administrative comme une priorité.
Une perception de l’Union européenne quelque peu contrastée
Les résultats révèlent un état d’esprit mitigé parmi les dirigeants vis-à-vis du Vieux Continent. Alors que près de la moitié (49%) ont une image positive de l’Union européenne, cette proportion atteint même 72% parmi les grandes entreprises, mais chute à seulement 43% chez les petites entreprises. En revanche, une vision négative sur l’Europe est portée par 50% des dirigeants interrogés. Cette tendance est particulièrement marquée chez les indépendants et les entreprises de 1 à 2 salariés (56%), tandis que dans les entreprises de plus de 50 employés, seuls 26% des dirigeants ont une vision défavorable de l’Union européenne.
Des défis économiques nouveaux
L’économie européenne est confrontée à des défis majeurs, notamment avec les effets dévastateurs de la guerre en Ukraine et l’inflation persistante. Il est clair que, l’assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) est perçu comme une mesure susceptible de stimuler la demande, qui a été comprimée par la hausse des taux depuis l’été 2022. Toutefois, la récession continue de peser sur l’Allemagne, première économie de la zone euro, mettant en lumière les défis économiques auxquels est confrontée l’Europe. Malgré tout, il est clair que l’Union européenne tente de faire preuve d’un certain engagement afin de répondre aux préoccupations de ses acteurs économiques clés.
L’UE s’engage fermement pour cette problématique d’ampleur
Alors, en réponse à de telles perspectives, des discussions sont en cours au Parlement européen pour explorer des solutions stratégiques visant à soutenir les entreprises face aux pressions économiques croissantes. En effet, les parlementaires européens ont appelé à une action concertée au niveau européen pour atténuer les effets de l’inflation et des retards de paiement, reconnaissant que ces défis économiques affectent directement la perception des dirigeants d’entreprise à l’égard de l’Union européenne.
Dans ce contexte d’incertitude économique et politique, l’Union européenne se tient à un moment charnière, confrontée à la nécessité impérieuse de surmonter des défis majeurs pour façonner un avenir résilient et prospère pour ses citoyens et ses entreprises.Face à un climat d’incertitude économique et politique, l’Union européenne se trouve à la croisée des chemins, appelée à relever des défis cruciaux pour façonner un avenir qui inspire confiance et prospérité pour ses citoyens et ses entreprises.
L’UE limite les importations agricoles ukrainiennes
Par Lila Salmi
Les 27 se sont accordés à Bruxelles pour limiter les importations ukrainiennes tout en étendant l’exemption de droits de douane dont le pays bénéficie. Cette version légèrement modifiée de l’accord du 20 mars – qui prévoit le plafonnement de certaines importations agricoles ukrainiennes – vient en réponse à la colère des agriculteurs européens.
Une concurrence déloyale
Depuis juin 2022, les importations de produits agricoles ukrainiens peuvent accéder au marché intérieur sans être soumis aux droits de douane. Depuis, leur présence a fortement augmenté. Face à la colère des agriculteurs, qui « accusent leurs homologues ukrainiens de les appauvrir », plusieurs pays ont manifesté leur envie d’imposer des plafonds sur les importations de certains produits. Emmanuel Macron a même parlé d’une Ukraine qui « ne produit pas avec les règles de l’Europe ». Privé par la guerre avec la Russie de ses marchés traditionnels, l’Ukraine a en effet répondu par une réorientation vers les pays de l’UE et ce, à des prix très concurrentiels. L’accord prévoit que les taxes soient rétablies pour les importations de volailles, d’œufs, de sucre, d’avoine, de maïs, de gruaux et de miel si « les volumes importés dépassent le niveau moyen constaté entre le 1er juillet 2021 et le 31 décembre 2023. »
Des divergences
La France, aux côtés de la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie, souhaite limiter les importations de blé et d’orge. L’accord ne contient pas de telles mesures et ne répond pas non plus à la volonté française d’élargir à l’année 2021 entière la période sur laquelle les volumes sont calculés en raison de l’opposition de plusieurs États. Le Parlement européen y était pourtant favorable. Néanmoins, comme le rappelle RFI, « ces pays qui bloquaient depuis une semaine ont réussi à abaisser encore les limites ». En effet, la moyenne des importations ukrainiennes sera calculée depuis juillet 2021 et non plus seulement sur la période 2022-2023 durant laquelle ces dernières étaient déjà massives.
Élaboré par les ambassadeurs des États membres, le texte doit encore être accepté par chaque gouvernement ainsi que par le Parlement européen.
Le Russian Gate : Ingérence au sein du Parlement européen
Par Eva Gandaloeva
Le Parlement européen, déjà ébranlé depuis décembre 2022 par l’affaire de corruption du Qatargate, est une nouvelle fois au centre des soupçons. Cette fois-ci, c’est un lien avec un réseau d’influence russe qui fait craindre pour le processus démocratique. En 2022 déjà, certains membres du Parlement européen avaient été accusés de recevoir des paiements en échange de la promotion des intérêts du Qatar. Aujourd’hui, avec le conflit en Ukraine en toile de fond, c’est la Russie qui est sous les feux de la rampe.
Mais de quoi est-il vraiment question ?
La République Tchèque a annoncé mercredi que ses services de renseignement (BIS) avaient démantelé un réseau financé par Moscou. Ce réseau était responsable de la diffusion de la propagande pro-russe sur l’Ukraine via le site Voice of Europe, et ce, tout en étendant son influence jusqu’au Parlement européen.
Selon les déclarations du Premier ministre belge Alexander De Croo devant la Chambre des représentants belge, ce réseau aurait approché des eurodéputés et aurait payé pour promouvoir la propagande russe, impliquant ainsi des parlementaires dans des activités financées par des intérêts extérieurs.
Le journal tchèque Denik N a révélé que des responsables politiques européens coopérant avec le site Voice of Europe auraient été rémunérés par des fonds russes, incluant des responsables politiques de Belgique, de France, d’Allemagne, de Hongrie, des Pays-Bas et de Pologne. Ces paiements auraient également financé des campagnes pour les prochaines élections européennes, soulignant les préoccupations quant à une éventuelle manipulation des processus démocratiques européens par des acteurs étrangers. Alors, les responsables des groupes libéraux et Verts au Parlement européen ont vivement réagi en réclamant l’ouverture d’une enquête interne après que les services de renseignement tchèques ont identifié un réseau financé par Moscou.
Un enracinement du réseau d’ingérence russe dans du processus de prise de décision de l’UE :
Les révélations de Petr Fiala, chef du gouvernement tchèque, indiquent que ce réseau d’influence prorusse démasqué par le BIS aurait pu avoir un impact significatif sur la sécurité de la République tchèque et de l’Union européenne, en menant des opérations visant à affaiblir l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine. Les services de contre-espionnage polonais ABW ont également rapporté une opération en cours visant un réseau d’espionnage russe, en coopération avec d’autres services européens. Face à ces révélations, les appels à une enquête approfondie et transparente se multiplient. La députée européenne française Renaissance, Valérie Hayer, présidente de Renew Europe, a demandé l’ouverture immédiate d’une enquête interne en coopération avec les autorités nationales pour déterminer toute implication de membres du Parlement européen avec des intérêts russes. Comme ce fut mentionné précédemment, les Verts ont également réclamé une enquête rapide, soulignant que de telles activités représentent une menace directe pour la démocratie européenne. Il est clair que de telles révélations rappellent aux euro-députés l’importance des règles d’indépendance et d’éthique dans la prise de décision, sous peine de sanctions. Quoi qu’il en soit, cela souligne l’impératif de protéger la démocratie européenne contre toute influence étrangère, exigeant une vigilance constante pour préserver son intégrité.