Service minimum pour la déclaration du G20, ouverture de la COP 24 en Pologne, élections-test en Andalousie, loi martiale en Ukraine et perquisitions à la Deutsche Bank : les actualités européennes de la semaine.
G20 – Négociations difficiles pour un service minimum
« Tension (n.f.) : Force qui agit de manière à écarter, à séparer les parties constitutives d’un corps ; état de ce qui menace de rompre ; état d’énervement » : un mot suffit à décrire le week-end passé à Buenos Aires par les dirigeants du G20. Il faut dire que les circonstances laissaient peu de place à une autre ambiance, entre l’Arabie saoudite empêtré dans l’affaire Khashoggi, Vladimir Poutine toujours aussi menaçant envers l’Ukraine et un Donald Trump toujours plus porté sur l’unilatéralisme. Dans ce genre de sommet où tant d’intérêts divers sont représentés, parvenir à une déclaration commune est devenu une gageure. En juin dernier, lors d’un sommet du G7, Donald Trump avait refusé au dernier moment d’apposer sa signature au communiqué final.
En Argentine ce week-end, deux thèmes étaient au centre des discussions : le commerce et le climat. L’Organisation mondiale du commerce (OMC), censée arbitrer les litiges commerciaux internationaux, est en perte d’influence alors que les États-Unis s’en désintéressent de plus en plus. Dans la déclaration finale, les États « notent les problèmes commerciaux actuels » et se sont mis d’accord sur le principe d’une réforme de l’OMC. Le terme de « problèmes commerciaux » a remplacé celui de « tensions commerciales », envisagé un moment avant d’être retiré sous la pression des États-Unis.
Sur le climat, le suspens était entier quand aux engagements des États sur les accords de Paris. En particulier, les positions de la Turquie et du Brésil inquiétaient les Européens. Les membres du G20, hors États-Unis, se sont finalement engagés à la « pleine mise en œuvre » des accords. Une petite victoire pour un sommet compliqué.
COP 24 – Coup d’envoi à Katowice
Environnement toujours, à l’heure où une trentaine de chefs d’État et de gouvernement sont attendus à Katowice, en Pologne, pour le lancement de la 24ème Conférence des Nations unies sur le climat (COP 24). Rapports et études tirant le signal d’alarme climatique se multiplient, et les événements climatiques exceptionnels sont de plus en plus fréquents. Mais l’enjeu de la COP 24 est moins politique que technique : il s’agira surtout de formaliser les accords de Paris de 2015. Comme le relève Le Monde, trois volets seront âprement discutés entre le 3 et le 14 décembre : la finalisation du guide d’application des accords, la relève des ambitions des États et les financements destinés à aider les pays en voie de développement à s’adapter au dérèglement climatique.
Cependant, il est difficile de ne pas remarquer le contraste entre les attentes importantes des citoyens et l’apparente passivité des États. En effet, aucun pays du G20 (responsables de près de 80 % des émissions mondiales de CO2) excepté la France n’a inscrit la COP 24 à son agenda diplomatique. La prochaine grand-messe climatique, voulu par le secrétaire général de l’ONU, aura lieu en septembre 2019. Un énième « sommet de la dernière chance » ?
Lire aussi >>> Union européenne et protection de l’environnement : le cas Bialowieza
Espagne – Élections-test en Andalousie
C’est la rengaine incontournable des élections européennes de ces dernières années : l’extrême-droite fera-t-elle une percée historique ? La communauté autonome d’Andalousie vote aujourd’hui pour renouveler les 109 députés de son Parlement, pour un mandat de quatre ans. Cette élection est scrutée de près et fait office de « test » pour les socialistes au pouvoir. 2019 sera en effet l’année des élections régionales, municipales et européennes. Des élections générales sont aussi prévues en 2020.
Le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) est au pouvoir en Andalousie depuis 1982, et devrait encore une fois sortir gagnant des élections. Cependant, les projections lui donnent un score en baisse, sans majorité absolue. Cette élection sera aussi l’occasion de mesurer jusqu’à quel point Vox (extrême-droite) aura su séduire dans la région. Jusqu’à très récemment, ce parti était marginal et vivait dans l’ombre du Parti populaire (droite). Mais un meeting dans la banlieue de Madrid en octobre avait rassemblé 9000 personnes, apportant un coup de projecteur à cette formation existant depuis 2013 et créée par d’anciens cadres du PP. Vox pourrait faire son entrée au Parlement andalou, dans la région la plus peuplée d’Espagne et fortement touchée par le chômage.
Ukraine – Le président Porochenko proclame la loi martiale
« Les autorités actuelles ukrainiennes n’ont pas intérêt à régler le conflit, surtout par des moyens pacifiques. Tant qu’elles resteront au pouvoir, la guerre va continuer. C’est toujours plus facile de justifier ses échecs économiques par la guerre » : ainsi parlait Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse en conclusion du G20, samedi 1er décembre. Il réagissait à la décision, prise mercredi 28 novembre par le président ukrainien Petro Porochenko, d’instaurer la loi martiale dans dix régions frontalières avec la Russie.
Dimanche 25 novembre, les gardes-frontières russes ont arraisonnés trois navires militaires ukrainiens au large de la Crimée. Les navires et vingt-quatre marins ukrainiens sont toujours détenus par la Russie. C’est la première confrontation militaire ouverte entre les deux pays depuis l’annexion de la Crimée en 2014, et la première fois que Petro Porochenko proclame la loi martiale. Celle-ci prévoit, entre autres, « la possibilité d’une mobilisation militaire rapide, ordonne la vérification du bon fonctionnement d’installations militaires, et renforce le contrôle du transport maritime dans la mer Noire. » Cependant, de nombreux experts ont expliqué que ces dispositions pouvaient être permises sans avoir recours à un état d’exception et ont souligné qu’elles étaient moins justifiables qu’en 2014. Petro Porochenko est soupçonné par une partie des médias et de l’opposition ukrainienne d’utiliser cette loi à des fins électorales, en vue des élections présidentielles de mars 2019. Un argumentaire en forme de brèche dans laquelle Vladimir Poutine s’est évidemment engouffré, n’ayant de cesse de dénoncer des « provocations » de la part de l’Ukraine.
Panama Papers – Perquisitions à la Deutsche Bank
Deux jours de perquisitions, jeudi et vendredi dernier, au siège de la Deutsche Bank à Francfort. Selon le parquet de Francfort, deux employés de la première banque privée allemande et « un certain nombre de responsables non identifiés de l’entreprise » sont sous le coup d’une enquête pour blanchiment d’argent. Ils sont soupçonnés d’avoir aidé des clients à monter des sociétés offshores.
Le droit allemand ne permet pas à la justice de poursuivre une entreprise pour blanchiment, d’où la poursuite de particuliers. Cependant, l’ampleur des moyens déployés pour ces perquisitions – 170 magistrats, policiers et fonctionnaires pour six sites distincts – laisse imaginer l’importance de l’enquête, ouverte par le parquet sur la base de documents issus des Panama Papers. Jeudi, un porte-parole déclarait que la Deutsche Bank coopérerait avec la justice. En France, la Société Générale avait été perquisitionnée en avril 2016 à la suite des Panama Papers.
Lire aussi >>> Notre dossier sur la fraude fiscale : Eva Joly “Notre malheur, c’est que la Commission est dirigée par l’évadeur fiscal en chef” et Optimisation et fraude fiscales : la nécessité d’une réplique communautaire
Crédit photo : G20 Argentina