Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (08.04 – 14.04)

Le Brexit n’a pas fini de nous hanter, la Finlande vote, la Commission va pouvoir négocier avec les États-Unis, Julia Reda quitte la vie politique et Julian Assange arrêté à Londres : les actualités européennes de la semaine, par Nezim Tandjaoui et Bo Kaiser.

Wikileaks – Arrêté à Londres, Julian Assange se bat contre l’extradition aux États-Unis

Reconnu coupable de violation des conditions de sa liberté conditionnelle en 2012 ce jeudi 11 avril par le tribunal de Westminster, le fondateur de Wikileaks est actuellement engagé dans un combat contre la demande d’extradition américaine. Suite à sept ans de refuge dans l’ambassade d’Équateur à Londres afin d’échapper à un mandat d’arrêt britannique pour des accusations de viol et d’agression sexuelle en Suède, Julien Assange a pris mercredi manu militari la direction d’une prison britannique, qui pourrait en effet devenir américaine ou encore suédoise.

Soulevant une fois de plus les débats sur la liberté de la presse et la protection des journalistes, le combat autour de l’extradition s’annonce complexe, de par le fait qu’Assange soit poursuivi en Suède pour des accusations de viol et d’agression sexuelle mais également aux États-Unis pour la divulgation, en 2010, des documents secrets du Pentagone ainsi que du département d’études sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan. On l’accuse également de la publication de courriels volés au Parti démocrate et à l’entourage d’Hillary Clinton les des élections présidentielles en 2016. Pour l’instant, Assange est accusé pourtant d’un seul acte sur le territoire états-unien : la conspiration et l’intrusion informatique. D’autres charges pourraient s’y ajouter prochainement.

Plus de 70 parlementaires britanniques ont signé une lettre adressé au gouverneur, demandant l’extradition vers la Suède, si les autorités suédoises la demandent. En effet, pour le moment, la seule demande d’extradition vient des États-Unis, demande à laquelle les Britanniques s’opposent.

Brexit – Halloween et des élections

Tremblez, pauvres mortels : nous allons entendre parler du Brexit pendant quelques mois encore, au moins. Le Conseil européen s’est en effet mis d’accord, mercredi 10 avril, sur un report de la date de sortie du Royaume-Uni, afin d’éviter les effets d’une sortie sans accord. Sans cette extension, le Royaume-Uni aurait du quitter l’Union européenne vendredi dernier.

La nouvelle date est fixée au 31 octobre 2019, date (entre autres) de la fin de la Commission Juncker. Raison avancée par Macron sur le choix de la date : « Pour nous assurer que lorsque la prochaine Commission européenne prendra ses fonctions, nous aurons traité le sujet. »

Cette extension est flexible (une « flextension », selon le bon mot du président du Conseil Donald Tusk) : si l’accord de retrait parvient à être ratifié par le Parlement britannique avant fin octobre, le Royaume-Uni quittera l’UE au premier jour du mois suivant. A moins d’un énième coup du sort, Theresa May ne devrait pas réussir à faire passer son accord avant les élections européennes : le Royaume-Uni devrait donc élire des eurodéputés, qui siègeront jusqu’à la sortie effective…

Finlande – Élections législatives, l’extrême-droite attendue au tournant

La Finlande vote ce dimanche afin d’élire leurs 200 députés. Aucun des partis n’atteint les 20 % d’intention de vote. Selon les derniers sondages, les sociaux-démocrates bénéficient d’une courte avance avec 19 % des intentions de vote, suivis de près par la coalition de centre-droit au pouvoir avec 17 %. L’extrême-droite, bien implantée dans ce pays et ayant déjà fait partie de coalitions gouvernementales, est quant à elle créditée de 15 % des voix.

Il y a cinq semaines, le gouvernement avait présenté sa démission suite à l’échec de sa réforme sur l’État-providence. Pour autant, ces législatives étaient déjà prévues par le calendrier électoral et ne font pas suite à cette démission.

Le parti d’extrême-droite des Vrais Finlandais a réussi à imposer les thèmes de l’immigration lors de la campagne et semble bénéficier d’une dynamique favorable. Alors que droite et gauche ont annoncé ne pas vouloir cohabiter avec l’extrême-droite, les tractations pour former un gouvernement s’annoncent compliquées. Les Vrais Finlandais pèseraient alors dans la balance.

La Finlande s’apprête à prendre la présidence tournante du Conseil de l’UE, du 1er juillet au 31 décembre 2019. Moment crucial pour l’UE, car il s’agira de renouveler la Commission et la présidence du Conseil européen. Plus d’infos sur les élections ici et .

Commerce – Les États membres se mettent d’accord pour ouvrir les négociations avec les États-Unis

Les tensions commerciales entre l’UE et les États-Unis étaient fortes ces derniers mois, mais les ambassadeurs des États membres auprès de l’UE ont donné leur feu vert à la Commission pour entamer des négociations. Comme le rappelle Euractiv, « Le mandat permettra aux États-Unis et à l’UE de travailler à l’élimination des droits de douane pour les biens industriels ainsi que sur une évaluation de conformité afin d’établir des normes pour les produits vendus sur le marché européen. Le futur accord s’ajoutera à l’accord que la Commission prévoit de négocier pour supprimer les barrières non-tarifaires. »

La France s’est illustrée par sa volonté, bien solitaire, de ne pas ouvrir les négociations avec les États-Unis. Elle met en avant son inquiétude quant à l’intention de Donald Trump de se retirer des accords de Paris. Paris ne veut pas que ces négociations, finalement assez limitées, n’ouvrent la voie à un accord de libre-échange plus large qui affaiblirait les normes environnementales de l’UE.

La position française n’est toutefois pas très claire, car elle ne s’est pas opposée au mandat. Celui-ci doit encore être confirmé par les ministres des États membres lundi 15 avril, à la majorité qualifiée. Une simple formalité, mais qui permettra peut-être à Paris de clarifier.

Harcèlement sexuel – L’eurodéputée Julia Reda quitte la politique en signe de protestation

Membre du Parti pirate allemand et vice-présidente du groupe des Verts au Parlement européen, Julia Reda est un poids lourd de l’hémicycle strasbourgeois. Elle a notamment bataillé avec vigueur contre la directive sur le droit d’auteur. Mais elle ne se représentera pas lors des prochaines élections européennes.

Elle proteste ainsi contre son parti, le Parti pirate, qui a placé en deuxième position sur sa liste le franco-allemand Gilles Bordelais. Ancien assistant parlementaire de Julia Reda, il n’avait pas été encore accusé avant d’être proposé sur la liste. L’eurodéputée allemande reçoit des plaintes le concernant peu après, et saisit le comité de lutte contre le harcèlement du Parlement pour enquête. Après le recueil de plusieurs témoignages, Julia Reda décide de licencier son assistant parlementaire. Nous sommes alors en juillet 2018. Dans le même temps, le Comité conclut que les faits sont reconnus pour au moins une victime.

Alors que Gilles Bordelais avait promis de se retirer de la liste si le Comité le reconnaissait coupable, il officialise sa candidature auprès du parti. Ce dernier essaie depuis de l’exclure, sans succès pour l’instant. Sur le site du parti, sa photo et ses informations ont été effacées de la liste mais son nom y figure toujours. Julia Reda annonce donc, ce jeudi 11 avril, son retrait de la politique en signe de protestation. Elle juge que son parti n’a pas fait assez pour empêcher et rectifier ce couac impressionnant. Elle appelle aussi ses militants à ne pas voter pour le Parti pirate, afin d’empêcher l’élection de Bordelais.

Crédit photo : capture d’écran Youtube, The Guardian.

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