Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (24.05-30.05)

Par Antoine de Raigniac

 

Bras de fer dans les airs entre Union européenne et Biélorussie

Le vol Ryanair 4978 Athène-Vilnius a bien atteint sa destination en Lituanie, après, toutefois, une escale de sept heures à Minsk, la capitale de la Biélorussie, imposée par le pouvoir biélorusse, qui avait envoyé un avion de combat pour « escorter » le Boeing 737 de la compagnie aérienne irlandaise jusqu’à l’aéroport de Minsk, d’où quatre des 171 passagers ne sont pas repartis.

Parmi eux, Roman Protassevitch, journaliste et opposant de 26 ans au régime du président biélorusse, Alexandre Loukachenko. Montré quelques heures après son interpellation dans une vidéo massivement diffusée à la télévision biélorusse, Roman Protassevitch, qui risque la peine de mort pour terrorisme, a admis avoir aidé à organiser les manifestations de masse à Minsk de l’année dernière. Des aveux livré sous la contrainte selon de nombreuses voix européennes et biélorusse, notamment de la cheffe de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaia, qui assure que Roman Protassevitch « a été frappé », et demande à l’Union européenne des sanctions économiques et politiques à l’encontre de Loukachenko.

Après avoir, dans un premier temps, simplement dénoncé le détournement du vol Ryanair, ainsi que la détention de l’opposant au régime de Minsk, les dirigeants européens se sont mis d’accord sur la fermeture de l’espace aérien ainsi que des aéroports européens aux avions biélorusses. Une réponse ferme et unilatérale, puisque les Etats-Unis ont eux aussi annoncé des sanctions face à cet « affront direct aux normes internationales », alors qu’Alexandre Loukachenko se tourne d’autant plus vers la Russie de Vladimir Poutine.

 

Remettre la PAC au goût du jour, pas aujourd’hui

Vieille de près de soixante ans, la Politique agricole commune (PAC) symbolise l’ambition fédératrice européenne. Toutefois, la semaine dernière, alors que s’engageaient les discussions pour la PAC 2023, visant à rendre celle-ci plus écologique, sociale, et flexible, le fédéralisme semblait plutôt rassembler les contestataires, si bien que les négociations ont été suspendues et ne reprendront qu’en juin prochain.

Malgré l’aspect novateur de la PAC 2023, les négociations entre les Vingt-Sept, qui avaient approuvés cette réforme en 2020, et le Parlement européen, centrées autour de la question des « écorégimes », des primes versées aux agriculteurs participant à certains programmes environnementaux – particulièrement exigeants –, se sont soldées sur un échec autours de points de discorde économiques traditionnels, entre chefs d’Etats et de gouvernements et élus du Parlement.

Les eurodéputés souhaitaient initialement que ces « écorégimes » représentent 30% des aides versées directement aux agriculteurs, tandis que les Etats membres, qui se sont alignés sur un seuil de 25%, souhaitent « conclure un accord, mais pas à n’importe quel prix », a rappelé la ministre de l’Agriculture portugaise, Maria do Ceu Antunes. Les agriculteurs, quant à eux, semblaient participer aux négociations à leur manière, en manifestant devant le Parlement européen de Strasbourg.

L’Union européenne traduit AstraZeneca en justice

10 millions d’euros et 10 euros par dose non livrée pour chaque jour de retard, c’est ce que réclame la Commission européenne à AstraZeneca, qui accuse le laboratoire britannico-suédois de « violation flagrante » de contrat.

Devant le tribunal civil de Bruxelles, pour l’avocat représentant l’Union européenne dans cette affaire, Rafaël Jeffareli, c’est 50 millions de doses qui auraient dû être livrées sur le territoire européen et qui auraient été « déroutées » vers le Royaume-Uni, ce qui expliquerait le retard dans la livraison des doses de vaccins à l’UE. Officieusement, d’aucuns pourraient y voir un moyen pour la Commission européenne de « sauver les apparences » face à une industrie pharmaceutique surpuissante.

De son côté, le géant britannico-suédois, qui n’a livré au premier trimestre que 30 millions de doses sur les 120 millions commandées, et qui ne prévoit de livrer que 70 des 180 millions de doses commandées pour le second semestre, estime, par la voix de son avocat, Hakim Boularbah, n’avoir en aucun cas violé les termes de son contrat passé avec l’UE, et plaide en vantant les exploits accomplis en un temps record, et les aides du laboratoire aux pays moins développés – principalement l’Inde – dans leurs campagnes vaccinales. Il faudra néanmoins attendre fin juin pour connaître le verdict du juge des référés, qui arbitre le litige.

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