Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (10/10 – 16/10)

Par Marine Béguin, Hussein Malamelli et Laura De Almeida

Corruption : la ténacité de l’ex-chancelier autrichien Sebastian Kurz

En Autriche, le Parquet anticorruption a mené des perquisition le 6 octobre dernier, visant la chancellerie, le Siège du Parti populaire autrichien OVP, ainsi que le Ministère des Finances. Le principal visé est l’ex-chancelier Sebastian Kurz, ayant été accusé de « corruption, trafic d’influence, faux témoignage ».

En effet, l’ancien chef de l’exécutif aurait commandé avec l’ancien Secrétaire général du Ministère des Finances des sondages avec l’argent public entre 2016 et 2018, falsifiant les indicateurs de popularité de Kurz, lui permettant de passer numéro 1 du parti. Cela est d’autant plus grave que l’OVP avait déjà été impliqué dans des scandales politiques, parmi lesquels l’ex-chancelier était concerné en mai 2021.

Sebastian Kurz ayant démissionné le 9 octobre, il échappe à une motion de censure déjà prévue qui aurait écourté sa carrière. En quelques jours, il a réussi à prendre la tête du Parti et du groupe parlementaire à la fois tandis que l’ex-ministre des Affaires étrangères Alexander Schallenberg lui a succédé. Au sein du Parti, certains sont encore sceptiques pour un retour de Kurz, mais une grande partie de l’opinion publique se dit prête à voter pour lui à l’avenir, alors que l’OVP a déjà l’intention de vote la plus importante du pays. 

Sources : Le Figaro, Euronews, Courrier International, Le Monde / Image : StockLib

Irlande du Nord : une possible guerre commerciale entre le Royaume-Uni et l’UE ?

Alors que le 13 octobre dernier, l’Union Européenne a proposé des allègements du protocole nord-irlandais en vue d’une facilitation de son application mais également en réponse aux nouvelles menaces du Royaume-Uni de faire usage de l’article 16 de ce protocole, Londres n’y trouve toujours pas son compte.

L’avenir de l’Irlande du Nord, post-brexit, reste au cœur du débat : cette dernière se retrouve partagée entre son statut de membre du Royaume-Uni dont elle dépend politiquement et du marché intérieur européen dont elle dépend économiquement. Suite aux réclamations britanniques, la Commission Européenne a proposé, en « réponse sincère aux inquiétudes » souligne le vice-président de la Commission Marof Sefcovic, la suppression d’une grande partie des contrôles concernant certains produits alimentaires en provenance de l’Angleterre destinés à l’Irlande du Nord, dans le but de réduire les tensions londoniennes. 

​​David Frost, ministre d’État aux Relations avec l’Union Européenne, n’est pas satisfait des propositions européennes. Alors que la Commission s’annonçait prête à amender le protocole nord-irlandais de manière considérable, « aménageant le statut dual de la province », David Frost n’en démord pas : les propositions de la Commission resteront insuffisantes tant que la Cour de Justice de l’Union Européenne interviendra dans le cas nord-irlandais. Ce dernier déclare, lors d’une interview, que cette concession sera nécessaire afin de trouver « une solution », « exigence inacceptable » pour Bruxelles dont le but est de maintenir l’Irlande du Nord dans le marché unique. Les tensions ravivées par le Brexit plus de vingt ans après les accords du Vendredi Saint et cinq ans après le référendum restent au cœur des esprits des Irlandais.

Sources : Le Monde, France TV Info / Image : StockLib

 

Un milliard d’euros : l’aide de l’UE à l’Afghanistan

Alors que la crise socio-économique s’intensifie à Kaboul suite à la prise de pouvoir des Talibans le 15 août dernier, le gouvernement intérimaire afghan entame les discussions avec une délégation conjointe des États-Unis et de l’Union Européenne afin de rompre avec son isolement diplomatique.

Lors d’une précédente rencontre les 9 et 10 octobre avec la délégation Américaine, une certaine froideur s’était faite ressentir du côté des Talibans, refusant tout compromis politique. Deux jours après, le 12 octobre, les discussions reprennent dans la capitale qatarie entre la délégation conjointe et les représentants afghans. À la recherche d’un soutien international, les Talibans veulent de l’aide sans condition.

En effet, l’Union Européenne, lors d’un sommet du G20 avait promis une aide financière de 300 000 euros, aujourd’hui augmentée à la somme d’un milliard d’euros, afin d’”éviter un effondrement humanitaire” affirme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Cette somme promise pour répondre aux besoins humanitaires urgents du peuple afghan et aux pays voisins, se retrouve à ce jour “gelée” sous condition du respect des critères imposés par l’UE, notamment le respect des droits humains fondamentaux, y compris le droit des femmes et l’accès à l’aide humanitaire. 

Le terrorisme reste encore au coeur du débat et exclue “toute sorte de reconnaissance ou de légitimation des talibans” annonce le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price de la part des représentants de la délégation américaine. Alors que le mouvement islamiste nourrit l’espoir de nouer des relations avec les puissances étrangères, notamment Occidentales”, la question d’une reconnaissance mondiale éventuelle du nouveau gouvernement afghan reste exclue du débat. 

Sources : Le Monde (2 & 3), L’Express, France 24 / Image : StockLib

 

Manifestations : la peur d’un Polexit

Ce 10 octobre, les citoyens polonais ont manifesté dans plus de 100 communes, en soutien à l’adhésion à l’Union européenne contre un possible « Polexit ». Pour cause, la présidente du Tribunal constitutionnel Julia Przylebska a annoncé que certains actes de la Cour de justice de l’Union européenne étaient contraires au droit constitutionnel polonais, bafouant la primauté du droit européen.

Depuis 2015, le parti au pouvoir Droit et Justice a entamé une série de réformes juridiques lui permettant de contrôler de plus près le Tribunal constitutionnel. Cela a suscité l’indignation des responsables européens, qui ont déploré à de nombreuses reprises le non-respect de l’État de droit en Pologne, c’est-à-dire la stricte séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. Ces actes ont contribué à l’escalade des tensions diplomatiques entre la Pologne et les dirigeants européens.

Si cela peut s’apparenter à un premier pars vers un « Polexit » pour Droit et justice, les sondages les plus récents montrent que 80% des Polonais souhaitent rester dans de l’Union européenne. Dimanche dernier, l’ancien Président du Conseil européen et actuel chef de l’opposition pour Plateforme Civique Donald Tusk a tenu un discours devant 100 000 personnes à Varsovie pour montrer son attachement aux valeurs européennes. Plusieurs personnalités importantes ont également soutenu le mouvement, dont l’ancien Président Lech Walesa, qui a mis fin au Communisme en Pologne.

Sources : France TV Info, France Inter, Le Monde / Image : StockLib

 

Si jamais ce n’était pas déjà fait : allez lire les actualités de la semaine dernière !

 

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