Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (18 au 23 octobre 2021)

Par Laura Comte et Laura De Almeida.

Bras de fer entre le Premier ministre polonais et l’Union Européenne

Il y a deux semaines, la Cour constitutionnelle polonaise a remis en cause la primauté du droit européen. Elle a affirmé que le droit polonais doit prévaloir sur le droit européen. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, a adressé une lettre aux 26 autres États membres, dans laquelle il défend les mesures prises par la Pologne. Le chef du gouvernement indique aussi que la Commission européenne va au-delà de son rôle. 

Face à cela, les eurodéputés veulent que la Commission mette en marche l’État de droit. Cela permettrait de suspendre l’aide de relance pour la Pologne estimée à 36 milliards d’euros, dont elle a déjà reçu 5 milliards. 

Suite à cela, mardi 19 octobre, Morawiecki s’est exprimé au Parlement Européen. Il a accusé l’Union Européenne de chantage face à ce gel des aides : Le chantage devient une méthode habituelle de certains États membres, ce n’est pas là la base de la démocratie.

De son côté, le commissaire européen à la Justice attend une réponse claire de Varsovie sur ses réformes judiciaires. Mme von der Leyen, quant à elle, se retrouve face à deux choix. Soit mener une saisine à la Cour de justice de l’Union européenne, soit suspendre ou réduire les fonds versés à la Pologne. Celle-ci ne respectant pas les principes de l’État de droit. Face à ce qu’elle qualifie : “d’attaque directe contre l’unité de l’ordre juridique européen”, elle a, pour l’instant, choisit la deuxième option. 

Les eurodéputés, eux, ont eu de nombreux propos négatifs envers la Pologne. Ainsi, on a pu entendre au Parlement : “Vous êtes un funambule qui se dirige vers la sortie de l’UE” ou encore “La Pologne en muselant ses institutions par l’État, rappelle l’URSS”. 

Au sommet européen du 21 et 22 octobre, l’ambiance était plutôt à l’apaisement et à la tentative de négociations. Toutefois,  le problème est loin d’être résolu.

Sources : La Croix, Courrier International, France 24, Euronews, Le Figaro / Image : WikiCommons

Sommet européen 21 et 22 octobre : les prix de l’énergie vont-ils encore augmenter ?

Lors de ce jeudi 21 et ce vendredi 22 octobre s’est tenu le sommet européen. Son but était de trouver des solutions pour l’avenir énergétique de l’Union Européenne mais également de soulever des questions migratoires, des questions au sujet de la pandémie… 

Toutefois, le sommet européen a été centré sur la flambée des prix de l’énergie récemment qui met en péril les consommateurs de l’Union Européenne. Pourtant, il semblerait que les pays de l’UE pourraient atténuer l’impact de la hausse des prix eux-mêmes. En réduisant les impôts, en étendant temporairement l’aide aux industries, ou en permettant aux consommateurs de différer temporairement les paiements de l’électricité. 

En outre, les ménages à faible revenu pourraient recevoir des bons, et la commission européenne pourrait examiner la possibilité pour les Vingt-Sept d’effectuer des achats de gaz communs.

Toutefois, de nombreux pays s’opposent à ce dispositif d’intervention. En effet, il faudra faire preuve d’une grande force de persuasion pour convaincre d’autres pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas de mettre en place ces politiques. Ces deux États souhaitent plutôt que le marché se régule seul, et pensent que la crise prendra fin au printemps. 

De son côté, la France souligne que le nucléaire peut faire partie de la solution. En effet le pays produit actuellement une électricité moins chère que celle de ses voisins, le nucléaire n’étant pas affecté par la hausse des prix du gaz. Également, L’Espagne, soutenue par la France, appelle à des «mesures exceptionnelles» comme l’achat conjoint de gaz pour créer des réserves stratégiques ou la réforme du marché de l’électricité.

Sofia, Bulgaria - 3 March, 2020: EU Commission President Ursula von der Leyen and EU Council President Charles Michel give a press conference at the Sofia Airport.D’autre part, de nombreux pays, dont la Pologne, utilisent la crise des prix de l’énergie comme une excuse pour retarder la transition écologique. Mais Ursula Von Der Leyen a rappelé pour sa part que la transition vers les énergies renouvelables était la solution, et non le problème. Cependant, la Pologne propose la révision ou le report du plan proposé par l’exécutif européen afin que l’UE atteigne ses objectifs en matière de climat. 

Ainsi, les décisions difficiles sur la politique migratoire, la flambée des prix de l’énergie ou encore la Pologne n’ont pas été totalement prises. Ces questions seront probablement soulevées à nouveau lors du prochain sommet européen en décembre.

Sources : Courrier International, Ouest France, Euronews, Toute l’Europe, Les Échos,  / Image : Stocklib

 

Expulsion : l’ambassadeur de France sommé de quitter la Biélorussie

Lors des dernières élections présidentielles biélorusses, Alexandre Loukachenko a été élu mais la France n’a pas reconnu son élection. Depuis celle-ci, Mr. Loukachenko mène une politique répressive contre l’opposition.

File:Alexander Lukashenko 12-02-2021 2.pngNicolas de Bouillane de Lacoste s’est vu devoir quitter son poste d’ambassadeur : “avant le 18 octobre”, sans explications. La France a fait savoir qu’elle prenait des mesures proportionnées s’agissant de la représentation biélorusse en France.

La réelle justification donnée par le Quai d’Orsay, explique que le départ de l’ambassadeur est dû à : “la position commune européenne de ne pas reconnaître la légitimité du résultat de l’élection présidentielle d’août 2020”.

L’ambassadeur français est loin d’être le premier à devoir quitter la Biélorussie. En effet, un consultant polonais a été expulsé quelques mois auparavant. Le même mois, tout le personnel de l’ambassade de Lettonie a dû partir aussi. La raison : avoir utilisé le drapeau de l’opposition bélarusse pendant un match de hockey. Deux hauts diplomates Lituanien ont eux été renvoyés après avoir accusé la Biélorussie de laisser passer les migrants aux frontières. Juste avant la France, c’est les États-Unis qui ont été visés. L’accord pour la nomination d’une ambassadrice américaine a été retiré car les États-Unis refusent aussi de reconnaître le président élu.

Sources : La Croix, France 24, 20 Minutes / Image : WikiCommons

 

La démission surprise de Jens Weidmann, le président de la Bundesbank : une décision inattendue ?

Au moment où l’Allemagne s’apprête à se séparer d’Angela Merkel, le président de la Bundesbank Jens Weidmann a annoncé sa démission, qui semble d’ailleurs être une surprise pour tous. Ce départ n’est pas sans conséquences car il laisse planer une grande incertitude pour le plan monétaire européen. File:Jens Weidmann beim Bankentag 2017.jpg

Jens Weidmann a donc décidé, après 10 ans à la tête de la présidence de la banque fédérale allemande, qu’il était temps de se retirer. C’est un partisan de l’orthodoxie monétaire. Une doctrine économique et financière qui permet le maintien de la solvabilité d’une entité économique. Il souhaite insuffler un nouvel élan à la Bundesbank car selon lui, c’est “le bon moment pour ouvrir un nouveau chapitre – pour la Bundesbank”.

Son mandat qui devait pourtant s’achever en 2027 se terminera tout compte fait à la fin de cette année 2021. Ce choix qui semble surprenant est probablement dû aux nombreuses réticences de Jens Weidmann. Il craint depuis longtemps des conséquences très graves liées à la politique expansionniste de la Banque Centrale Européenne qui s’éloigne de la politique monétaire qu’il préconise, celle de la restriction. 

Après un accord au sein du gouvernement allemand, un remplaçant ou une remplaçante sera désigné(e). Toutefois, cette annonce surprise survient alors que les trois partis gagnants des dernières élections législatives de septembre en Allemagne, le parti social-démocrate (SPD), les Verts et libéraux du FDP, discutent encore, dans le but de former un nouveau gouvernement. 

Sources : FranceInter, Le Monde, Trends / Image : WikiCommons

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