Par Laura De Almeida
Better internet for kids (BIK+) : un meilleur internet pour les enfants
Un besoin de renouveau
En 2012, la toute première stratégie BIK (“un meilleur internet pour les enfants”) voyait le jour. Cependant, la Commission européenne n’avait pas prévu les problèmes qui se sont accrus parallèlement à la mondialisation d’internet. Ceux-ci sont qualifiés de “risques émergents” et nous pouvons y retrouver :
- du contenu préjudiciable et illégal comme le matériel pédopornographique
- la cyberintimidation et le cyberharcèlement
- la fracture numérique
- la forte augmentation d’enfants “consommateurs” d’internet
À l’échelle mondiale en 2021, 85 millions d’abus commis contre les enfants ont été signalés, mais les vrais chiffres seraient beaucoup plus élevés. Par rapport à 2020, la fondation Internet Watch a constaté une augmentation de 64% des signalements.
Ainsi, une nouvelle stratégie pour un meilleur internet pour les enfants (BIK+) a été adoptée le 11 mai 2022. Son objectif est de garantir une protection et une responsabilisation des enfants en ligne. Ce projet rentre également dans le cadre de la nouvelle décennie du numérique.
L’organisation
La Commission a souhaité placer les enfants au centre des nouvelles réglementations. Un exercice de consultation a alors été mis en place afin de comprendre l’impact d’internet sur les enfants et les jeunes. Leur point de vue a été sollicité sur les défis majeurs et leurs attentes vis-à-vis des politiciens qui vont mettre au point BIK+.
Il y a eu plus de 70 sessions de consultation, elles ont été réalisées avec l’aide du réseau Insafe. Ce sont des centres européens qui luttent pour un internet plus sûr et qui défendent les droits de l’enfant. Au total, ce sont 750 enfants et jeunes de toute l’Europe qui ont été écoutés.
L’année européenne de la jeunesse
BIK+ est une initiative phare de l’Année européenne de la jeunesse 2022, celle-ci propose des actions autour de trois piliers :
Les nouveautés et continuités de BIK+
Le portail «Un meilleur Internet pour les enfants» continuera de fournir une multitude de ressources et de bonnes pratiques, en coopération avec le réseau cofinancé par l’UE de centres pour un internet plus sûr dans les États membres. Ceux-ci s’adressent aux enfants, aux parents mais également aux enseignants.
Il y a de nombreuses nouveautés, notamment un code de l’UE sur une conception de l’espace numérique adaptée à l’âge. Ainsi que la normalisation de la vérification de l’âge en Europe et le soutien à l’évaluation rapide des contenus illicites et préjudiciables. À cela s’ajoute, la garantie que le numéro 116 111 offre une aide aux victimes de cyberintimidation. Pour prendre la question des abus en mains, la Commission européenne va créer un nouveau centre indépendant, chargé de la lutte contre les abus sexuels des enfants en ligne.
Ce ne sont là que quelques-unes des nouvelles initiatives visant à apporter des solutions concrètes. Toutefois, la coopération et le soutien de l’industrie et des États membres sont essentiels pour concrétiser ces plans.
La participation des jeunes reste, comme nous l’avons vu, une priorité. BIK+ respecte donc leurs points de vue en organisant une évaluation par les enfants de la stratégie BIK+ tous les deux ans, en augmentant les activités entre jeunes aux niveaux national, régional et local.
Ainsi, la Commission continuera de partager les expériences, l’expertise et les valeurs avec les organisations internationales et les partenaires, et de soutenir une approche commune des droits numériques pour les enfants dans le monde entier.
La politique numérique et le contexte juridique de BIK+
1. Principes numériques (proposition de la CE)
- Les enfants et les jeunes doivent être protégés et responsabilisés en ligne.
- Les enfants et les jeunes doivent pouvoir faire des choix sûrs et éclairés et exprimer leur d’exprimer leur créativité dans l’environnement en ligne.
- Des supports adaptés à l’âge des enfants doivent améliorer leurs expériences, leur bien-être et leur participation à l’environnement numérique. l’environnement numérique.
- Les enfants ont le droit d’être protégés de tous les délits commis par l’intermédiaire des technologies numériques ou facilités par celles-ci.
2. Loi sur les services numériques (DSA)
- Voir notre article à ce sujet : ici
3. Plan d’action pour l’éducation numérique (2021-2027)
- propose une vision stratégique à long terme pour une éducation numérique européenne de qualité, inclusive et accessible;
- relève les défis et saisit les possibilités liés à la pandémie de COVID-19, qui a entraîné une utilisation sans précédent de la technologie à des fins d’éducation et de formation;
- cherche à renforcer la coopération au niveau de l’UE dans le domaine de l’éducation numérique et souligne l’importance de travailler ensemble dans tous les secteurs pour faire entrer l’éducation dans l’ère numérique;
- offre des possibilités, y compris l’amélioration qualitative et quantitative de l’enseignement en ce qui concerne les technologies numériques, le soutien à la numérisation des méthodes et des pédagogies d’enseignement et la fourniture des infrastructures nécessaires à un apprentissage à distance inclusif et résilient.
Liens entre BIK+ et la proposition sur les principes numériques de la Commission
En dépit de ces avancées, il y a plusieurs points de vues critiques de ces réglementations. À titre d’exemple, le seul moyen pour pouvoir signaler, bloquer et trouver les responsables des abus est de dépasser les règlements de sécurité et de vie privée. Ainsi, l’eurodéputé allemand Dr. Patrick Breyer a qualifié la législation de “plan de surveillance de masse“, d’« attaque d’espionnage de nos messages et photos privés par des algorithmes sujets aux erreurs“, et finalement comme “un pas de géant vers un État de surveillance à la chinoise“.