Articles par Luana Humblot et Marjorie Cioco
Les 1 an de guerre en Ukraine!
Le 24 février dernier, la Russie envahissait l’Ukraine, engendrant une frénésie diplomatique dans toutes les grandes capitales du monde et particulièrement en Europe. Du fait de sa proximité géographique avec l’Union Européenne, cette guerre est venue bouleverser l’équilibre européen et les relations internationales.
Un an plus tard, le bilan des victimes est plus que désastreux. Selon le Haut commissariat aux droits de l’Homme, un organisme spécialisé de l’ONU, le bilan des victimes en Ukraine s’élève à plus de 7 000 morts et 11 321 blessés, “mais les chiffres réels sont sans doute considérablement plus élevés, admet l’organisme”. Du côté des militaires, ce sont environ 100 000 tués ou blessés qui sont estimés du côté ukrainien et entre 175 et 200 000 tués ou blessés chez les Russes. Pour préciser le bilan vertigineux de la guerre, huit millions d’ukrainiens ont fui le pays pour se réfugier dans les pays voisins et dans l’Europe toute entière, et plusieurs tonnes d’armes ont été fournies par l’Occident, notamment les Etats-Unis que le président russe accuse d’avoir “ajouté à la tension et incité à la guerre” en fournissant ces armes. Malgré le triste bilan de cette guerre, la coopération européenne s’est tout de même renforcée. En effet, du côté des financements, les Etats-Unis et l’UE ont offert plusieurs milliards d’euros en aide à l’Ukraine, avec une mention spéciale pour les pays baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie) qui ont fourni un montant à hauteur d’1 % de leur PIB. De plus, l’Ukraine a finalement obtenu le statut de candidat pour devenir membre de l’Union européenne après avoir formulé sa candidature en début d’année 2022. Ce statut lui confère des aides financières pour que le pays puisse s’adapter aux critères que l’UE exige pour en devenir membre.
Nous l’avons remarqué, les conséquences de cette guerre se font également ressentir dans l’Union européenne. Malgré les condamnations et les sanctions émises envers la Russie, l’UE reste extrêmement dépendante au gaz russe, ce qui s’est notamment traduit par une montée des prix des énergies et des denrées alimentaires. Les perturbations dans les échanges commerciaux mettent également à mal les entreprises européennes déjà fragilisées par la pandémie. La BEI souligne que les pays européens doivent “maintenir une bonne coordination des politiques publiques” pour faire face au contrecoup de la guerre.
La Chine qui jusque-là avait adopté une position plutôt de “non-alignement” s’est prononcée le 24 février 2023 en exposant un plan en 12 points pour sortir du conflit en Ukraine. Si pour les Russes ce programme est avant tout un “plan de paix”, les Ukrainiens l’ont accueilli avec méfiance et y voit une déclaration de ralliement du côté russe par la Chine. Pékin propose un cessez-le feu et affirme que les efforts de paix doivent avant tout venir de l’Europe. Ce cessez-le-feu n’est pas apprécié par Kiev et l’Occident, car pour l’Ukraine la première condition pour résoudre le conflit reste le “retrait des troupes russes jusqu’aux frontières de 1991”.
Des bonnes nouvelles en Europe cette semaine !
Dans un climat plus qu’anxiogène ces derniers temps avec une inflation des prix toujours plus pesante, une instabilité diplomatique entre les grandes puissances qui ne cesse de croître, une guerre en Ukraine qui semble ne jamais se terminer, un bilan environnemental plus qu’alarmant… Il convient de souligner les petites victoires que l’Europe a connues ces dernières semaines !
La semaine dernière, l’Espagne a voté une loi permettant aux femmes souffrantes de règles douloureuses de prendre un congé menstruel de 3 jours. En adoptant cette mesure dans sa législation, l’Espagne devient le premier pays en Europe et se joint à une poignée de nations dans le monde à l’avoir fait. La ministre de l’Égalité, Irene Montero, membre de la formation de gauche radicale Podemos, alliée des socialistes au sein de l’exécutif, souligne cet événement comme “un jour historique pour les avancées féministes“.
Du côté du travail, plusieurs expérimentations sont menées en Europe pour adopter la semaine à 4 jours. Selon les conclusions publiées mardi 21 février par les organisateurs d’une expérimentation à grande échelle en Angleterre, de nombreuses entreprises britanniques se disent convaincues, affirmant même qu’elles n’ont pas perdu en efficacité. Ces 60 entreprises ont permis à 3000 salariés de travailler un jour de moins par semaine tout en conservant le même salaire sur une durée de 6 mois. Les effets positifs constatés, comme la réduction de l’absentéisme ou la légère hausse du chiffres d’affaires des entreprises ont notamment poussé d’autres pays à mettre en place de nouveaux tests comme c’est le cas de certaines entreprises en France, en Belgique et en Espagne…
Côté inflation: selon l’agence Eurostat, malgré des prix alimentaires qui restent sous tension, le prix de l’énergie semble diminuer. “Le mois dernier, le taux d’inflation est estimé à 8,5 % après 9,2 % en décembre”. En janvier, l’inflation a de nouveau reculé dans la zone euro pour le troisième mois d’affilée, principalement en raison de la baisse des prix de l’énergie. Cette baisse des prix s’explique par les mécanismes de prévention mis en place par les gouvernements comme les plafonds tarifaires par exemple. Mi-janvier, la présidente de la Banque centrale européenne a déclaré lors de sa participation au Forum économique mondial de Davos que “Les nouvelles sont devenues beaucoup plus positives ces dernières semaines”. Ces lueurs d’espoir, faisant suite à une série d’évolutions positives, ont suscité une vague d’optimisme chez les pays européens au bord de la récession.
Le nouveau plan de l’Union européenne pour une pêche plus “verte”
Mardi 21 février, la Commission européenne a présenté un nouveau plan pour envisager une pêche plus verte et écologique, visant à protéger 30% des mers de l’Union européenne d’ici à 2030. Dix ans après la réforme de la Politique commune de la pêche (créée en 1982), plusieurs objectifs tels que l’établissement de quotas de pêche sont renouvelés par le plan de la Commission. Cette réforme nécessite des changements structurels et un véritable plan de mesures.
Le plan de la Commission prend en compte plusieurs mesures qui ont pour principal objectif de renforcer les aires marines protégées. Pour cela, le chalutage de fond, qui est une technique de pêche industrielle avec un bateau de pêche utilisant un filet, est interdit pour toutes les profondeurs. Auparavant il était interdit à plus de 800m de profondeur. De plus, les Étatsmembres de l’UE doivent protéger plus de zones et fixer des quotas pour éviter la surpêche. Le but de ce plan est aussi de réduire la dépendance aux carburants fossiles en encourageant le passage aux énergies propres pour les bateaux de pêche. Cependant ce processus de décarbonation se veut d’être long.
Les ONG écologistes et les entreprises dans le secteur de la pêche attendaient ce plan depuis longtemps, mais les réactions sont mitigées. Pour les ONG, les mesures prises ne sont pas assez poussées et sont trop timides, et affirment que 2030 est une date trop éloignée car cela signifie que le chalutage de fond ne sera interdit que dans 7 ans et pas directement après l’application du plan. À l’inverse, les professionnels dans le secteur pensent que le plan est impossible, déjà car la transition vers des énergies propres serait trop longue. L’Alliance européenne pour la pêche de fonds (EBFA), représentant 14 pays, est contre l’interdiction du chalutage de fonds car cela représente un danger pour les navires, certaines zones ne sont pas concernées, et c’est un risque de perte d’emplois plus important.
Finalement, il est possible de dire que les mesures prises par la Commission ne satisfont pas totalement. D’ici 2030, l’objectif est donc de passer à une pêche “plus verte” dans toute l’Union européenne, changeant les habitudes des pêcheurs et des entreprises, qui devront essayer de réussir la transition vers la décarbonation.
Élections présidentielles à Chypre: vers une réunification de l’île?
Le dimanche 12 février, Nikos Christodoulides, ancien ministre des affaires étrangères chypriote, est devenu le nouveau chef d’Etat de Chypre en remportant le second tour des élections présidentielles. Le résultat est serré car il obtient 51,92% des voix contre son adversaire Andreas Mavroyiannis. L’ancien ministre a d’abord été porte-parole du gouvernement, étant donc proche du président sortant, qui était conservateur. Il s’est présenté en tant que candidat indépendant, ne se rattachant à aucun parti politique. Les deux autres partis en opposition sont le rassemblement démocratique de centre droit et le parti communiste Akel.
Les enjeux de cette présidentielle se concentrent autour de l’inflation et de la corruption. L’inflation était de 10,9% en 2022, préoccupant ainsi beaucoup le peuple de Chypre. De plus, l’afflux de migrants est un questionnement important pour le pays, avec de plus en plus de demandes d’asile dans le sud de l’île.
Cependant, l’enjeu principal de cette présidentielle est la question de la réunification de l’île. Le nouveau président a promis qu’il s’entretiendrait sur ce sujet, qui est brûlant depuis de nombreuses années. Depuis l’invasion turque en 1974, la Chypre est divisée entre les Chypriotes grecs et turcs, séparés par une “ligne verte” qui est contrôlée par l’ONU. La République de Chypre exerce donc son autorité seulement dans la partie sud de l’île. Les négociations autour de ce sujet ne cessent de reculer, et les tentatives de réunification ne fonctionnent pas, la dernière datant de 2017. Les avis des partis et hommes politiques sont mitigés sur cette question. Avec cette nouvelle élection, les analystes s’attendent à ce qu’il favorise le passage à deux Etats indépendants, stoppant ainsi les négociations de réunification, comme le voulaient les communistes.
Il faudra attendre que le président se prononce sur la réunification ainsi que les nouvelles négociations pour savoir réellement ce que deviendront les deux parties de l’île.