Cette semaine nous faisons d’abord un crochet par la Hongrie où le Premier ministre s’est vu octroyer les pleins pouvoirs, puis nous irons en Suède où le gouvernement adopte une politique controversée. Enfin, nous finissons ces actualités avec la condamnation de trois pays pour avoir refusé d’accueillir des demandeurs d’asile.
Un article rédigé par Clara Paris.
Hongrie : Orbán doté des pleins pouvoirs au coeur de la crise sanitaire
Lundi 30 mars, le Parlement hongrois a accordé au Premier ministre conservateur, Viktor Orbán, les pleins pouvoirs pour une durée indéterminée. Des dispositions institutionnelles qui permettraient, selon le gouvernement, d’endiguer la crise sanitaire qui frappe la Hongrie. Une décision extrêmement critiquée par l’Union européenne et les États membres.
Le tout-puissant Orban
Viktor Orban est habitué aux dérives autoritaires. Fervent défenseur de ce qu’il nomme la « démocratie illibérale », le Premier ministre hongrois s’est régulièrement attaqué à la liberté des médias et à l’État de droit. Toutefois une telle disposition, permettant à Viktor Orbán de légiférer par décret pour une durée indéterminée, est inédite. Le gouvernement précise que ces pouvoirs exceptionnels cesseraient lorsque la crise de coronavirus sera jugulée. À ce jour, la Hongrie enregistre environ 450 cas et 15 morts.
La forte inquiétude européenne
Cette décision inquiète l’Union européenne (UE). Madame Von der Leyen a rappelé à l’ordre Viktor Orbán, en demandant à ce que les dispositions institutionnelles soient proportionnées et respectent les libertés fondamentales. Mardi 31 mars, la Présidente de la Commission a également déclaré que « L’Union européenne est fondée sur les valeurs de liberté, de démocratie, d’État de droit et de respect des droits de l’homme. Ces valeurs nous sont communes. Nous devons les respecter et les défendre, même en ces temps difficiles ». Dans la foulée, treize États membres signent une déclaration conjointe fustigeant « le risque de violations des principes de l’État de droit, de la démocratie et des droits fondamentaux». De son côté, l’ex-Président du Conseil européen, Donald Tusk, plaide pour que le Fidesz, parti d’Orbán, soit exclu du Parti Populaire Européen (PPE). Pourtant plusieurs partis, comme la CDU (parti conservateur allemand) ou Les Républicains, s’opposent encore à ce renvoi. Un « état d’urgence à durée indéterminée » qui laisse rien présager de bon pour l’avenir de la Hongrie…
L’immunité collective : le choix suédois
Dimanche 29 mars, le Premier ministre suédois, Stefan Löfven, a annoncé que certaines mesures ayant « un impact sur la vie quotidienne » pourraient être prises. Pourtant depuis le début de la pandémie, la Suède a choisi de faire cavalier seul en refusant de confiner sa population.
La Suède face au coronavirus
La Suède privilégie l’immunité collective progressive pour endiguer la pandémie de Covid-19. Une politique qui a de quoi étonner quand on sait que des millions d’Européens sont confinés depuis plusieurs jours voire semaines. Ce pays de 10 millions d’habitants continue de fonctionner, seuls les rassemblements de plus de 50 personnes ont été interdits et le télétravail, vivement recommandé. Les écoles, les bars, les parcs restent ouverts et continuent d’accueillir la population scandinave. Le 2 avril, la Suède enregistrait environ 5 000 cas et déplore 239 décès liés au coronavirus.
L’immunité collective, un parti pris contesté
Le choix de l’immunité collective progressive est très controversé en Europe. Ce chemin d’abord emprunté par Boris Johnson, a convaincu la Suède et les Pays-Bas. Pourtant, le Royaume-Uni en est revenu et a confiné sa population le 23 mars. Le directeur de l’Institut de santé publique suédois, Anders Tegnell, défend toujours l’idée selon laquelle le coronavirus deviendrait une maladie récurrente : « Nous cherchons par contre seulement à la ralentir parce que nous croyons que cette maladie ne s’en ira pas si vite et nous devrons coexister longtemps avec elle ». Le gouvernement suédois appelle néanmoins la population «à prendre ses responsabilités » et a respecté les règles de distanciation sociale. Mais cette stratégie inquiète les Danois. Alors qu’ils ont choisi d’appliquer un confinement strict, des centaines de Suédois traversent chaque jour la frontière pour venir travailler au Danemark.
Crise migratoire : la Pologne, la Hongrie et la République tchèque condamnées
Jeudi 2 avril, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ont été condamnées par la Cour de justice de l’UE pour avoir violé le droit communautaire. Ces trois pays ont refusé d’accueillir des demandeurs d’asile à la suite de la crise migratoire de 2015. Une décision qui entrainera très certainement des sanctions financières.
Refus d’accueillir
L’Europe solidaire mais pas pour tous. En 2015, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie ont dit non aux demandeurs d’asile en provenance d’Italie et de Grèce. Même si la Pologne et la République tchèque s’étaient engagées à procéder à 100 relocalisations, ces promesses n’ont pas été tenues. Tandis que la République tchèque a accueilli une douzaine de demandeurs d’asile, la Hongrie et la Pologne ont, quant à elles, verrouillé leurs frontières.
La réponse ferme de la CJUE
Face à leur refus d’appliquer la politique des quotas, la Commission européenne a saisi la Cour de justice de l’UE (CJUE) en 2017, lorsque l’afflux massif de migrants a cessé. Ces gouvernements nationalistes et eurosceptiques ont alors déclaré qu’accueillir des demandeurs d’asile auraient troublé l’ordre public. Mais cet argument a immédiatement été balayé par la CJUE qui affirme que « ces trois États membres ont manqué à leurs obligations découlant du droit de l’Union ». L’arrêt rendu par la Cour de justice condamne fermement ces agissements et contraint les États à se conformer aux règles relatives l’immigration. De leur côté, les trois pays désapprouvent cette décision qu’ils jugent « discriminatoire » et « sans importance ». Pourtant, si cet arrêt n’est pas respecté, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque pourraient s’exposer à des sanctions supplémentaires.