Que s’est-il passé en Europe cette semaine? (Du 27 février au 5 mars)

Articles par Garance TURPIN et Helena SARKIS

 

Collision meurtrière en Grèce : la goutte d’eau qui fait déborder le vase

Il était 23h30 dans la nuit du 1er mars au 2 mars lorsqu’un drame est survenu en Grèce. Un train transportant 342 voyageurs et reliant la ville d’Athènes à celle de Thessalonique est venu percuter frontalement un convoi de marchandises, arrivant en sens inverse exactement sur la même voie. Le choc d’une violence inouïe, a causé la dislocation des deux locomotives sur le coup, entraînant avec elle la vie des deux conducteurs. Le bilan provisoire serait de 57 morts, selon un porte-parole des pompiers grecs.

Des passagers bouleversés ont décrit des scènes d’horreur. « On a tous paniqué, on est sortis en cassant les vitres, et là, on a vu le chaos », témoigne un voyageur pendant que des pompiers continuent de déblayer les restes d’un wagon. Quelque 500 personnes auraient participé aux secours, d’après le porte-parole du gouvernement. Le wagon restaurant aurait également pris feu juste après la collision, avec des températures atteignant 1300 degrés. De nombreux corps ont ainsi été retrouvés carbonisés et certains passagers ne pourront être identifiés que grâce à des échantillons ADN.

Un chef de gare âgé de 59 ans a rapidement été accusé d’être à l’origine de cette catastrophe ferroviaire. Poursuivi pour « homicides par négligence », celui-ci était notamment attendu ce jeudi 2 mars devant la justice à Larissa, une ville située au centre de la Grèce, non loin du lieu de l’accident. Il « a avoué une erreur », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Yiannis Oikonomou lors d’un point presse, ayant également soulevé des « faiblesses chroniques » du secteur public ferroviaire. Le ministre grec des Transports, Kostas Karamanlis, a donc préféré présenter sa démission à la suite du drame.

En effet, la polémique a rapidement enflé alors que l’état du réseau grec était depuis plusieurs années considéré comme vétuste. « Ce qui s’est passé aujourd’hui n’est pas un simple accident, affirme Thanasis, employé municipal. Nous utilisons souvent cette ligne, il y a eu d’innombrables cas de retards ou de problèmes avec les lignes ou les lignes individuelles […] Ce n’est pas quelque chose qui s’est produit aujourd’hui pour la première fois et c’est tout. Cela s’est produit d’innombrables fois ». Cet accident n’a donc pas laissé la population grecque indemne qui, en observant une journée de deuil, reste convaincue que cette catastrophe aurait pu être évitée.

 

G20 : la guerre en Ukraine au cœur de la rencontre

C’est à New Delhi cette année que s’est ouverte la 18ème réunion du G20. Les ministres des Affaires étrangères étaient attendus jeudi 2 mars dans la capitale indienne pour inaugurer cette nouvelle édition en compagnie du Premier ministre du pays, Narendra Modi. Ce dernier a dès lors appelé ses homologues à surmonter les divisions à propos de la guerre en Ukraine, estimant par ailleurs que la gouvernance mondiale avait “échoué” à relever les défis urgents auxquels le monde fait face. “Nous devons tous reconnaître que le multilatéralisme est en crise aujourd’hui”, a déclaré Narendra Modi dans une déclaration pré-enregistrée à l’inauguration du sommet.

Mais cette année en effet, les pays sont plus divisés que jamais en raison du conflit russo-ukrainien présent dans tous les esprits, opposant les Occidentaux aux partisans de la Russie. D’autant plus que l’Inde, important client de Moscou sur le plan militaire, entretient une amitié de longue date avec la Russie et n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine, ce qui est venu raviver les tensions.

De là, les chefs de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et chinois, Qin Gang, ont déclaré conjointement qu’aucun communiqué commun ne verrait le jour à l’issue de ce G20, accusant les Occidentaux d’avoir recours au « chantage » et aux « menaces ». « La déclaration (finale) a été bloquée et le résultat de la discussion sera décrit dans le résumé dont parlera la présidence indienne », a indiqué devant la presse M. Lavrov. Les discussions sur le texte ont notamment échoué en raison de l’insistance de la Russie à y faire figurer la nécessité d’une enquête « impartiale », après les explosions qui ont endommagé en septembre les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique.

Autre événement majeur de ce sommet : le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a rencontré très brièvement, en marge du G20, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Ce fut leur premier échange en face-à-face depuis janvier 2022, quelques semaines avant l’invasion russe en territoire ukrainien. L’américain aurait ainsi fait part à son interlocuteur de l’engagement des Etats-Unis à poursuivre son soutien à l’Ukraine.

Le chef d’État indien avait prévu de consacrer ce sommet à des questions globales comme le développement des pays les plus pauvres ou le changement climatique. Cependant ces thèmes ont rapidement été mis de côté, étouffés par le sujet sensible actuel : la guerre en Ukraine.

 

Tournée présidentielle: Emmanuel Macron en Angola 

Le Président de la République Française, Emmanuel Macron, continue sa tournée de l’Afrique centrale en ce mois de mars 2023. Ce vendredi 3 mars, le Président s’est rendu en Angola, à Luanda, la capitale. L’Angola est la troisième plus grande économie du continent Africain, notamment grâce à ses ressources en pétrole particulièrement abondante. 

https://www.pexels.com/fr-fr/photo/photo-de-la-plate-forme-petroliere-1716008/ Bien que Total énergie, l’une des plus grandes entreprises françaises, possède des puits de pétrole et des exploitations de gisements offshore dans le pays, Emmanuel Macron s’est rendu en Angola pour discuter des alternatives de revenus envisageables pour le pays. En effet, l’ambition derrière ce voyage en ex-colonie portugaise est de rompre avec la Françafrique particulièrement critiquée depuis quelques mois via la progression du sentiment anti-français

Accompagné de grands groupes céréaliers, Emmanuel Macron se rend dans un pays n’ayant jamais auparavant fait part à la sphère d’influence française; il s’agit d’une volonté de faire face à la progression des marchés et investissements russes et chinois dans la région, notamment dans les pays possédant le plus de ressources. 

L’enjeux principal de l’échange a été d’envisager la fin de l’ère pétrolière et l’épuisement des ressources naturelles afin de se projeter dans de nouvelles productions et exportations possibles dans le futur. L’Angola, pays particulièrement riche en eau, est invité par la France à investir dans les cultures céréalières. En effet, l’Elysée souligne la dépendance du pays d’Afrique centrale à ses importations: l’Angola importe la quasi-totalité de ce que sa population consomme. La transition vers de nouvelles sources de revenus est alors devenue un sujet de priorité afin de conserver la qualité de vie, notamment la sécurité alimentaire. 

 

Turquie: la catastrophe naturelle au centre des débats 

Frappée par un terrible séisme il y a de ça un mois, la Turquie se prépare à tenir de nouvelles élections présidentielles qui pourraient s’avérer décisives pour le futur du pays. En effet, prévue pour le 14 mai 2023, ces élections auraient pu être décalées à une date ultérieure en vue de la situation dans les provinces sud du pays. Pour autant, le Président Erdogan a affirmé maintenir la date initiale des élections. Cette décision est une surprise tant pour les politologues turcs que pour le reste du monde. 

Recep Tayyip Erdogan a été particulièrement critiqué pour sa gestion de la catastrophe naturelle. Une situation qui pourrait mettre en péril sa possible réélection. Le candidat affirme que les “abandonnés” de la catastrophe obtiendront une réponse appropriée à leurs demandes le 14 Mai, jour des élections, dans le cas où le parti au pouvoir, AKP, est élu pour un nouveau mandat. 

Alors que le parti reconnaît et s’excuse pour les retards dans l’arrivée des secours, en raison “du chaos et des conditions météorologiques”, l’opposition, elle, dénonce la responsabilité de la corruption du secteur du bâtiment, dans la tragédie du 6 février. C’est le cas d’Adiyaman Mehmet Yildirim qui assure à l’AFP n’avoir “vu personne, pas d’Etat, pas de police, pas de soldats avant 14 heures le deuxième jour”. 

L’opposition dénonce le pouvoir en place et le potentiel favoritisme exercé par ce dernier en envoyant en priorité des aides dans les municipalités AKP. Les chercheurs et experts dénoncent la détérioration de la société civile, notamment la capacité des collectivités locales à organiser de l’aide sur le terrain, depuis l’arrivée au pouvoir du Président Erdogan il y a vingt ans. 

Le gouvernement est d’autant plus pointé du doigt pour sa mauvaise gestion de l’incident suite à la coupure de l’accès au réseau social Twitter. Kemal Kilicdaroglu a été un des premier à dénoncer cette situation de censure médiatique: “ce gouvernement insensé à bloqué les communications sur les réseaux sociaux. En résulte une baisse des appels à l’aide. Nous savons ce que vous essayez de cacher. Nous attendons votre explication”. 

https://www.pexels.com/fr-fr/photo/personne-laissant-tomber-du-papier-sur-une-boite-1550337/ Bien que les conséquences de la politique du Président Erdogan surgissent face aux évènements du mois de février, notamment l’affaiblissement des collectifs, sociétés civiles et associations, le parti AKP a pris la décision de maintenir sa candidature pour des élections particulièrement rapprochées de la date du drame. 

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