Au programme de cette semaine : une manifestation d’extrême droite dégénère à Varsovie, le Parlement et le Conseil européens augmentent le budget pluriannuel de 16 milliards d’euros et la Commission dévoile un plan de lutte contre la haine envers la communauté LGBTQ+. Très bonne semaine à tous.
Pologne : une fête nationale sous le signe de la division
Le 11 novembre dernier, alors que l’Europe fêtait les 102 ans de l’armistice, la Pologne, elle, célébrait sa fête nationale. À cette occasion, de nombreux partisans d’extrême droite se sont retrouvés dans le centre de Varsovie pour fêter le retour à l’indépendance de la Pologne déclaré en 1918. Cette année, la Marche de l’indépendance a vu éclater de nombreux heurts en plein cœur de la capitale.
Une société plus que jamais fragmentée
Malgré les interdictions de rassemblement décrétées par les autorités municipales, plusieurs milliers de manifestants issus des milieux Ultras ont paradé, sans masque, à vélo et en moto, dans la capitale polonaise en scandant « Dieu, honneur, patrie ! ». La marche a rapidement dégénéré lorsque les participants ont aperçu un drapeau LGBT. Plusieurs projectiles ont été lancés dans l’appartement, engendrant des départs de feu rapidement maîtrisés par les pompiers. Ces heurts ont semé le trouble dans la capitale, et ont participé à l’escalade des tensions. Plus tard dans la journée un « groupe de hooligans » aurait pris à partie les forces de l’ordre en projetant à leur encontre des pavés et pétards. La police de Varsovie a déclaré sur Twitter que « des mesures coercitives sont prises pour rétablir la loi et l’ordre ». D’importants dégâts sont à déplorer et le maire libéral de Varsovie, Rafał Trzaskowski, qui avait interdit cette marche en raison de la crise sanitaire, a appelé le Vice-Premier Ministre à prendre en charge rapidement la situation afin que celle-ci ne dégénère pas plus.
Cette marche intervient à un moment clé de l’histoire polonaise. Depuis plusieurs semaines, des milliers de féministes manifestent dans les rues contre l’interdiction de l’IVG promulguée le 22 octobre dernier. La société polonaise semble plus que jamais divisée entre les pro-gouvernement fervents défenseurs des valeurs conservatrices et les partisans d’un régime plus progressiste.
Budget européen : le Parlement et le Conseil parviennent à un accord décisif
Le Parlement et le Conseil européens sont enfin tombés d’accord ! Après d’âpres discussions, les eurodéputés et les Etats membres se sont accordés sur le budget pluriannuel de l’Union européenne (2021-2027) et du plan de relance, ce mardi 10 novembre, et augmentent de 16 milliards d’euros le budget initial. Plus de 1800 milliards d’euros seront ainsi mobilisés pour les six prochaines années afin de relever les économies européennes à la suite de la crise sanitaire.
Un budget revu à la hausse
C’est une véritable victoire pour les députés européens. Alors que les Etats membres s’étaient mis d’accord sur un budget pluriannuel de 1.074 milliards d’euros, les eurodéputés le jugeaient trop peu conséquent au regard de la situation économique actuelle. Après douze sessions de négociations depuis juillet, le Parlement et le Conseil européens augmentent le budget de 16 milliards d’euros afin qu’il finance notamment des programmes de santé et d’éducation plus ambitieux. En effet, le programme Erasmus bénéficiera de 2,2 milliards d’euros supplémentaires, tandis que la santé se verra allouer 3,4 milliards d’euros de plus que prévu. Les députés se félicitent de cette avancée qui permet la mise en œuvre du plan de relance décidé en mai dernier, celui-ci étant adossé au budget pluriannuel.
Un tournant historique
Cet accord inédit met en exergue l’influence grandissante du Parlement. Les députés avaient été nombreux à décrier, en juillet dernier, un budget insuffisant pour faire face aux multiples défis que l’Union européenne doit relever. Pierre Larrouturou, eurodéputé français du groupe Renew, avait même entamé, fin octobre, un grève de la faim pour dénoncer le peu d’ambition climatique et sociale et interpeller l’opinion publique sur ces questions souvent méconnues. A l’annonce de cet accord, les députés se sont félicités de cette avancée significative. Christiant Elher, eurodéputé allemand du groupe PPE souligne que cet accord « représente une victoire pour les chercheurs, les scientifiques et les citoyens européens ». Ce compromis est un véritable tournant pour la construction européenne !
L’Union européenne s’engage pour les droits LGBTQ+
Jeudi 12 novembre, la Commission européenne a dévoilé un plan pour lutter contre la haine envers la communauté LGBTQ+ au sein des Etats membres. L’objectif de ce plan est d’uniformiser les législations et de renforcer les droits de ces personnes, à l’heure où certains pays, comme la Pologne, tentent de les réduire drastiquement.
Uniformiser la législation pour lutter efficacement contre la haine
Le plan présenté par la Commission européenne doit permettre de lutter plus efficacement contre la haine et les violences à l’encontre de la communauté LGBTQ+ mais aussi de renforcer les droits parentaux des couples homosexuels. Bien que 21 Etats membres reconnaissent l’union entre deux personnes du même sexe, l’adoption n’est toujours pas possible dans l’ensemble des Etats. Concrètement, cela signifie qu’un parent ne possède plus l’autorité parentale lorsqu’il traverse une frontière. Vera Jourova, Vice-Présidente de la Commission, souhaite établir une législation européenne qui permettrait une reconnaissance mutuelle des droits parentaux. Cependant, une telle loi requiert l’unanimité. Or, la haine envers les personnes LGBTQ+ augmente significativement dans certains pays de l’Est, comme la Hongrie et la Pologne, car attisée par des gouvernements ouvertement homophobes. Ce plan devrait également condamner les thérapies de conversion et garantir, partout en Europe, les droits des personnes homosexuelles. Ces dispositions pourraient être inscrites dans les traités européens afin de limiter et condamner les discours, les crimes et les délits anti-LGBTQ+. Une avancée notable dans la lutte pour les droits LGBTQ+, mais pas si facile à mettre en oeuvre face à des Etats de l’Est de plus en plus conservateurs….