Par Coline Playoust et Laura De Almeida
Présidentielle : Emmanuel Macron reconduit pour 5 ans
Dimanche 24 avril, les Français ont voté ; Emmanuel Macron a été élu avec 58,54 % des suffrages. C’est le premier Président de la Ve République ne sortant pas d’une cohabitation à être réélu.
Champs de Mars, Paris, 20h, c’est une véritable explosion de joie qui a eu lieu lorsque le visage d’Emmanuel Macron s’est affiché sur toutes les chaînes. Plusieurs rassemblements festifs ont eu lieu en France, cependant l’ambiance n’était pas aussi joyeuse que d’habitude suite à l’élection d’un Président. Pour la première fois, plusieurs manifestations antifascistes et anticapitalistes ont eu lieu dès l’annonce des résultats. Ces manifestations ont rapidement été dispersées. À l’étranger, M. Macron a été félicité bien plus chaleureusement qu’en France pour sa victoire contre l’extrême droite.
Bien qu’Emmanuel Macron ait gagné avec une large avance, on note tout de même le score historiquement haut de l’extrême droite. Marine le Pen a obtenu 41,46% des suffrages ; en outre-mer la candidate du RN a rassemblé plus de 60% des suffrages.
La victoire de M. Macron est aussi due à l’appel d’une majorité des candidats du premier tour et de nombreuses personnalités publiques françaises à “faire barrage” à l’extrême droite. Emmanuel Macron ne représente plus le candidat du renouveau mais a tout de même réussi à rassembler les Français contre l’extrême droite. Au cours de l’entre-deux tours, il a repris de nombreuses nombreuses idées de la gauche, sur les retraites, l’écologie ou le port du voile.
Désormais, l’ensemble des partis se concentrent sur le “troisième tour” : les législatives. Le 12 et le 19 juin prochain les Français voteront afin d’élire les députés qui constitueront l’Assemblée. En fonction de la majorité obtenue, cela permettra ou non à Emmanuel Macron de mettre pleinement en œuvre son programme. À gauche, une Union est en train de se dessiner mais les discussions sont encore en cours. Les prochaines semaines seront déterminantes.
Mer Méditerranée : 3 000 migrants morts sur le chemin vers l’Europe en 2021
Cette semaine, l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a révélé dans son dernier rapport, que plus de 3 000 migrants sont morts ou ont disparu alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe par la mer en 2021. Un chiffre deux fois plus élevé que l’année précédente, 1 544 décès avaient été enregistrés en 2020. Depuis le début de l’année, déjà 478 personnes sont décédées ou disparues. L’ONU a appelé les gouvernements à développer des “alternatives” aux dangereuses routes maritimes que les demandeurs d’asile utilisent désespérément pour atteindre les terres européennes. “Sur ce total, 1 924 personnes ont été déclarées mortes ou disparues sur les routes de la Méditerranée centrale et occidentale, tandis que 1 153 autres ont péri ou ont été portées disparues sur la route maritime de l’Afrique du Nord-Ouest vers les îles Canaries“, a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).
La plupart des traversées maritimes se font dans des bateaux gonflables bondés et en mauvais état qui peuvent se dégonfler ou chavirer, a indiqué le HCR. Vendredi, l’ONU a lancé un nouvel appel de fonds de plus de 155 millions d’euros pour aider à protéger les migrants et les réfugiés qui tentent de rejoindre l’Europe.
Le même jour, vendredi 29 avril, un scandale lié à la question migratoire a amené à la démission de Fabrice Leggeri, patron de l’agence Frontex. Celle-ci a pour but de surveiller les frontières de l’espace Schengen. Fabrice Leggeri a été visé par un rapport de l’Office européen de lutte antifraude qui, selon Le Point, lui reproche de “ne pas avoir respecté les procédures, s’être montré déloyal vis-à-vis de l’Union européenne et un mauvais management personnel“. Cette enquête a été déclenchée suite à de nombreuses accusations venant d’ONG, pour refoulements illégaux de migrants. Frontex aurait aussi fermé les yeux sur les activités des autorités grecques qui renvoient brutalement des migrants en Turquie. En effet, d’après une enquête du Monde, entre mars 2020 et septembre 2021, Frontex a déclaré ces renvois illégaux comme des “opérations de prévention au départ, menées dans les eaux turques”.
33 milliards de dollars d’aide pour l’Ukraine : la décision historique de Joe Biden
Jeudi 28 avril, Joe Biden a demandé au Congrès une rallonge budgétaire de 33 milliards de dollars pour venir en aide à l’Ukraine. Le Président américain est formel : “Les Etats-Unis « n’attaquent pas » la Russie, ils « aident l’Ukraine à se défendre ». Alors que la Russie redouble les assauts dans le sud et l’est de l’Ukraine, Joe Biden a décidé de mobiliser une aide colossale. Depuis le début du conflit, le 24 février, les États-Unis ont clairement affirmé soutenir Kiev, mais cette décision marque un niveau de soutien plus fort que jamais.
Parmi ces 33 milliards de dollars, 20 milliards de dollars ont été prévus pour l’armement, 8 milliards de dollars serviront à assurer le soutien économique de l’Ukraine, et 3 milliards de dollars financeront de l’aide humanitaire. Quelques jours avant l’annonce du Président américain, Anthony Blinken, secrétaire d’État des États-Unis, et Lloyd Austin, secrétaire américain à la défense, se sont rendus à Kiev. Ils ont affirmé “espérer que les pertes subies par la Russie en Ukraine dissuaderont ses dirigeants de répéter leurs actions ailleurs”.
Cette décision se fait aussi en réaction au choix de l’entreprise russe Gazprom qui a arrêté de livrer du gaz à la Pologne et à la Bulgarie. Ces pays membres de l’OTAN ont refusé de payer leur gaz en roubles comme l’exige désormais la Russie, et se trouvent dans une situation délicate car dépendent fortement du gaz Russe. L’UE a dénoncé un chantage de la Russie et a promis une réponse européenne forte pour éviter la menace de pénurie qui plane sur l’Europe. Joe Biden a aussi durci le ton quant à cet arrêt et a ajouté “Nous travaillons avec d’autres pays, comme la Corée, le Japon ou le Qatar, pour aider nos alliés européens menacés par ce chantage russe au gaz”.
Plus tôt, le Kremlin avait mis en garde contre des livraisons d’armes à l’Ukraine qui « menacent la sécurité » européenne. Le Président américain a vivement critiqué les menaces « irresponsables » de Vladimir Poutine d’un éventuel recours à l’arme nucléaire. Ces aides vont amplifier des tensions déjà omniprésentes entre l’OTAN et la Russie.
Transnistrie : position-clé de la Russie entre l’Ukraine et la Moldavie
La Transnistrie est un État autoproclamé indépendant et pro-russe, il fait partie de la Moldavie, dans la région du Dniestr, à la frontière avec l’Ukraine à l’ouest. C’est un État qui n’est pas reconnu par la Moldavie, ni la majorité des États membres de l’ONU.
C’est un territoire dont peu d’Européens ont entendu parler mais qui pourrait bientôt devenir un nouveau point chaud de la guerre en Ukraine. Les explosions qui se sont produites cette semaine dans ce territoire pro-russe ont fait craindre que la guerre qui se déroule de l’autre côté de la frontière en Ukraine ne s’y étende bientôt. Entre lundi et mercredi, un bâtiment officiel, une tour radio, des antennes qui servent aux radios russes ainsi qu’un village ont été la cible d’attaques au lance-roquettes et de tirs. Le village abrite notamment un dépôt d’armes sous le contrôle de soldats russes. Face à cela, le président autoproclamé de la Transnistrie, Vadim Krasnoselsky, a appelé mardi à une alerte rouge de 15 jours, ce qui inclut la mise en place de mesures de sécurité anti terroristes, comme des barrages routiers à l’entrée des villes.
Moscou et Kiev se sont mutuellement rendus responsables de la flambée des tensions, les deux pays accusant l’autre de vouloir entraîner la Moldavie et la Transnistrie dans le conflit. “Les traces de ces attaques mènent à l’Ukraine”, a déclaré l’agence de presse russe TASS citant Krasnoselsky. La déclaration de M. Krasnoselsky est intervenue moins d’une semaine après qu’un haut responsable militaire russe, Rustam Minnekayev, a déclaré que les forces russes avaient pour objectif de prendre le contrôle total du sud de l’Ukraine et qu’une telle décision ouvrirait un corridor terrestre entre la Russie et la Transnistrie. Au niveau international, la moldavie a le soutien de la France et des États-Unis.
Les moldaves craignent que la Russie tente de s’emparer de la région, craintes renforcées par les propos tenus par un général russe affirmant que la population moldave était victime d’oppression. Cette excuse est la même qui a servi de prétexte au Kremlin pour entrer en Ukraine. La Transnistrie est, de plus, soutenue militairement par la Russie.