Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (09.03 – 15.03.20)

Le Covid-19 sévit en Europe, faisant de l’Italie le deuxième foyer mondial du nouveau coronavirus. Alors que la péninsule toute entière se retrouve en quarantaine, l’Europe devient le nouvel épicentre de l’épidémie mondiale. Les pays membres de l’Union européenne prennent progressivement des mesures draconiennes pour tenter d’endiguer le coronavirus. C’est également dans ce contexte que les Vingt-sept doivent prendre des décisions quant aux réfugiés amassés à la frontière turco-grecque, évoluant dans des conditions précaires. Retrouvez ici les actualités européennes de la semaine, rédigées par Agathe Lacour-Veyranne.

Italie : deuxième foyer mondial de coronavirus

L’Italie compte désormais plus de 20 000 cas de contamination et 1 441 morts du nouveau coronavirus. Face à ce très lourd bilan, le lundi 9 mars, Rome a pris des mesures drastiques, en limitant les déplacements de ses citoyens et en interdisant tout rassemblements. Les théâtres, cinémas et salles de spectacles sont fermés, de même que les musées, les églises, les piscines et les salles de sport. Comme en France, les seuls commerces demeurant ouverts sont ceux de l’alimentation et de la santé. La péninsule toute entière est confinée, les habitants ont interdiction de quitter leur ville, et ce, jusqu’au 3 avril.

Les prisons italiennes sont le théâtre de protestations violentes face à la crise sanitaire nationale. Une cinquantaine de détenus ont tenté de s’évader, lundi 9 mars, de la prison de Foggia, et sept personnes incarcérées sont mortes dans la prison de Modène. Vingt-sept autres prisons comptent des incidents. Les prisonniers dénoncent la promiscuité ainsi que les restrictions des droits de visite.

L’Union européenne est désormais l’épicentre du Covid-19

Tout les pays membres de l’Union européenne (UE) sont désormais touchés par le coronavirus. La Grèce a annoncé, mardi 10 mars, la fermeture de toutes les écoles, crèches et universités pendant deux semaines, pour tenter de ralentir la propagation du coronavirus. Pour l’heure, 228 personnes sont contaminées et trois personnes sont décédées.

En Espagne, les garderies, écoles et universités sont fermées depuis le mercredi 11 mars dans les zones les plus touchées par le coronavirus, notamment la région de Madrid. Durant deux semaines, les travaux de la Chambre basse du Parlement espagnol sont suspendus, à la suite de la contamination d’un député. Selon un dernier bilan, le nombre de personnes contaminées en Espagne est passé à 6 391, et le nombre de morts à 195.

L’Allemagne, où 4 585 cas ont été signalés, a annoncé neuf décès. L’État a annoncé l’interdiction des rassemblements de plus de 1 000 personnes dans l’État régional de Bavière. Les concerts et représentations sont annulés à Berlin jusqu’à mi-avril.

La Roumanie et la Slovénie interdisent les rassemblements respectivement de plus de 1 000 personnes et de 100 personnes. L’Irlande annule les parades de la Saint-Patrick qui devait avoir lieu le 17 mars.

Dernier pays de l’UE à avoir été touché, Chypre a ordonné, mardi dernier, la fermeture temporaire de deux hôpitaux de l’île méditerranéenne, ainsi que celle des écoles de la capitale, Nicosie, et l’interdiction de tout rassemblement. Cette mesure intervient après la découverte de deux cas de Covid-19. En République tchèque, les écoles primaires et secondaires sont fermées, et ce jusqu’à nouvel ordre.

L’Autriche, qui recense 655 cas et un premier décès, a annoncé qu’elle limitait drastiquement l’entrée sur son territoire des voyageurs venant d’Italie voisine, exigeant la présentation d’un certificat médical. Les liaisons aériennes et ferroviaires sont par ailleurs suspendues. Les Autrichiens séjournant en Italie sont rapatriés, soumis à une période de quarantaine.

La Slovénie a annoncé également qu’elle allait fermer sa frontière terrestre avec l’Italie.

Les instances européennes sont également touchées par le nouveau coronavirus. Le président du Parlement européen, David Sassoli, s’est mis en quarantaine après avoir effectué un voyage en Italie.

Par ailleurs, l’Organisation des Nations unies (ONU) a lancé, mardi 10 mars, un appel d’urgence afin de lever des dizaines de millions de dollars pour protéger les réfugiés vulnérables face à la propagation du nouveau coronavirus.

Infographie Le Monde 

Suspension des vols face à l’ampleur de l’épidémie

Les compagnies low cost Ryanair et easyJet ont annoncé, mardi dernier, avoir suspendu tous leurs vols à destination et en provenance de l’Italie jusque début avril.

La compagnie hongroise à bas coût Wizz Air a annoncé la suspension de tous ses vols vers l’Italie jusqu’au 3 avril et vers Israël – où toute personne arrivant dans le pays devra observer un confinement de deux semaines – jusqu’au 23 mars.

Air Canada a également suspendu tous ses vols vers l’Italie. Air France a, quant à elle, suspendu tous ses vols vers l’Italie du 14 mars au 3 avril. La compagnie Costa Croisières, filiale du groupe Carnival, a annoncé suspendre toutes ses croisières prévues en Méditerranée jusqu’au 3 avril.

Le mercredi 11 mars, c’était au tour du président américain, Donald Trump, d’annoncer que les voyages entre l’Europe et les États-Unis seraient suspendus pour trente jours à compter du vendredi 13 mars. Cette mesure intervient après la contamination de 2 727 États-uniens mais aussi le décès de 54 personnes. M. Trump a précisé, par ailleurs, que cette interdiction s’applique à tous les résidents de l’espace Schengen, mais ne concerne pas le Royaume-Uni.

Union européenne : une coalition de pays volontaires envisage de prendre en charge 1 500 enfants migrants

Le gouvernement allemand a annoncé, le lundi 9 mars, qu’une coalition de pays « volontaires », membres de l’UE, prendraient en charge quelque 1 500 enfants migrants bloqués entre la Turquie et la Grèce. Cette déclaration a eu lieu au moment où Recep Tayyip Erdogan, le chef d’État turc, était à Bruxelles, à l’occasion d’un sommet avec les différents responsables de l’UE afin de régler la question sensible de la situation des migrants, coincés sur les îles grecques, à la frontière turco-grecque.

Depuis le 29 février, des milliers d’individus se pressent pour passer la frontière, en particulier depuis que M. Erdogan a affirmé qu’il ne comptait plus respecter l’accord établi avec l’UE de mars 2016, qui prévoit notamment l’accueil des migrants en Turquie, en échange d’une aide financière européenne. Ankara prend actuellement en charge 2,72 millions de réfugiés. La Turquie a ainsi choisi de placer l’UE devant ses responsabilité et de laisser passer les migrants vers le continent.

Toutefois, la situation s’est apaisée le dimanche 8 mars, lorsque M. Erdogan a donné l’ordre aux gardes-côtes d’empêcher les migrants de traverser la mer Égée.

Cette annonce survient alors que des témoignages et des images sont diffusées, montrant la situation précaire dans laquelle de nombreux migrants mineurs vivent.

Depuis décembre 2018, des associations de défense des droits des migrants ont publié un rapport, appuyé de témoignages d’individus expliquant avoir été refoulé violemment par les autorités à la frontière turco-grecque.

Pointant du doigt la situation, le New York Times a révélé, le mercredi 11 mars, l’existence d’un centre « secret », non loin du village de Poros, s’appuyant sur le témoignage d’un Syrien refoulé en Turquie.

Le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas, nie les révélations du New York Times : « Il n’y a pas de centre de détention secret en Grèce. Tout ce qui concerne la surveillance des frontières, ou impliquant la sécurité, est transparent. ».

Ainsi, 1 700 individus ont rejoint les îles grecques le jeudi 5 mars, s’ajoutant aux 38 000 migrants déjà présents. Les camps de réfugiés se retrouvent submergés, rendant les conditions de vie de plus en plus précaires.

Angela Merkel, la chancelière allemande, a annoncé que les partis de la coalition gouvernementale voulait « aider la Grèce à faire face à la situation humanitaire difficile de 1 000 à 1 500 enfants se trouvant sur les îles ».

Le ministre des migrations grec, Notis Mitarachis, a salué cette « initiative du premier ministre [grec, Kyriakos Mitsotakis] avec la collaboration de la présidente de la Commission européenne », rappelant que 5 424 autres mineurs se trouvent actuellement en Grèce.

Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies s’est également félicité d’une « très bonne initiative ».

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