Que s’est-il passé en Europe cette semaine (Du 13 au 19 novembre)

Articles par Arwen Samb et Mona Jansen

La Commission européenne autorise le glyphosate pour dix ans supplémentaires, malgré de fortes divisions entre les États membres

 

La Commission européenne a annoncé le matin du jeudi 16 novembre, dans un communiqué, prolonger l’autorisation du glyphosate pour dix ans de plus au sein de l’Union européenne. L’utilisation de l’herbicide, qui devait initialement expirer ce 15 décembre, a été finalement prolongée jusqu’à décembre 2033. 

Lors d’un second vote ce jeudi matin, les vingt-sept États membres ont dû approuver la proposition de la Commission européenne concernant l’herbicide agricole, dont l’utilisation est largement controversée au sein de l’Union européenne. Ce vote s’inscrit à la suite de celui du 13 octobre 2023, durant lequel les États membres ne sont pas parvenus à trouver un accord à Bruxelles. Pourtant, la réunion des Vingt-Sept cette semaine n’a toujours pas abouti à une majorité qualifiée, indispensable pour approuver une décision de la Commission et qui doit réunir quinze États représentant au moins 65 % de la population de l’UE.

Cela s’explique par les divergences entre les États sur l’approbation du glyphosate dans l’Union européenne. L’Autriche, le Luxembourg et la Croatie ont voté contre le renouvellement, tandis que les puissances agricoles telles que l’Allemagne, la France et l’Italie se sont abstenues, ces dernières souhaitant une prolongation de seulement 5 ans. Une décision d’abstention qui s’explique pour la France par la recherche d’un compromis satisfaisant les intérêts des syndicats agricoles, qui jugent le recours au glyphosate indispensable pour empêcher la prolifération des mauvaises herbes.

Cette absence de majorité au sein des États membres a été déterminante dans la procédure de décision, qui oblige l’exécutif européen à prendre une décision. La décision de la Commission européenne de prolonger l’utilisation de l’herbicide est motivée en majeure partie par les conclusions du rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui estime que le glyphosate ne présenterait pas de « domaine critique de préoccupation » (Euronews). Cette prise de décision du glyphosate inquiète néanmoins les ONG, qui alertent sur les conséquences nocives du produit chimique sur la santé mais aussi sur l’environnement. Des rapports de santé ont en effet souligné le caractère cancérogène du glyphosate et lui ont reproché également d’être une source éventuelle de malformations congénitales, ou encore d’avoir un effet dévastateur sur les pollinisateurs.

Si la Commission a déclaré autoriser pour une décennie supplémentaire l’autorisation du glyphosate, elle a toutefois précisé qu’elle se fera « sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions » (Le Monde). Cette décision laisse par ailleurs aux États, le choix quant à l’adoption des restrictions du pesticide, dans le respect des critères fixés par la Commission.

 

Proposition d’une consultation nationale par le premier ministre hongrois : une initiative anti-Union européenne ?

 

La Hongrie a proposé ce vendredi une consultation nationale prenant la forme d’un formulaire de 11 questions, auquel les citoyens hongrois doivent répondre avant le 10 janvier. Alors que ce formulaire doit permettre à la population de donner son avis sur des sujets très précis, certaines questions expriment une opinion très hostile vis-à-vis de l’Union européenne, dont la Hongrie est officiellement membre depuis 2004.

Cette initiative lancée par le premier ministre hongrois Viktor Orban, qui cherche essentiellement à « défendre la souveraineté » de la Hongrie face aux décisions de l’Union européenne, est une fois de plus révélatrice de la montée du populisme dans le pays. Ce formulaire porte plus précisément sur la question des sanctions européennes envers la Russie depuis le conflit avec l’Ukraine, ainsi que sur la politique migratoire européenne. Viktor Orban y a clairement indiqué son improbation au sujet des sanctions adoptées à l’égard de la Russie, dans un préambule publié sur sa page Facebook avec le formulaire : « Nous estimons que les sanctions nous détruisent ». Une annonce contradictoire, alors que la Hongrie avait approuvé ces sanctions à l’unanimité avec les 27 États membres, mais qui témoigne surtout des relations tendues avec l’Ukraine. 

Le formulaire vient également confirmer le soutien ambigu que la Hongrie a témoigné à plusieurs reprises envers la Russie, comme en témoigne la rencontre de Viktor Orban avec Vladimir Poutine en octobre dernier. Une rencontre qui avait été déplorée par la vice-présidente de la Commission Vera Jourova, qui a considéré cela comme « un acte de trahison envers l’unité européenne ». L’État hongrois n’a d’ailleurs pas souhaité fournir d’aide militaire à l’Ukraine depuis le début du conflit, afin de ne pas compromettre ses relations stratégiques avec la Russie. La Hongrie demeure en effet fortement dépendante des importations d’hydrocarbures russes.

Dans certaines questions du formulaire, Viktor Orban s’est très clairement attaqué à la politique migratoire européenne, en particulier dans la question n° 11, dans laquelle le premier ministre a demandé « Bruxelles veut établir des ghettos de migrants en Hongrie. Qu’en pensez-vous ? » sur son compte Facebook. D’autres questions, portant sur le conflit entre Israël et le Hamas témoignent quant à elles du soutien que le premier ministre affiche à Benjamin Netanyahou.  

Viktor Orban utilise couramment ce type d’initiative, dans lequel il affiche des idées politiques très nationalistes. Membre du Fidesz-Union civique hongroise, parti politique conservateur et d’extrême droite, l’homme politique s’est servi à maintes reprises de ces formulaires, pour dévoiler son opposition envers les politiques de l’Union européenne.

 

Espagne: des manifestations contre la loi d’amnistie pour les séparatistes catalans

 

Lundi 13 novembre, le parlement espagnol a convenu d’une loi d’amnistie pour les séparatistes catalans. Ainsi, le gouvernement soutient le premier ministre socialiste Pedro Sánchez qui a été réélu jeudi 16 novembre avec 179 sur 350 voix. La majorité a été obtenue notamment grâce au soutien du parti républicain de gauche dirigé par l’ancien président Carles Puigdemont depuis la Belgique. Il est parti en exil pour fuir la poursuite juridique après un essai de séparation de la Catalogne en 2017. M. Puigdemont profiterait donc de cette amnistie (et pourrait retourner en Espagne) comme d’autres séparatistes qui sont censés être déchargés des accusations accumulées entre le 1er janvier 2012 et le 13 novembre 2023. 

Les charges concernent notamment les personnes ayant organisé un référendum non autorisé tenu en 2017 et le plébiscite de 2014. Les personnes concernées sont des civils, des politiciens ayant utilisé des fonds publics pour soutenir clandestinement le mouvement séparatiste, ainsi que 73 policiers contre lesquels une enquête de blessure corporelle a été ouverte. 

Une grande partie de la population espagnole en est mécontente: entre 56 et 70 pourcent sont contre la loi d’armistice. Depuis quelques jours, cette loi provoque des manifestations en Espagne. Selon l’hebdomadaire allemand Die Zeit, on peut déduire qu’il s’agit non seulement d’une involonté d’oublier les infractions mais aussi d’une définition de l’identité nationale espagnole. L’Espagne contenant plusieurs nations, il est question de faire cohabiter les différentes nations et d’assumer la diversité ou de mettre en avant l’identité espagnole. Une prépondérance de cette identité ne laisserait peu de place pour les revendications des minorités catalanes, basques et galiciens.

Le parti d’extrême droite Vox et le Parti populaire (PP) tous deux conservateurs ont annoncé vouloir se référer au contrôle constitutionnel par rapport à cette loi d’amnistie. La droite expose la crainte que la politique espagnole prendrait un mauvais virage en adaptant des lois pour rester au pouvoir. De plus, Le Monde spécifie la peur que ces derniers événements nuisent à l’image de l’Espagne dans l’Union Européenne. Le quotidien évoque aussi la critique des paroles du premier ministre à l’encontre d’une telle amnistie dans le passé. Il justifie son choix en s’appuyant sur la volonté de promouvoir l’unité de l’Espagne ce qui pourrait être obtenu en pardonnant.

 

L’optimisme pour l’Europe spatiale après le sommet de Séville

 

Ariane 5

Après six mois de négociations, un sommet s’est tenu à Séville les 6 et 7 novembre entre les ministres des pays membres de l’ESA (l’Agence spatiale européenne) pour discuter de l’avenir de l’Europe spatiale. Étaient présents la plupart des pays de l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Suisse et la Norvège. Les sujets abordés se réfèrent à la durabilité, le transport, la recherche et notamment le financement de projets spatiaux.

Le projet d’une famille de lanceurs Ariane 6 est en planification depuis 10 ans. Elle aurait dû monter en 2020 pour remplacer Ariane 5. Celle-ci, en service depuis 1996 a commencé son dernier service en juillet dernier. Ces projets sont en difficulté car l’ESA n’a plus les moyens d’envoyer de grands satellites dans l’espace.

En termes de petits satellites, les succès n’ont pas été plus nombreux: le premier vol commercial de la roquette Vega-C en décembre était un échec. Tout de même, un renouvellement du projet est planifié pour 2024.

Ariane 6 et Vega-C auraient dû aider l’Europe à être plus aptes à la concurrence en termes d’accès à l’espace. Au sommet, on évaluait donc comment l’ESA aboutirait à stabiliser son accès. L’Europe n’ayant actuellement pas d’accès autonome à l’espace, la pression a été mise sur les membres qui doivent s’accorder sur un financement si l’Europe veut participer dans la compétition de la découverte de l’espace. Au sommet de Séville, l’Italie, la France et l’Allemagne ont trouvé un accord pour le financement d’Ariane 6 et de Vega-C. Il s’agit de 340 millions d’euros par an pour la société ArianeGroup et de 21 millions d’euros par an pour Avio qui est chargé des lances de Vega-C. ArianeGroup ainsi que ses sous-traitants veulent réduire les coûts de 11%, ce qui permettrait plus de compétitivité du programme.

Le directeur général de l’ESA Josef Aschbacher a proposé un projet d’un vaisseau cargo réutilisable pour 2028. Le projet sera financé de 75 millions d’euros.

Malgré l’hésitation par rapport à certains projets, la plupart des 22 Etats membres prouvent leur motivation pour regagner une place importante dans le domaine spatial. La présence dans le jeu spatial peut être bénéfique pour l’Europe en termes de sécurité, défense, économie et recherche.

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