Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (29.03-04.04)

Russie-Ukraine : une escalade des tensions qui inquiète Berlin et Paris

Depuis quelques jours, les tensions montent entre l’Ukraine et la Russie.  Les nombreuses violations au cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine inquiètent l’Allemagne et la France, toutes deux médiatrices et parties prenantes au cadre de discussions et de négociations « Normandie ». Le 3 avril, dans un communiqué commun, Berlin et Paris en ont appelé à la « retenue » indiquant apporter leur « soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine ». 

Depuis janvier 2020, la Russie multiplie les provocations. Fin mars,  les autorités ukrainiennes se sont inquiétées de l’arrivée de soldats et de matériels militaires russes à la frontière russo-ukrainienne. Jeudi 1er avril, Moscou est accusée par l’Union européenne d’avoir lancé une campagne de conscription en Crimée, violant les principes du droit international et aggravant les tensions dans la région. La Russie, quant à elle, assure que le déploiement de troupes et de matériel à la frontière ne doit pas être envisagé comme une menace. Ces nouveaux mouvements militaires préoccupent considérablement les Européens, qui souhaitent une « désescalade immédiate ». La guerre dans l’est de l’Ukraine qui sévit depuis 2014, à la suite d’une révolution pro-occidentale à Kiev, a déjà fait 13 000 morts.

Irlande du Nord : troubles et heurts à Belfast sur fond de Brexit

Ce samedi 3 avril, le ministre britannique chargée de l’Irlande du Nord et de la police nord-irlandaise a appelé au calme suite à un rassemblement houleux la veille à Belfast. Cocktails Molotov, jets de plaques d’égouts, de briques et d’engins incendiaires… Belfast a été le théâtre de violents heurts en cette fin de semaine. Une quinzaine de policiers ont été pris à parti et sept personnes ont été arrêtées. La presse locale a recensé environ 200 manifestants loyalistes. De nouvelles violence qui mettent à mal la paix conclue en 1998…

Les violences constatées lors du rassemblement au sein du quartier pro-britannique d’Irlande du Nord ont été nourries par les dernières dispositions commerciales qui renforcent un peu plus les rancoeurs entre nationalistes catholiques et unionistes protestants, partisans du maintien dans le Royaume-Uni. Ces tensions ont été ravivées, cette semaine, après qu’une décision de justice très controversée ait été rendue. Malgré les restrictions liées à la pandémie, 24 membres du parti pro-réunification, se seront pas poursuivis pour avoir assisté aux funérailles d’une figure de proue de l’Armée républicaine irlandaise (IRA). La région nord-irlandaise reste profondément marquée par ce siècle de violences et de déchirements, et qui se cristallise aujourd’hui autour du Brexit.

La Commission européenne et Big Four : des liaisons dangereuses ?

Le mardi 30 mars, un groupe de 73 eurodéputés, mené par Philippe Lamberts, co-président des Verts-ALE au Parlement européen, a envoyé une missive à la Commission européenne afin d’exprimer leurs craintes concernant les dépenses et la place octroyés par l’Union européenne aux sociétés de conseil. Les liens entre la Commission européenne et les « Big Four » (EY, Deloitte, KPMG, PwC) soulèvent des inquiétudes et des questions sur les processus décisionnels. La missive a été signé par des eurodéputés issus des différents groupes politiques. 

Selon les données fournies par le système de transparence financière, la Commission européenne aurait dépensé près de 462 millions d’euros pour bénéficier de l’appui de ces sociétés de conseil. Euractiv montre également que la part des Big Four dans le processus décisionnel a fortement augmenté depuis 2017. Cette même année, seulement 2% de la somme totale destinée au programme d’appui à la réforme structurelle était destinée à des prestataires privés. En 2019, ces sociétés privées représentaient un tiers des dépenses. Cette place grandissante pose la question d’éventuels conflits d’intérêt qui pourraient intervenir dans certains domaines, surtout que l’Union européenne disposent d’experts internes pour aiguiller ses décisions.

La missive exhorte ainsi « la Commission européenne doit lancer des actions fortes pour éviter tout risque d’influence injustifiée exercée par des sociétés de conseil privées dans ses processus décisionnels et dans le façonnement de réformes structurelles liées à des sujets sensibles d’affaires publiques  ». La médiatrice européenne, Emily O’Reilly, conseille à l’exécutif européen d’amorcer un processus de contrôle strict et transparent afin d’éviter un scandale politico-financier qui pourrait rappeler l’affaire BlackRock.

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